Soutenez

Carissa Vales: Étoile solaire

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Rythmes expansifs, pop aux accents dance, beats de clubs enflammés à la façon de ceux qu’affectionne Pitbull. Rien de minimaliste ni de posé. Oui, dans le paysage musical local, Carissa Vales détonne. Mais si elle faisait du folk tendre, doux et mélancolique, elle… «aurait peut-être plus de compétition!»

Les chansons de Carissa Vales célèbrent la nuit, la fête, l’amour et la passion. Son premier album studio, paru sous étiquette La Chapelle, s’appelle d’ailleurs Burning Your Love. Pas pour rien. La chanteuse y applique du Lipstick Rouge, découvre son Wild Side. «J’adore danser, être sur scène, interagir avec les gens, les faire taper des mains, dit-elle. Faire de la pop était un choix naturel. Je voulais quelque chose qui bouge!»

Quelque chose qui reflète ses origines aussi. Née à Saint-Jean-sur-Richelieu, d’une mère québécoise et d’un père mexicain, «Cari» a passé son enfance entre les deux cultures. Six mois ici, six mois à Acapulco. Là-bas, sa mère travaillait dans une agence de voyages, au rez-de-chaussée d’un hôtel où se donnaient chaque soir des spectacles auxquels l’enfant assistait, captivée. «Ce n’est pas d’hier que ça me fascine!» sourit-elle.

Depuis qu’elle est toute petite, donc, qu’elle rêve de devenir chanteuse. Pas d’autres options possibles? «Non! C’était clair dans ma tête. Mes amis me demandaient souvent : “Oui, mais si ça ne marche pas, as-tu un plan B?” Je n’en avais jamais.»

Elle avait par contre une idole, Selena Quintanilla Perez, l’icône de la chanson latino-américaine, assassinée en 1995 à l’âge de 23 ans. Récemment, elle a repris Como La Flor, une de ses pièces préférées. «Je la trouve admirable! Elle a marqué une industrie très dominée par les hommes et elle a réussi à faire sa place.»

Pour faire sa place à elle, Carissa a construit son univers. À la suggestion de sa cousine, elle a combiné ses noms de famille Espino-Valcourt (trop long!) en Vales. «Je trouve que ça sonne bien!»

«Être artiste, C’est une vocation. Ce n’est pas 9 à 5 et après, tu décroches. C’est tout le temps! Tu deviens une onde d’énergie qui se nourrit de ce que le public t’envoie. Je trouve ça magique. Je suis accro.» – Carissa Vales

Il y a trois ans, elle s’est envolée pour Miami pour rencontrer des pros de l’industrie, dont Julio Rodriguez, alias Hulyonthebeat. Un réalisateur de musique qui fait partie de la maison de prod des Diaz Brothers, connus pour avoir propulsé Mr. Woldwide (lire : Pitbull) sur la scène mondiale. Et elle a eu «un coup de foudre artistique». «Quand je suis arrivée là-bas, j’avais 22 ans, je ne connaissais rien du milieu, j’étais tellement impressionnée!»

De cette «belle expérience», comme la souriante jeune femme qualifie pas mal toutes les étapes de sa vie, elle a beaucoup appris. Le plus important? «Laisser aller les choses. J’ai toujours été très disciplinée, et je me mettais des barrières. Dans le studio, je demandais sans arrêt : est-ce que c’est bon? Est-ce que c’est bon? Huly m’a dit: Cari. Don’t kill your vibe! Sens la musique, laisse aller la création.»

Elle l’a fait, a trouvé des paroles et a composé des mélodies. Son nouveau complice, lui, a créé des beats. Ils ont enregistré les pièces. Et coécrit la chanson City Lights. Presque d’un coup.

«On travaillait intensément depuis une semaine. Je n’avais pas eu le temps de visiter quoi que ce soit. Je faisais juste hôtel-studio-hôtel-studio. Mon cerveau était saturé. Je ne pondais plus. Huly m’a alors lancé : “Carissa, drop your pen, come with me!” Puis, il m’a amenée dans un port à Miami, sur un quai où on peut voir toute la ville. C’est là que j’ai eu le flash pour City Lights

En revenant à Montréal, elle a raconté tout ça à Quentin Delcourt. Un réalisateur de vidéoclips et de courts métrages. Incidemment aussi, son meilleur ami. Qui a transposé, en images, ces «lumières de la nuit» dans notre métropole. Ainsi, dans le clip, Carissa danse sur le mont Royal, qui brille de lumières.

C’est avec ce même meilleur ami qu’elle a lancé dernièrement la chaîne Youtube Quentin et Carissa TV. Leur envie? Présenter «tout le travail (et le fun) qu’il y a derrière une carrière d’artiste. “Pour de vrai”, sans camoufler les imperfections». Ce qui ne signifie pas qu’elle montre tout. Sa vision de son métier? «Il faut faire rêver les gens! Les faire décrocher de leur routine.»

En voyant des extraits où la chanteuse trilingue de 25 ans se confie à la caméra sur des anicroches, verse des larmes ou se pratique à chanter avec une bouteille d’eau en guise de micro, on pense au documentaire de Beyoncé Life is But a Dream. Une inspiration? «Oui! Ça montre bien que les artistes sont des personnes normales, qui vivent la pression, le stress. Que tout n’est pas glamour.» Et que même Beyoncé, «une machine!», pleure parfois.

Parcours pop
Avant de monter sur scène autrement que pour des spectacles maison présentés aux membres de sa famille («Je suis vraiment chanceuse; ils sont très impliqués!» s’esclaffe-t-elle), Carissa a joué dans des publicités. Elle a aussi tenu un rôle muet dans Le Trotsky, de Jacob Tierney. «Dans toutes les scènes d’école, je suis à côté de Jay Baruchel. Je suis allée voir le film au cinéma et on me voit en gros plan. Mon Dieu!»

Si elle songe parfois à renouer avec le jeu (à la blague, son rêve suprême et, elle le sait, totalement surréaliste: avoir un rôle dans Game of Thrones), elle se donne désormais de tout son cœur à sa carrière. Elle a déjà fait une minitournée à Miami, L.A. et San Francisco, «là où le bassin de culture latino-américaine est très fort». «Ç’a tellement été vite et les résultats ont été bien plus gros que ce à quoi je m’attendais. C’était impressionnant.» Et au Québec? «C’est dur. Le marché pop est plus petit. Mais c’est un bon défi. Ça me force à me forger un caractère. Pour être prête à foncer. Pour dire : allons-y!.»

Infos

Carissa prendra part au show Diva Den, présenté à Fierté Montréal vendredi à 20h, à la place Émilie-Gamelin

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.