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L’ONÉ donne son aval à l’oléoduc Trans Mountain

Dr. Robert Steedman, Chief Environment Officer of the National Energy Board, releases their report on the Trans Mountain pipeline expansion project are seen in Calgary, Thursday, May 19, 2016.THE CANADIAN PRESS/Jeff McIntosh Photo: Jeff McIntosh/THE CANADIAN PRESS

VANCOUVER – L’Office national de l’énergie (ONÉ) donne son feu vert au controversé projet d’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, en dépit d’une hausse des émissions de gaz à effet de serre et des menaces aux épaulards sur la côte Pacifique qu’il représente.

Après deux ans de consultations, d’audiences et de débats, l’agence recommande donc au gouvernement fédéral de permettre au promoteur, Kinder Morgan Canada, de tripler la capacité de son oléoduc qui achemine du bitume dilué des sables bitumineux près d’Edmonton jusqu’à Burnaby, en Colombie-Britannique, pour exportation vers l’étranger. L’agrandissement de l’oléoduc porterait sa capacité à 890 000 barils par jour, et multiplierait par sept le trafic de navires pétroliers près de Vancouver.

L’office a estimé que «les avantages du projet l’emportent sur les inconvénients résiduels, en tenant compte de tous les éléments de preuve, de tous les facteurs pertinents et du fait qu’il y a des avantages considérables à l’échelle nationale, régionale et, dans une certaine mesure, locale».

Si le gouvernement fédéral donnait son aval au projet — une décision est attendue d’ici la fin de l’année —, l’entreprise devrait cependant respecter 157 conditions soumises par l’ONÉ, notamment une couverture-responsabilité de 1,1 milliard $ en cas de catastrophe environnementale. Elle devrait aussi définir clairement comment elle compte réduire et compenser ses émissions de gaz à effet de serre — l’ONÉ soutient que c’est la première fois que l’on pose ainsi des conditions sur les émissions.

Ottawa a indiqué jeudi qu’il «consultera les peuples autochtones concernés le long du tracé proposé et confiera à un comité ministériel récemment formé la tâche d’écouter les points de vue des Autochtones et des collectivités».

«Environnement et Changement climatique Canada a aussi rendu publique jeudi son évaluation provisoire des émissions de GES en amont du projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain, conformément à l’approche provisoire de l’examen des grands projets qui a été annoncée en janvier 2016», a indiqué le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr. Le public dispose maintenant de 30 jours pour commenter cette évaluation provisoire.

«Le gouvernement devrait rendre sa décision finale d’ici le 19 décembre 2016, en prenant en considération les recommandations de l’Office, les consultations menées auprès des peuples autochtones, le dialogue du public avec le comité ministériel et les commentaires reçus à propos de l’évaluation provisoire des émissions de GES en amont du projet», a promis le ministre Carr.

Une vive opposition

L’opposition au projet de 6,8 milliards $ a été retentissante et parfois même violente, pendant les audiences de l’ONÉ et ailleurs dans la province. Le gouvernement de Colombie-Britannique et les Villes de Vancouver et Burnaby, notamment, sont contre.

Mais l’office a conclu que le projet comportait des avantages importants pour le Canada, notamment un accès accru aux marchés extérieurs pour le pétrole canadien, la création de milliers d’emplois dans le secteur de la construction et de centaines d’autres à long terme, des possibilités de développement pour les Premières Nations et les localités riveraines, et des recettes fiscales considérables pour les gouvernements.

L’agence reconnaît par ailleurs les préoccupations des Autochtones, et elle oblige Kinder Morgan à poursuivre les consultations avec les nations touchées par le projet. L’ONÉ a aussi estimé qu’un déversement majeur était peu probable, compte tenu des mesures d’atténuation et de sécurité mises en place par l’entreprise.

La décision de l’ONÉ a bien sûr déçu les écologistes et les Autochtones. «Si le gouvernement Trudeau est réellement engagé en faveur de la réconciliation et de l’application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, il doit impérativement rejeter ce projet d’expansion des sables bitumineux», a affirmé Mélina Laboucan-Massimo, membre de la nation des Cris du Lubicon en Alberta et responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.

«L’ONÉ n’a aucunement tenu compte de la science du climat ou de l’opinion des populations menacées, a ajouté Patrick Bonin, aussi responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. M. Trudeau doit rejeter des projets comme le pipeline de Kinder Morgan en Colombie-Britannique et celui de TransCanada au Québec qui visent l’expansion et l’exportation de la production du pétrole issu des sables bitumineux et pour lesquels il n’y a pas d’acceptabilité sociale.»

Chez Équiterre, on parle d’«un pas dans la mauvaise direction». «L’ONÉ est aux antipodes de la volonté des citoyens de la Colombie-Britannique, qui ont exprimé une forte opposition au projet», affirme Steven Guilbeault, directeur principal.

«Lors de la dernière élection fédérale, le premier ministre Trudeau a dit que cela revenait au peuple de donner la permission pour ce projet. Nous ne pouvons qu’espérer que le travail du panel indépendant et que les diverses consultations viendront compenser pour le processus déficient de l’ONE et qu’ils démontreront au gouvernement que ce projet n’a aucune acceptabilité sociale», a ajouté Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

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