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Journal d’un psychotronique: Le massacre des illusions

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Dans son premier roman, Journal d’un psychotronique, Aleksi K. Lepage en­traîne le lecteur dans une aventure absurde sur fond de géant et de néant.

C’est le roman parfait pour le 375e anniversaire de Mont­réal. Lorsqu’un ovni apparaît au-dessus du Stade olympique, personne ne semble être capable de percer son secret. Sauf peut-être le narrateur narcissique en perpétuelle quête d’alcool.

Bienvenue dans l’univers joyeusement déluré d’Aleksi K. Lepage, dont la plume ironique et pleine de dérision a longtemps pu être appréciée dans La Presse. Depuis que le métier incertain de pigiste a cruellement affecté plusieurs de ses collègues, il a décidé de vider ses fonds de tiroir littéraires. «J’écris depuis toujours, confie-t-il en entrevue. C’est comme un tic nerveux. J’ai besoin de faire ça, comme d’autres jouent à des jeux vidéo.»

«L’ovni dans mon livre est une sorte de bouchon, d’ego universel, de Facebook, de Twitter. Comme si tout d’un coup toute cette énergie-là gaspillée, de je, mon opinion, se matérialisait et formait une sorte de cochonnerie creuse, de paquet de poils.» -Aleksi K. Lepage

Il débarque avec une de ses nouvelles, condensée et sans description inutile. Un «Alien» à mi-chemin entre ses anciens journaux intimes et un songe, qui s’apparente à un anti-Arrival. «Je voulais rendre un peu l’atmosphère d’un mauvais rêve plate où il est censé y avoir de la magie et où tout est saboté», explique le romancier quadragénaire.

C’est peut-être la faute de son antihéros, dont la maxime est : «Je suis ce qui est.» Un être vide profondément détestable qui symbolise parfaitement le je-m’en-foutisme de son époque et qui n’épargne rien ni personne en citant allègrement des auteurs comme Leopardi et Thoreau. S’il est alimenté par des phrases comme «Ce qui ne m’ennuie pas me déplaît ou m’irrite», une certaine forme d’humilité, même timide, pourrait bien l’attendre au détour de ses surprenantes péripéties.

«Ça incite au laisser-faire, note son auteur à propos du sentiment général qui se dégage du texte. Pourquoi agir quand ce n’est pas nécessaire? C’est un peu comme choker, changer d’idée et ne pas paniquer face à ce qui arrive.»

Objet non identifié

Journal d’un psychotronique est une drôle de bibitte, et son auteur ne s’en cache pas. Une chose qui ajoute au caractère unique de la bête. «J’ai vu dans le catalogue d’Archambault et de Renaud-Bray que j’étais classé sous fantaisie, science-fiction et polar!» s’exclame en riant Aleksi K. Lepage.

«En même temps, poursuit l’auteur, ce n’est pas tout à fait de la science-fiction, alors je risque de décevoir les gens qui s’attendent à voir “débarquer quelque chose”. On s’attend à un journal qui explore les profondeurs, et quand ça devient sérieux et intense, on va ailleurs. Ce qui est stressant, c’est que je n’ai aucune idée de la façon dont ça peut être reçu, étant donné que ce n’est pas le but, être ennuyant, mais c’est le concept d’arriver à rien.»

art-aleksi-k-lepage-couvertureJournal d’un psychotronique
Aux éditions Noir sur blanc
En librairie mercredi

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