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Couillard torpille les propositions d'Uber

QUÉBEC – Le premier ministre Philippe Couillard a torpillé mercredi les solutions proposées par Uber.

La multinationale, qui est opposée au projet de loi 100 du gouvernement dans sa forme actuelle, a proposé mardi la mise sur pied d’un fonds de transition et de nouvelles taxes pour dédommager les chauffeurs de taxi.

À la période de questions, mercredi, M. Couillard a pris position sur ces pistes de solution à une question posée par la Coalition avenir Québec (CAQ). Le chef caquiste François Legault a accusé son adversaire libéral de défendre le passé et d’être fermé à l’innovation.

«Le premier ministre joue à Don Quichotte contre les moulins à vent, il se bat contre les nouvelles technologies, a dit M. Legault. Je comprends que le premier ministre est nostalgique des années 70, mais il n’a pas le choix, le Québec doit innover. Puis, Uber, c’est ce que les jeunes souhaitent, même les jeunes de son parti.»

Le premier ministre a reproché au chef caquiste de faire un «singulier raccourci» en associant l’innovation à Uber. Plus encore, il l’a accusé de faire la promotion de l’entreprise, mais il en a profité pour lancer un message à Uber: les compromis présentés mardi ne suffisent pas.

«J’engage également la compagnie dont il parle avec beaucoup de passion — je vois qu’il représente leurs intérêts ici — j’engage cette compagnie à être beaucoup plus innovatrice dans la façon d’aborder le gouvernement. On est d’accord pour discuter avec eux, mais pas sur les principes fondamentaux d’équité qui sont dans le projet de loi.»

Le chef libéral a affirmé qu’il ne fallait pas justement sacrifier «l’équité» et la «justice sociale» au nom de la modernité, pour signifier qu’il n’allait pas abandonner les chauffeurs de taxi, qui ont payé cher des permis pour s’assurer d’un gagne-pain.

«Il y a ceux qui se préoccupent de justice envers des gens qui ont fait confiance à l’État et qui ont tout mis toutes leurs économies dans un système qui existe depuis des années — qu’on ne referait pas aujourd’hui, mais qui existe —, et puis il y a ceux qui n’en font pas de cas (et qui disent): ce n’est pas grave, le monde, ils se débrouilleront, puis on les laissera dans la misère, ça nous importe peu.»

En commission parlementaire mardi, Uber a dit être prête à suspendre temporairement ses activités si le gouvernement Couillard accepte de s’asseoir avec elle pour discuter de la mise en place d’un projet pilote qui, à terme, permettrait à la multinationale de demeurer au Québec.

L’entreprise a soumis une liste de propositions pour assouplir le projet de loi 100 visant à réglementer l’industrie du transport de personnes. Adopté dans sa forme actuelle, la mesure forcerait Uber à plier bagage.

Le projet de loi 100 — qui a la faveur du Parti québécois et de Québec solidaire — vise à forcer les exploitants d’Uber à se conformer aux mêmes règles que leurs concurrents de l’industrie du taxi, soit avoir un permis spécial et payer les taxes requises.

Au total, la multinationale estime à plus de 3 millions $ les sommes qui seraient versées annuellement dans les coffres de l’État. Uber propose entre autres de payer 100 000 $ à Québec pour exploiter son réseau. La taxe pour chaque course passerait de 10 à 35 cents et un autre sept cents serait alloué à un fonds destiné à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Toutefois, en commission parlementaire, le ministre des Transports, Jacques Daoust, a fait preuve d’un certain scepticisme quant au montant qui serait versé par Uber chaque année.

Uber se dit également encline à laisser à l’industrie les courses hélées sur la rue — qui représentent 60 pour cent du total des courses à Montréal selon l’entreprise —, les postes d’attentes, les voies réservées, les contrats gouvernementaux ainsi que les téléphones dans les immeubles.

Elle suggère également un «fonds de transition» pour mieux étudier l’impact des entreprises de covoiturage urbain sur le taxi. Cette initiative serait surtout financée par l’installation de modules d’enregistrement des ventes (MEV) dans les taxis traditionnels pour percevoir la TPS et la TVQ, ainsi qu’une taxe spéciale imposée à tous les joueurs de l’industrie.

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