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Anticosti: Pétrolia ne sera plus porte-parole

Jocelyne Richer - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Les relations entre Pétrolia et le gouvernement du Québec ne cessent de s’envenimer, dans le dossier de l’exploration du pétrole de l’île d’Anticosti.

Vendredi, la tension a monté d’un cran alors que le président de Pétrolia, Alexandre Gagnon, a accusé le premier ministre Philippe Couillard de tout faire pour mettre des bâtons dans les roues du projet, en se servant de Pétrolia comme «bouc émissaire», tout en prétendant vouloir respecter le décret signé en 2014.

En conséquence, pour accroître la pression sur le gouvernement, M. Gagnon amorce un processus de retrait du dossier, en démissionnant de son rôle de porte-parole d’Hydrocarbures Anticosti, la société en commandite créée par Pétrolia et Investissement Québec, par le biais de sa filiale Ressources Québec, pour examiner le potentiel pétrolier d’Anticosti.

En conférence de presse, M. Gagnon a estimé que le gouvernement ne respectait pas le décret de 2014 à l’origine d’Hydrocarbures Anticosti, et faisait preuve «d’hostilité» en cherchant à «miner de façon systématique» le projet d’exploration pétrolière à Anticosti, «par en arrière, en catimini ou en cachette».

Ce décret, le gouvernement «en dépouille la portée complètement, il le dénude», a dénoncé M. Gagnon, qui craint chaque jour davantage que les travaux doivent être annulés.

«Nos sommes dans le néant» concernant les véritables intentions du gouvernement, a-t-il déploré.

Ce faisant, selon lui, le gouvernement se place en conflit d’intérêts, étant un actionnaire important du projet, à hauteur de 35 pour cent, tout en étant son principal opposant.

Pétrolia devait procéder ce printemps à trois forages exploratoires sur l’île, étape suivie de tests par fracturation hydraulique l’an prochain, mais l’entreprise attend toujours les autorisations requises du ministère de l’Environnement.

Récemment, le gouvernement a mandaté un comité d’experts pour examiner le dossier, une manoeuvre de plus pour gagner du temps, selon Pétrolia, qui dit toujours espérer procéder aux travaux prévus.

Désormais, M. Gagnon défendra uniquement les intérêts de Pétrolia en public. Il est encore trop tôt pour intenter des poursuites contre le gouvernement pour rupture de contrat, a-t-il commenté, tout en affirmant que sa patience a des limites.

«J’ai l’impression qu’il va finir par manquer de lapins ou de « patentes à gosses » pour essayer de retarder ou repousser, ou d’annuler les choses», selon le président de Pétrolia, qui n’hésite pas à qualifier l’attitude du gouvernement d’«atteinte à la réputation» de l’entreprise qu’il dirige.

Il pointe du doigt les déclarations incendiaires du premier ministre Couillard à Paris, en décembre, sur la nature intouchable d’Anticosti, comme le moment charnière à partir duquel le gouvernement s’est retiré du dossier, sans jamais l’avouer.

Pour Pétrolia, le prix du changement de cap gouvernemental est élevé. Depuis décembre, la valeur de l’action de Pétrolia a chuté de moitié, a déploré M. Gagnon.

La ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a réagi brièvement pour dire qu’un autre porte-parole de la société en commandite serait nommé prochainement.

Le porte-parole caquiste en matière de finances, François Bonnardel, a jugé que le ministre de l’Environnement, David Heurtel, devait se retirer du dossier, qui devrait passer selon lui aux mains du ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand. Il qualifie le geste de démission de M. Gagnon de «déclaration de guerre» au gouvernement Couillard.

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