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Participation importante des jeunes aux élections

Photo: Getty Images

MONTRÉAL – Élections Canada fait état d’une augmentation record de la participation des jeunes à la dernière élection fédérale, et selon une experte, cela n’est pas étranger à la candidature de Justin Trudeau et aux propositions de son parti.

Entre 2011 et 2015, le taux de participation des jeunes de 18 à 24 ans a grimpé de 18,3 points de pourcentage, passant de 38,8 pour cent à 57,1 pour cent. Ce chiffre a également augmenté chez les 25 à 34 ans, alors que 57,4 pour cent d’entre eux se sont rendus aux urnes en 2015 par rapport à 45,1 pour cent en 2011. En général, le taux de participation au Canada était estimé à 66,1 pour cent en ce qui concerne les électeurs admissibles.

Valérie Anne Mahéo, chercheuse postdoctorale au département de science politique de l’Université de Montréal, constate qu’il s’agit d’une augmentation «énorme et sans précédent». Élections Canada publie des informations démographiques sur les électeurs depuis 2004, alors c’est un phénomène qui n’a pas été observé depuis au moins 12 ans, souligne-t-elle.

«Depuis des décennies, on voit le taux de participation électorale chez les jeunes continuellement décliner. (…) Dans l’ordre général des choses, c’est assez impressionnant de voir qu’une catégorie de la population voie une augmentation de sa participation de pratiquement 20 points de pourcentage», a-t-elle expliqué.

Selon la chercheuse, l’apparition de Justin Trudeau dans le paysage politique canadien pourrait expliquer l’intérêt accru des jeunes pour le processus électoral.

«Les jeunes ont pu plus facilement s’identifier à lui. On a vu qu’il a une personnalité très jeune aussi: il fait de la boxe, il fait des « selfies ». Peut-être que ce côté-là, jeune et très proche de la population a particulièrement plu aux jeunes», a-t-elle précisé.

Elle croit également que les politiques mises de l’avant par le Parti libéral du Canada peuvent avoir joué en sa faveur auprès des jeunes, qui ont tendance à pencher plus à gauche.

«On a vu que le Parti libéral s’est positionné plus à gauche que d’habitude et aurait même à un certain moment doublé le Nouveau Parti démocratique sur la gauche. Il y a eu plus d’intérêts politiques à gauche de l’échiquier politique, ce qui aurait pu justement intéresser plus les jeunes et les appeler à voter pour des programmes qui les intéressent plus, qui leur ressemblent plus», a-t-elle soutenu.

Un sondage mené par la firme Abacus au mois de février semble d’ailleurs renforcer ces hypothèses. Selon un coup de sonde commandé par l’Alliance canadienne des associations étudiantes, 45 pour cent des électeurs âgés de 18 à 25 ans avaient voté pour le Parti libéral du Canada à la dernière élection, contre 25 pour cent pour le Nouveau Parti démocratique.

Traditionnellement, on remarque un taux de participation plus bas chez les jeunes en raison d’un «effet de cycle de vie». Ces citoyens sont préoccupés par d’autres sujets que la politique — leurs études, leur emploi — et ils sont moins ancrés dans une communauté. Éventuellement, quand ils vieillissent, ils se stabilisent dans un milieu et ils commencent à développer un intérêt pour les affaires publiques.

Mais les chercheurs notent aussi un «changement de valeurs» chez les générations plus jeunes. «Ces générations sont moins portées à être attachées à un parti politique, sont plus portées à être critiques vis à vis des institutions politiques. (…) Ces nouvelles générations estiment qu’elles n’ont pas nécessairement besoin de voter ou pas juste de voter; elles désirent s’impliquer d’autres manières», a indiqué Mme Mahéo.

Les circonstances particulières de l’élection fédérale de 2015 auront-elles un effet durable? Difficile à dire, mais c’est une possibilité, selon la chercheuse.

«La participation électorale, c’est une habitude qui se développe. Généralement, quand les citoyens commencent à voter jeunes, dès la première élection qu’ils sont (admissibles) au vote, on voit qu’ils continuent à voter. Ce qui était problématique avant, c’est que beaucoup de jeunes ne votaient pas à la première élection, et avaient du mal à développer une habitude par la suite», a-t-elle expliqué.

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