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Ça sent la coupe: Numéro d’équilibriste

Photo: Véro Boncompagni/Les Films Séville

Ça sent la coupe est un de ces rares petits bijoux qui font rire et pleurer (même devant de parfaits inconnus au cinéma), parfois à quelques minutes d’intervalle.

Ce numéro d’équilibriste du film, qui ouvrira les Rendez-vous du cinéma québécois mercredi avant d’atterrir sur nos écrans deux jours plus tard, n’est pas un accident. Il a demandé un travail fou de la part du réalisateur Patrice Sauvé et du scénariste Matthieu Simard, dont le roman a inspiré le film et a forcé notre vedette, Louis-José Houde, à aller gratter quelques vieux souvenirs douloureux (ça ne l’empêche pas d’être drôle et attachant, promis!).

À première vue, Max (Houde) mène une petite vie tranquille. Il aime (vraiment trop) le Canadien. Il écoute les matchs avec ses chums Phil (Maxime Mailloux), Richard (Louis-Philippe Dandenault), François (Patrick Drolet) et sa sœur Nathalie (Julianne Côté). Sa blonde Julie (Émilie Bibeau) gravite autour du groupe jusqu’au jour où elle se pointe dans le salon, valise à la main, et annonce son départ.

La rupture va forcer Max à sortir de la routine douce- amère dans laquelle il s’est installé et à se demander pourquoi il fait du surplace depuis des années, depuis le décès de ses parents, de son père surtout, dont il a repris le magasin de collectionneur d’objets reliés au hockey. Tout cela avec la saison 2009-2010 (celle de Jaroslav Halak) en toile de fond.

«Cet équilibre, je l’ai “gossé” jusqu’au dernier moment du mix sonore, a expliqué M. Sauvé (La vie la vie, Grande Ourse, Cheech). Il fallait faire passer les spectateurs de Louis-José à Max. Les amener dans son désarroi. Il fallait aussi s’assurer que les promesses de sensibilité initiales soient remplies, sans tomber dans le pathos.»

«Je pense qu’on est pile sur la ligne, a pour sa part affirmé M. Simard. Si nous avions seulement fait un film pour faire rire, notre histoire n’aurait pas vraiment fonctionné, elle n’aurait pas été aussi intéressante.»

«L’humour vient par la bande, il n’est pas frontal, a ajouté M. Sauvé. Dès qu’il y a une situation trop tendue ou émotive, Max veut la désamorcer avec un gag.»

"ÇA SENT LA COUPE louis-josé houde

Le film caché
«Il y a un Ça sent la coupe burlesque qui existe dans une voûte quelque part», a blagué Louis-José Houde.

Si l’humoriste et acteur a vite compris le ton que le réalisateur et le scénariste voulaient donner au film, il ne pouvait pas toujours combattre ses instincts. «Quand je voyais l’équipe technique rire un peu trop, je savais que nous n’allions pas garder cette prise-là parce que ce n’était pas ce qu’on faisait», a-t-il reconnu.

Cela dit, M. Houde a aimé camper un rôle qu’il n’avait jamais offert au public québécois et embrasser un personnage qui n’est pas si loin de lui au fond. «Mes amis m’ont dit que Max est comme moi quand je ne vais pas bien», a-t-il raconté.

«J’ai fait des comédies dans le passé. C’est ce avec quoi je me sentais confortable, a-t-il ajouté. J’ai été prudent, patient avant d’accepter quelque chose de plus dramatique. La transition a été assez naturelle même si ç’a pris un travail pour aller chercher les émotions nécessaires pour livrer le matériel.»

«Dans tous les groupes de beau monde sur une photo, il y a de la marde en dessous. Le film n’est pas une célébration du “tout va bien’’. C’est là-dedans qu’on se reconnaît, pas dans une annonce de bière.» – Louis-José Houde, sur le réalisme des interactions humaines dans Ça sent la coupe

M. Houde n’a pas eu à aller pêcher bien loin pour se mettre dans le chandail de Price (ou de Halak) que porte Max. «Pendant le printemps [des séries de la saison 2009-2010], j’étais dans une situation pas tellement différente de celle de mon personnage. Des fois, le scénariste du destin sait ce qu’il fait (rires). Ç’a nourri mon jeu.»

Ce réalisme va au-delà des expériences passées de l’acteur principal. On le sent partout, comme si une caméra cachée suivait les petits et grands drames d’un gars et de sa gang. «J’aime ben gros les imperfections du groupe et de la situation, a dit M. Houde. J’aime ces gars et ces filles-là. Il y en a un qui dort au gaz parce qu’il vient d’avoir un bébé, ma blonde se pousse pendant une game et un autre de mes amis couche avec ma sœur.»

«C’est comme ça, des amis, a indiqué M. Simard. Parfois, ils ne se disent rien pendant deux heures et ce sont des chums pareil. C’est le ton qu’on voulait donner au film.»

Dynamique de sofa

Une des grandes réussites de Ça sent la coupe est la dynamique du groupe d’amis. On dirait sincèrement que les acteurs forment une gang de chums de longue date.

C’était une des priorités du réalisateur Patrice Sauvé. «C’était épouvantable (rires). Après une demi-heure sur le plateau je n’étais plus capable d’avoir le silence. C’est à ce moment que j’ai vu que j’avais fait ma job.»

Pour s’assurer que les interactions entre les personnages soient réalistes, le réalisateur a même pratiqué la dynamique des comédiens sur le sofa. Qui s’assoit où, qui donne la bière, qui passe les chips?

Jaroslav Halak

Price ou Halak?

L’action de Ça sent la coupe se déroule pendant la saison 2009-2010 de la LNH. La campagne où Jaroslav Halak a remplacé Carey Price devant le filet du Canadien et a mené l’équipe à la finale de l’association Est.

Rares sont ceux au Québec qui n’avaient pas une opinion sur la controverse de gardien de but (Halak a finalement été échangé et Price est devenu le meilleur gardien du monde) à l’époque.

«J’étais Price, a dit Matthieu Simard, scénariste du film et auteur du livre du même nom. Même si Halak était spectaculaire, il “goalait’’ un peu tout croche. Sur les 60 lancers qu’il arrêtait, 45 venaient de ses propres retours. Ça m’a quand même fait de la peine qu’il soit échangé.»

«J’étais plutôt neutre, a pour sa part indiqué Louis-José Houde, vedette du film. J’ai trouvé l’échange risqué, mais avec le recul on voit qu’ils ont eu raison.»

«Je ne comprenais pas pourquoi on ne gardait pas ce duo, a affirmé le réalisateur Patrice Sauvé. Nous avions le meilleur des deux mondes : un très bon gardien et le sauveur au cas où.»

En salle le 24 février

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