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LÉON : Un trésor pop

Photo: SANDRA THORSSON

«La meilleure exportation suédoise à venir» (Nylon), «La prochaine sensation» (Vogue), «Obsédée par sa chanson» (Chloë Grace Moretz), «Une nouvelle venue à surveiller» (Katy Perry). Depuis que LÉON, en-majuscules- avec-un-accent-aigu-sur-le-e, a mis en ligne sa pièce Tired of Talking sur SoundCloud à l’été 2015, elle est devenue LA musicienne en-majuscules-aussi qui risque d’être le next big thing, l’imminente grande chose. Chose certaine, elle a tout pour.

«Tu veux dire si je ressens de la pression ou quelque chose comme ça? Au début, c’était un peu écrasant, c’est vrai. Mais très vite, j’ai compris que tout ce que je devais faire, c’était de composer la musique que j’aime, qui m’amuse.»

Non, LÉON, de son vrai nom Lotta Lindgren, n’est pas stressée par grand-chose. «Je ne pense pas à toute la folie; ça ne me monte pas à la tête.»

Ce qui monte, c’est son nom, ses chansons. À 23 ans, elle compte un EP, Treasure, et des simples. Pas d’album complet encore. Mais.

Tout est possible depuis que son ami et réalisateur, Agrin Rahmani, lui a suggéré de mettre un de ses morceaux sur le web. «Eh, pourquoi pas?»

Pourquoi pas en effet? Parce que sinon, Tired of Talking n’aurait pas été écoutée 42,5 millions de fois sur Spotify. Et sa compositrice ne serait pas devenue la nouvelle future étoile de la pop suédoise, entre «toutes ces artistes vraiment cool de son pays qu’elle aime». «Comme Tove Lo, qui fait de la pop sombre edgy, Seinabo Sey, qui propose de la soul-pop, et Lykke Li, qui excelle dans l’indie pop ténébreuse.»

La sienne, de pop, est accrocheuse, sa voix teintée des intonations du Motown que ses parents lui ont fait écouter petite. On pense à Amy Winehouse un peu. Et en entendant ses paroles remplies de souvenirs d’amours amochées, à Adele.

Beaucoup craquent pour le résultat. Sous un de ses clips sous YouTube, on tombe sur un commentaire amusant : «J’aimerais que LÉON devienne célèbre, mais pas comme vraiment-vraiment-grand-public célèbre.» «Qu’est-ce que ça veut même dire?» s’esclaffe-t-elle quand on le mentionne.

«Mais je peux comprendre, ajoute-t-elle. Par exemple, moi, j’adore les Twenty One Pilots. Et j’ai déjà entendu le frontman dire que lorsque ses pièces (dont Stressed Out) ont commencé à jouer à la radio, les fans les plus passionnés, qui les avaient soutenus depuis le début, les ont traités de vendus. Mais c’est tellement une drôle d’observation, “je veux qu’elle soit connue, mais pas trop”. Tu sais?»

On sait. On sait aussi que le lien que certains entretiennent avec leurs artistes préférés peut être intense. «C’est MOI qui l’ai découvert en premier. C’est mon groupe à MOI, tu vois?» LÉON voit. «Autrefois, quand je tombais sur un band génial, je sentais une certaine propriété sur lui. Une sorte de “Je l’ai trouvé avant vous!”»

Ceux qui ont trouvé le talent de la jeune femme avant tout le monde, c’est peut-être ses parents. Son père, passionné de classique, sa mère, violoncelliste professionnelle. Elle-même a joué de cet instrument. Pendant 15 années, marquées de quelques rébellions. «Je refusais d’apprendre à lire les notes. Je ne voulais qu’apprendre à l’oreille. Ce qui n’est pas la méthode la plus efficace pour apprendre du Bach, disons! Mais je m’en ennuie. Ma mère garde encore mon violoncelle dans son sous-sol. Elle attend que je fasse mon grand retour. Peut-être. Un jour. On verra.»

En attendant, elle se concentre surtout sur sa voix, un peu la guitare, beaucoup le piano. Et la scène, qu’elle affectionne tout particulièrement. Surtout depuis qu’elle a fait partie d’un groupe de hip-hop soul à Stockholm. C’est d’ailleurs ce qu’elle garde le plus de ses années de rappeuse. «L’amour et le plaisir du live. On n’avait pas d’album, on ne faisait que donner des shows.»

Ses shows à elle, maintenant : chouettes. «Je change ma façon d’interpréter mes morceaux, j’expérimente.» On a pu le constater lundi dernier, alors qu’elle se produisait au Ritz, le bar, pas l’hôtel, à Montréal. Aparté 1 : même si elle n’avait encore jamais mis les pieds dans la métropole, elle avait déjà un lien lointain avec elle. En effet, A-Trak, DJ né ici, avait remixé son Tired of Talking. Aparté 2 : «La première fois que j’ai entendu sa version, j’étais à une fête de fraternité à La Nouvelle-Orléans. Je n’avais jamais fait ça de ma vie! C’était un party géant dans une maison géante, et ils ont justement joué la pièce de A-Trak. J’ai pensé oh mon Dieu! Trop cool! Il a vraiment fait du chic boulot!»

Elle aussi en a fait du bon pour sa prestation-baptême ici. Entre ses pièces dont plusieurs connaissaient déjà toutes, toutes, toutes les paroles (air vraiment ravi de la principale intéressée), elle a inséré des reprises, chose qu’elle adore faire, dont Dreams, de Fleetwood Mac, et la si bien nommée Why’d You Only Call Me When You’re High, des Arctic Monkeys. Elle a également raconté la genèse d’une de ses ballades. Une de ces soirées arrosées de trop de vin où tout le monde finit par se confesser et pleurer. Point positif : de ces larmes alcoolisées est né Liar, dans laquelle elle traite quelqu’un du qualificatif du titre, menteur, et lui demande «Pourquoi ne suis-je pas assez?»

Le thème des déchirements relationnels est du reste récurrent sur Treasure. Sur la pièce-titre, aussi au tu, elle chante à un type : t’es soûl, j’suis tannée de me chicaner. Sur Tired of Talking : je ne veux pas t’entendre raconter ta soirée. Sur Nobody Cares About Us, elle évoque ses erreurs de vie, les fêtes qu’elle fait pour oublier. Des histoires qui se déroulent toutes de nuit, préférablement au milieu de cette dernière, en état d’ébriété avancée. Elle rigole. «Les gens doivent penser que je suis perpétuellement soûle!» Mais non. «Bon, c’est peut-être cliché, mais c’est plus facile d’être émotive à la noirceur. Dans un bar, dans une voiture. On dirait que ça pousse à avoir des idées romantiques, à devenir sentimental.» Et puis, un autre cliché peut-être, les plus grandes peines d’amour font les meilleures chansons dans cette même catégorie, non? «Je ne sais pas… Mais je sais que lorsqu’on sent que la personne a réellement traversé ce qu’elle raconte, qu’elle chante sur ce qu’elle a vécu, ça crée un lien d’un autre type.» Comme ça.

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Treasure EP
Disponible sous étiquette Columbia Records/Sony

 

 

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