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Mark Carney en visite au Canada

Colin Perkel - La Presse Canadienne

TORONTO – À peine le tiers des 1000 plus grandes entreprises du monde divulguent des informations pertinentes au sujet des risques qu’elles encourent en raison des changements climatiques, a estimé vendredi le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney.

L’absence d’informations complètes complique la tâche des investisseurs, créanciers et autorités réglementaires qui tentent d’évaluer quelles entreprises sont les mieux préparées face à cette question de plus en plus critique, a opiné M. Carney.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada participait vendredi à un déjeuner d’affaires sur les changements climatiques en compagnie de la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna. L’événement était organisé par la Chambre de commerce de la grande région de Toronto.

«Quelle est votre stratégie pour gérer le risque lié au climat? Les stratégies à plus long terme vont être beaucoup plus importantes dans cette évaluation», a dit M. Carney.

En outre, a-t-il poursuivi, la transition vers un avenir environnementalement viable dans les prochaines décennies représente une occasion de plusieurs milliers de milliards de dollars pour les entreprises et les hommes d’affaires.

M. Carney a notamment évoqué le développement d’un marché d’obligations vertes en Chine, qui devrait valoir, selon les estimations actuelles, 500 milliards $ US par année. C’est un marché que Pékin veut garder ouvert, a-t-il souligné.

Le nombre d’événements climatiques extrêmes a triplé ces quelques dernières décennies, a expliqué M. Carney, et le coût des réclamations attribuables à ceux-ci a été multiplié par cinq pendant cette période.

Malgré tout, selon lui, une partie du problème pour les autorités réside dans le fait que tous n’évaluent pas de la même façon le sérieux de la menace du réchauffement climatique mondial et que les gouvernements ne s’entendent pas sur la façon d’agir.

«Nous voulons être neutres, donner de l’information, afin que tous ces points de vue puissent être exprimés sur un marché efficace», a affirmé M. Carney.

En réponse à une demande des leaders du G20, M. Carney a indiqué qu’une équipe de travail du secteur privé, composée de membres issus des entreprises les plus ouvertes sur la question, préparait un rapport à ce sujet, dont la livraison est prévue au début de l’an prochain.

Le groupe de travail espère pouvoir fournir l’information nécessaire pour permettre de faire des comparaisons soutenues et efficaces entre les entreprises, au sujet de leurs émissions et des risques qui les menacent.

Les entreprises doivent prendre conscience de la situation et s’habituer au fait que les gouvernements d’un peu partout dans le monde sont sérieux dans leurs intentions de mettre en place des procédures pour réduire les émissions qui sont, de l’avis de la communauté scientifique, à la source du réchauffement de la planète, a poursuivi M. Carney.

«La politique climatique est bien réelle, a-t-il affirmé. Les émissions doivent être limitées.»

Prenant ensuite la parole, la ministre McKenna a estimé que les commentaires de M. Carney soulignaient l’importance d’agir maintenant pour réduire les émissions et saisir les occasions d’affaires qui se présentent pour les entreprises canadiennes.

Mme McKenna rencontrait plus tard vendredi les représentants d’une vingtaine de grandes entreprises qui se sont engagées dans le programme de tarification du carbone du gouvernement. Cette initiative, a-t-elle estimé, réduira les émissions et encouragera l’innovation. Mme McKenna a en outre rejeté l’idée voulant que la tarification du carbone ne soit qu’une autre taxe.

«L’idée est plutôt de mettre un prix sur la pollution. Nous devons agir de la sorte, a-t-elle expliqué. Ce n’est pas discriminatoire: ça ne fait que dire que vous allez moins payer si vous polluez moins.»

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