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Un réfugié et son enseignante écrivent un livre

OTTAWA – Quel est votre plus grand rêve? C’est la question que pose l’enseignante Winnie Canuel à ses élèves au début d’un nouveau cours d’anglais langue seconde dans son école d’Edmonton.

Pour Abou Bakr al Rabeeah, un réfugié irakien venu de Syrie, il y avait deux réponses. Premièrement, il voulait être joueur de soccer. Deuxièmement, et de façon plus urgente, il voulait raconter son histoire.

La semaine dernière, le rêve de cet adolescent de 15 ans s’est réalisé d’une façon qu’il n’aurait pu imaginer: son histoire a été publiée dans un livre.

Abou Bakr et son enseignante ont commencé à travailler ensemble l’automne dernier, environ six mois après l’arrivée de la famille Al Rabeeah au Canada. Les dix membres de la famille font partie des quelque 23 000 réfugiés irakiens qui se sont installés au pays depuis 2009.

Alors qu’ils discutaient, l’adolescent a peu à peu raconté des histoires de son enfance en Irak, comme lorsqu’il a été frappé au visage par un enseignant au primaire parce qu’il était sunnite. Les tensions grandissantes entre sunnites et chiites ont forcé sa famille à fuir l’Irak et à se réfugier en Syrie en 2010.

L’année suivante, la guerre civile a éclaté en Syrie. Chaque jour, au crépuscule, a-t-il raconté à Mme Canuel, un tireur d’élite grimpait sur le toit de la résidence familiale et s’en servait comme base pour tirer sur les rebelles antigouvernementaux qui vivaient dans les rues avoisinantes.

La famille Al Rabeeah a vécu la guerre en Syrie pendant trois ans avant d’arriver au Canada par l’entremise des Nations unies.

Durant ses discussions avec son enseignante, Abou Bakr est devenu de plus en plus à l’aise en anglais et a pris confiance en lui. En Mme Canuel, il a trouvé un mentor comme il n’en avait jamais eu auparavant.

«Je lui faisais confiance», dit-il.

Winnie Canuel envisageait depuis longtemps d’écrire un livre, mais elle disait à ses amis qu’elle attendait de trouver une bonne histoire à raconter. En écoutant son élève relater les péripéties de sa vie, elle a compris qu’elle avait trouvé ce qu’elle cherchait.

«Oui, il y a des massacres et des attentats à la voiture piégée en toile de fond, mais c’est d’abord et avant tout (une histoire) d’amour familial et de résilience de l’expérience humaine, et c’est ce que nous devrions en retenir, souligne Mme Canuel. C’est universel.»

Le roman qu’ils ont écrit ensemble, intitulé «Homes» («Maisons»), est maintenant en vente dans les librairies d’Edmonton et sur Internet.

Abou Bakr al Rabeeah espère que le livre aidera les gens à comprendre que derrière chaque réfugié syrien qui arrive au Canada, il y a une histoire. Trop de gens ne le voient que comme un réfugié, déplore-t-il.

«Cela me donne le sentiment que je suis extérieur à la communauté, que je ne suis pas avec les autres.»

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