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38e Gala de l’ADISQ: Célébration de sons de tous les horizons

Photo: Mario Beauregard/Métro

 

 

Le 38e Gala de l’ADISQ, c’était, entre autres, 2Frères, 1 hommage à René Angélil, 1 flèche à La Voix Junior, 1 message d’acceptation de Safia Nolin, 1 nouveau trophée à Marie-Mai et 1 Leloup heureux sous quelque 1 001 confettis.

On ne pourrait vraiment pas accuser la grande fête de la musique d’avoir donné dans le prévisible, le fade et le linéaire. Dès l’ouverture, l’effort a été fait pour illustrer la variété de la scène québécoise. Se sont ainsi retrouvés sous les projecteurs : Richard Séguin, Ingrid St-Pierre, Koriass, les gagnants-surprises du soir, alias les 2Frères, Yann Perreau et, comme ce dernier l’a présenté, «le capitaine du bateau, Louis-José Houde!»

Peut-être LA plus grosse surprise (oui, bon, n’exagérons rien), c’est que l’humoriste habitué à l’ADISQ a troqué sa traditionnelle batterie contre un cor des Alpes (un imposant instrument qu’il a d’ailleurs présenté après la pause, précisant qu’il avait eu de multiples questions à ce sujet).

À ceux qui se seraient demandé pourquoi il était de retour une 11e fois aux commandes, il a expliqué que c’était pour empêcher la «wauthierisation» du gala (nom tiré de «Jean-Philippe Wauthier», animateur des plus occupés).

Il s’est aussi gentiment moqué de Pierre Lapointe qui a fait un spectacle pour souligner les 10 ans de la sortie de son album phare, La forêt des mal-aimés. Contrairement à d’autres artistes qui attendent 20, 30 ans pour fêter l’anniv d’un disque. «Il y a 10 ans, on interdisait la cigarette… et il y a des places qui sentent encore la boucane! Dix ans, c’est tôt, Pierre. C’est tôt.»

Sinon, fidèle à lui-même, LJH a démarré en force et gardé quelques blagues qui courent (running gags) tout au long de la soirée. Comme la mort annoncée du mot «show-business» ou la tendance qu’ont les artistes à utiliser l’expression «jusqu’au bout de la nuit». Un terme qu’il a repris notamment pour dire que «l’industrie est rendue au bout de la nuit». «Mais quand même, le lacet a survécu à l’invention du velcro!» Tout n’est pas perdu.

Autre thème récurrent, l’importance d’être un bon spectateur. Parmi les règles : on ne boit pas n’importe quoi au show de n’importe qui. Exemple : «Les Cowboys fringants, c’est un spectacle de bière; Fred Fortin, c’est un spectacle de scotch.»

Ce dernier a d’ailleurs cueilli, la main au cœur et un chic chapeau sur la tête, le Félix de l’auteur ou compositeur pour le majestueux Ultramarr. Ému, relaxe, sincère, Fred a notamment remercié Olivier Langevin, avec qui il joue depuis 20 ans, son amoureuse, avec qui il est depuis 20 ans, et son concepteur de pochette, Martin Bureau. La classe.

Du côté des présentations, Marie-Mai, qui a fini la soirée avec un trophée d’interprète féminine de l’année (son cinquième en carrière), est arrivée pour présenter l’album pop en lançant : «Je suis vraiment contente. ON est vraiment contentes d’être ici.» (Nuance faisant référence à sa petite fille à naître.) Puis, elle a enchaîné avec un «Le, la ou LES gagnants est ou sont». Elle a bien fait de le préciser, car ledit prix est allé non pas à un des quatre artistes solo en nomination, dont Laurence Nerbonne et Philémon Cimon, mais bien aux 2Frères mentionnés en intro. À savoir Erik et Sonny Caouette, frangins musiciens originaires de Chapais, qui ont obtenu un grand succès, notamment sur les ondes, avec leur premier album studio éponyme. Visiblement émus, les gars, qui sont également repartis avec le titre de groupe de l’année, ont salué leurs parents qui ne leur ont jamais dit de se «trouver une vraie job!»

Ensuite : après une blague étrange sur l’orientation sexuelle de Cœur de pirate, Louis-José Houde a semblé vouloir se reprendre en brandissant bien haut une pochette du vinyle de Roses, le dernier album de l’artiste. Introduction à un numéro où elle est apparue sur scène, tout en noir, en dansant à la façon de Florence (and the Machine) et en interprétant Crier tout bas, pièce dans laquelle elle chante «Et si la terre est sombre, et si la pluie te noie». D’ailleurs, le tout fut effectué sous des gouttes tombant du plafond. Bel effet.

Parmi les autres prestations qui ont rythmé la célébration, notons le passage des Cowboys fringants, vainqueurs dans la catégorie de l’album rock pour Octobre, qui ont chanté en compagnie de Frannie Holder de Random Recipe leur festive Marine marchande.

À noter aussi : le passage de Plume, qui a remercié les spectateurs massés à la Salle Wilfrid-Pelletier d’être «venus si nombreux au lancement de son album». (N.-B. : L’album en question, RECHUT! (Odes à ma tanière) est  sorti en septembre). Il a ensuite interprété «un hit assuré» grâce auquel il espère «gagner un beau Philippe [sourire] l’année prochaine et faire une belle tournée dans les CHSLD!» «Ça s’appelle Vieux os. Je n’ai aucune chance à La Voix Junior avec une chanson comme ça!»

Parlant de La Voix Junior, l’émission en a pris pour son rhume hier soir. Louis-José Houde a noté, l’air ironique, que non, bien sûr, les enfants qui participent à ce concours de chant télévisé «ne garderont aucune séquelle psychologique d’un rejet devant deux millions de personnes». Ouch.

Dans un tout autre registre, il y a eu un moment de grande émotion lorsque Philippe Brach est monté sur scène avec Andréanne Sasseville. On se souviendra que, dans une entrevue, l’animatrice s’est confiée au musicien au sujet de son cancer. Ensemble, les deux amis ont remis le très convoité prix de révélation de l’année à Safia Nolin. Prenant le micro, cette dernière a lancé : «C’est weird! Fuck! Fuck, j’ai dit fuck! Je veux dire aux filles du Québec que vous pouvez faire ce que vous voulez!»

Ce que vous voulez, comme le fait depuis toujours Jean Leloup, double gagnant, toujours aussi parfaitement indépendant et intègre, qui a remporté le trophée du meilleur spectacle («J’ai gagné pour ça?») et, sommet, celui de l’interprète masculin de l’année. Il a remercié le public, sa blonde, pis «pas mal tout le monde». «Parce que je finis par avoir travaillé avec, ben, pas mal tout le monde ici.» Il a aussi promis que, pour son prochain spectacle, il serait «beaucoup plus cut». «Je vais travailler mes spasmes.» Pluie de confettis.

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