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Ivan Rochette: Vivre vieux, vivre heureux

Photo: Josie Desmarais/Métro

Dans Strictement réservé aux personnes âgées… et à celles qui, un jour, le deviendront, Ivan Rochette, 81 ans, procure des conseils. Aux personnes âgées, donc. Et à celles qui, un jour, le deviendront.

Né à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1935, Ivan Rochette a pratiqué plein de métiers, dont celui, à consonance aujourd’hui nostalgique et romantique de sténodactylo pour le Canadien National. «Dans le temps, ils engageaient des hommes pour retranscrire les réunions des grands patrons voyageant dans des wagons privés», se souvient-il. Il a aussi travaillé dans le domaine de l’immobilier commercial et industriel («j’étais à mon compte, c’était formidable!»). Aujourd’hui, il fait du bénévolat auprès de ses pairs. Et il écrit.

Des récits marrants dans lesquels il cherche à offrir son soutien, à proposer des pistes de solutions aux femmes et aux hommes de son âge qui se sentent seuls ou qui n’ont pas de ressources. Mais on ne trouve rien de dramatico-tragique dans ses propos. Tout est fait de façon joyeuse, avec de l’humour et des clins d’œil charmants.

Il recommande par exemple d’éviter de conduire à l’heure de pointe parce que «lorsqu’on vieillit, on fait tout un peu plus au ralenti» et on ne veut pas se faire dire «tasse-toi mononcle», n’est-ce pas. Il suggère aussi de bien vérifier ses prescriptions à la pharmacie, histoire de «ne pas commettre l’erreur de l’infirmière qui devait donner un lavement au patient de la chambre numéro 5 et qui a plutôt donné 5 lavements au patient de la chambre numéro 1». Puis, sage suggestion, il insiste sur l’importance de profiter du soleil. Parce qu’il «brille pour tout le monde, mais certains ne sont pas assez brillants pour en profiter».

Profiter des petites choses, des belles choses. Voilà ce qu’il souhaite transmettre à ses lecteurs. Même si parfois, leur quotidien est triste. «Riez, même si la vie n’est pas toujours drôle!»

C’est drôle, d’ailleurs: Ivan Rochette affirme que ce qu’on entend à répétition, à savoir que les jeunes générations négligent leurs aînés, il ne le ressent pas. Joyeusement, il s’exclame qu’au contraire il connaît plein d’ados qui sont présents, dévoués, aimants. «Je trouve qu’ils s’occupent de nous pas mal! Ils sont polis, ils nous ouvrent la porte, ils nous donnent leur place dans l’autobus… Vous savez, l’âgisme n’est pas que dirigé vers les personnes âgées! Parfois, ce sont elles qui en font pour les jeunes.»

Et c’est également ce qu’il veut faire réaliser: l’importance d’échanger, d’être ouvert et curieux, tout le temps. «Je connais beaucoup de personnes qui, à la vieillesse, s’isolent dans des logements derrière des portes munies de trois, quatre serrures. C’est pourtant si important de côtoyer d’autres gens, de rencontrer du monde, de changer d’air!»

Changer d’air, oui, sans arborer un air bête. Une autre de ses préoccupations, ceux qui n’ont pas le sourire facile. «On joue au bridge avec ma femme, et il y a du monde qui ont toujours l’air mécontent, c’est ben platte!» Ce qu’il trouve tout aussi platte : ceux qui se vantent de tout. Ceux qui «parlent juste de comment ils sont fins, des voyages qu’ils ont faits… Je suis un peu vulgaire, pardon, mais ça… m’é… cœure un peu d’entendre ces choses-là!»
Tout comme d’entendre des copains se plaindre. «À notre âge, on ne va pas commencer à chialer pour des repas; on en a mangé à peu près 80 000 dans notre vie!»

Savourer le présent, donc, s’amuser, socialiser, s’aimer. Des choses simples qu’il dépeint dans son deuxième livre. Car oui, il y en a eu un premier, Avant de partir…, qu’il a publié à son compte en 2015 pour «laisser quelque chose à ses enfants». «J’ai deux filles et trois petits-enfants. Des bonnes personnes. Franchement, je suis chanceux! J’ai aussi mon épouse qui commence à avoir des petits problèmes de mémoire. Je m’occupe d’elle. On est tranquilles, on ne voyage pas beaucoup.»

C’est d’ailleurs à sa femme, Christiane, qui partage sa vie depuis 53 ans, qu’il dédie son recueil. Pour ça aussi, il se dit chanceux. En effet, comme il l’écrit : «Tomber en bas d’une chaise, c’est plus facile que de tomber amoureux.» Comment ne pas craquer?

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