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Alejandra Ribera: La musique comme religion

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le nouvel album d’Alejandra Ribera, This Island, est empreint d’un sentiment d’ineffable, qui évoque parfois la nostalgie et la solitude, parfois la lumière et l’espoir. Un sentiment qui ressemble à la foi, finalement.

Normal qu’on ressente ces émotions mêlées à l’écoute de cet album, puisque c’est exactement comme ça qu’Alejandra Ribera explique son rapport à la musique. «Pour moi, ce que je fais, c’est vraiment spirituel. Je ne suis pas religieuse, mais la musique vient me chercher d’une façon spirituelle», explique-t-elle.

Exemple frappant du lien quasi surnaturel qui unit Alejandra Ribera à la musique: sa chanson I Am Orlando, qui se retrouve sur l’album. Sachez qu’elle n’a pas été écrite après la fusillade dans une boîte de nuit en Floride l’été dernier, même si le titre et les paroles peuvent le laisser croire. Non, la chanson a été écrite à la suite des attaques à Paris, en janvier 2015, alors qu’Alejandra Ribera venait tout juste d’arriver en terre française pour y passer une année.

«Je ne connaissais personne. J’entendais les sirènes. J’ai été isolée pendant trois jours», se souvient-elle. Après avoir visionné le film Orlando, inspiré d’un roman de Virginia Woolf, la chanteuse s’est lancée dans l’écriture de cette chanson, qui deviendra malheureusement un peu trop d’actualité, quelques mois plus tard. C’est un ami français qui a suggéré à Alejandra et à son équipe de sortir la chanson rapidement. Selon lui, elle «ressemblait beaucoup à une prière et c’était exactement ce dont le monde avait besoin».

Si pour le commun des mortels cette expérience peut sembler extraordinaire, Alejandra Ribera insiste pour dire que ça arrive beaucoup plus souvent qu’on le pense aux auteurs-compositeurs. «On ne sait pas toujours d’où la chanson nous vient. C’est vraiment bizarre.» C’est d’ailleurs un peu pourquoi Alejandra Ribera ne parle que très peu d’amour et de rupture dans ses albums, mais plutôt de la nature, de la mort et de l’idée de Dieu. «Quand tu es inspirée par quelque chose, tu dois en faire une traduction spirituelle.»

«Pour moi, faire de la musique, c’est comme prier. C’est ma méditation. J’apprends beaucoup à propos de moi-même, de mon ego, de mon cœur.» – Alejandra Ribera

Fille d’immigrants
Ceux qui connaissent Alejandra Ribera depuis l’album La Boca savent qu’elle chante en anglais, en français et même en espagnol, elle qui a un père argentin et une mère écossaise. Sur ce nouvel album, ses influences multiethniques se traduisent d’une tout autre façon.

La chanson Undeclared War expose d’une façon très honnête le sentiment d’impuissance et de culpabilité qu’ont parfois les enfants nés de parents immigrés.

«C’est l’idée que, quand tu es élevé par des parents immigrants, surtout quand ils sont d’un pays pauvre, ta vie est toujours comparée à une vie que tu n’as jamais vécue», dit-elle en parlant de son expérience personnelle. «Tu te sens toujours coupable, mais tu n’es pas dans le contexte de ce pays. Il y a un sentiment de dette émotionnelle», finit-elle par dire.

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