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Émile Bilodeau: Beaucoup de folie, un peu de poésie

IslBG Photo: léolo

Ce qui frappe, à la première écoute du premier album d’Émile Bilodeau, c’est le flot de mots rimés, et surtout rythmés, qui déferlent dans nos oreilles (vous aussi vous vous demanderez «mais comment fait-il pour retenir autant de paroles?»). C’est que le jeune chanteur de 20 ans, qui se décrit comme un hybride entre Pépé et sa guitare et Simple Plan, a beaucoup à dire.

«L’album, c’est les paroles à l’avant», explique-t-il d’entrée de jeu en parlant de Rites de passage, son premier opus en carrière. Rites de passage de quoi, au juste? «C’est cette idée de passer de l’adolescence à l’âge adulte. (C’est là qu’il nous raconte ses recherches sur les rites de passage des peuples anciens!) Pour nous, en Occident, passer à l’âge adulte, c’est avoir un baccalauréat, une voiture, virer sa première brosse. Moi, j’aurai un album. Voilà ce qui me permet de vous prouver que je suis un adulte.»

Par la maturité de ses textes, sa poésie accessible et le choix risqué de certains sujets, Émile Bilodeau prouve qu’il est bel et bien un adulte. Oui, le ton est jeune et les réflexions parfois naïves (surtout au sujet de l’amour!), mais on sent que le jeune chanteur a déjà des opinions tranchées… et tranchantes.

Pas étonnant d’apprendre que, plus jeune, Émile Bilodeau voulait être politicien. Son ambition était toute simple: rendre le monde meilleur. «Mon rêve a changé, mais les idées restent les mêmes», affirme celui qui souhaiterait être reconnu comme un chanteur engagé et impliqué.

Sa première bataille sera de faire rayonner la langue française dans le milieu culturel. Sur la pièce America, il demande aux radios de jouer plus de musique francophone. «On se sent obligés de mettre des refrains en anglais, de faire des compromis sur notre langue. Mais pourquoi? C’est beau, être commercial, mais tu as une responsabilité culturelle.»

Ces responsabilités ne passent pas par la musique pop, selon le jeune chanteur au style plus brut que léché. «Pendant un 5 à 7 entre amis, tu ne vas pas mettre du Émile Bilodeau. Tu vas mettre du Drake.»
Et, en effet, son album n’en est pas un qui donne envie de danser ou de s’époumoner. «Quand tu écoutes mon album, tu dois avoir envie d’écouter les paroles. La musique pop est beaucoup axée sur les mélodies. Moi, c’est tout le contraire, je remplis les espaces.»

«J’ai beaucoup d’idées que je mets en rimes, en alexandrins. C’est un petit jeu de mathématiques dans la littérature.» – Émile Bilodeau, auteur-compositeur-interprète

Suffit de passer quelques minutes avec lui pour se rendre compte qu’en effet, mille idées et opinions bouillonnent dans sa tête et se bousculent dans sa bouche. Il a envie de tout dire, tout de suite. Sauf qu’Émile Bilodeau contiendra sa fougue, le temps de prendre son temps. «Je ne veux pas faire les choses trop à l’envers», explique-t-il en prenant Dédé Fortin, son idole, comme exemple. Il est vrai que les chansons engagées des Colocs ne sont pas apparues sur le premier album, mais plus tard dans leur carrière.

C’est donc avec cette idée derrière la tête qu’Émile Bilodeau se présente pour la première fois avec un album qui «brasse la soupe», oui, mais pas encore aussi vigoureusement qu’il le voudrait. «Dans le deuxième ou troisième album, on va peut-être essayer de botter un peu plus le cul de la société.» Tenez-vous-le pour dit.

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