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Uber prêt à suspendre ses activités au Québec

Photo: Chantal Levesque/Métro

QUÉBEC – Uber se dit prête à suspendre temporairement ses activités si le gouvernement Couillard accepte de s’asseoir avec elle pour discuter de la mise en place d’un projet pilote, qui, à terme, permettrait à la multinationale de demeurer au Québec.

Toutefois, l’entreprise a soumis une liste de propositions pour assouplir le projet de loi 100 visant à réglementer l’industrie du transport de personnes. Adopté dans sa forme actuelle, la mesure forcerait Uber à plier bagage.

«Cela démontre profond désir de trouver une solution innovante, a expliqué mardi son directeur général, Jean-Nicolas Guillemette, au premier jour de la commission parlementaire. Nous avons beaucoup réfléchi.»

Le projet de loi 100 — qui a la faveur du Parti québécois et de Québec solidaire — vise à forcer les exploitants d’Uber à se conformer aux mêmes règles que leurs concurrents de l’industrie du taxi, soit avoir un permis spécial et payer les taxes requises.

Au total, la multinationale estime à plus de 3 millions $ les sommes qui seraient versées annuellement dans les coffres de l’État. Uber propose entre autres de payer 100 000 $ à Québec pour exploiter son réseau. La taxe pour chaque course passerait de 10 à 35 cents et un autre sept cents serait alloué à un fonds destiné à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

De plus, les taxes s’appliqueraient sur le premier dollar perçu lors d’une course effectuée par les partenaires-chauffeurs de la société.

«Le gouvernement n’a pas vu notre proposition et je pense qu’ils vont avoir besoin de temps pour lire le mémoire, a expliqué M. Guillemette, par la suite, en mêlée de presse. Peut-être que nos solutions ne sont pas parfaites, mais nous sommes prêts à en discuter.»

Toutefois, en commission parlementaire, le ministre des Transports, Jacques Daoust, a fait preuve d’un certain scepticisme quant au montant qui serait versé par Uber à chaque année.

«(Par rapport à) ce que représentent les permis de taxis, c’est très marginal, a-t-il dit. On parle de 1,2 ou 1,3 milliard $ au Québec. Le fonds, si je fais une règle de trois, on parle de 400 ans (pour rembourser les permis).»

Le ministre Daoust n’a pas voulu commenter plus en détail les suggestions de la multinationale.

Uber se dit également encline à laisser à l’industrie les courses hélées sur la rue — qui représentent 60 pour cent du total des courses à Montréal selon l’entreprise — les postes d’attentes, les voies réservées, les contrats gouvernementaux ainsi que les téléphones dans les immeubles.

Elle suggère également un «fonds de transition» pour mieux étudier l’impact des entreprises de co-voiturage urbain sur le taxi.

Cette initiative serait surtout financée par l’installation de modules d’enregistrement des ventes (MEV) dans les taxis traditionnels pour percevoir la TPS et la TVQ ainsi qu’une taxe spéciale imposée à tous les joueurs de l’industrie.

«On parle de 75 millions $ en évasion fiscale dans l’industrie du taxi, a dit M. Guillemette. On peut prendre cet argent et le réinvestir dans le fonds de transition.»

Sans surprise, ce plan déposé par Uber n’a pas convaincu le porte-parole du Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi (CPCDIT), Guy Chevrette, qui l’a qualifié de «ratoureux et mensonger».

En mêlée de presse, il s’en est particulièrement pris à la suggestion entourant le MEV.

«Ça prend du culot, c’est comme si j’allais en France et que je disais au gouvernement français quoi faire avec mon application, a dit M. Chevrette. Je m’excuse, mais ce n’est pas comme cela qu’on se comporte.»

Celui-ci a également rappelé que M. Guillemette n’avait pas répondu clairement à l’invitation de la députée péquiste en matière de transports Martine Ouellet à rembourser de façon rétroactive les taxes perçues par Uber depuis son arrivée au Québec.

En début de journée, avant son témoignage, le porte-parole du CPCDIT avait tiré à boulets rouge sur Uber en affirmant que l’entreprise avait l’attitude d’un «criminel endurci».

Selon lui, Uber n’est qu’un «voleur de taxes» grugeant les revenus des quelque 22 000 travailleurs de l’industrie du taxi qui ont chèrement payé leurs permis — souvent plus de 200 000 $. Souhaitant l’adoption rapide du projet de loi, l’industrie du taxi ne compte faire aucun compromis pour coexister avec Uber.

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