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Minuit maintenant : le Cinéma du parc se met au diapason des couche-tard

Photo: Photos : Chantal Lévesque et collaboration spéciale Montage : Steve Côté

Les collègues et amis Jean-François Lamarche et Raphaël Dostie ont conçu leur série (qui commence 30 minutes avant) Minuit au Parc pour créer l’événement. Pour répondre, également, aux récurrents : «Quand, quand, QUAND proposerez-vous enfin des séances nocturnes?» Pour permettre, aussi, aux gens de voir le Final Cut du culte Blade Runner sur grand écran au moment où Denis Villeneuve prépare sa suite (une des plus attendues de l’histoire du cinéma). Enfin, pour faire triper les cinéphiles issus des jeunes générations, comme des confirmées, de la même façon qu’ils tripent, eux, sur Eraserhead ou Videodrome. Et ils tripent fort.

Comment on vous présente?
Jean-François Lamarche : Directeur général adjoint et directeur de la programmation au Cinéma du Parc.
Raphaël Dostie : Directeur des communications et des relations de presse (au même endroit). Mais le projet Minuit au Parc, c’est notre bébé.

Ça fait longtemps que vous le portez, cet enfant?
R.D. : Ça remonte à loin! Les premières tentatives ont eu lieu en 2006. Moi je n’étais pas là à ce moment. JF, lui, a connu cette époque.
J.-F.L. : Oui. La gestion des séances de minuit (qui a été de courte durée) était plus lourde. Notre système de caisses était différent, ça nous prenait plus de staff… C’est un des avantages de la projection DCP [Digital Cinema Package] et numérique pour les cinémas aujourd’hui : pouvoir allonger les heures d’ouverture.
R.D. : Les couche-tard sont nombreux à Montréal, le monde sort, le nightlife est actif. On a voulu proposer un concept unique; un mélange d’œuvres-cultes, de classiques et de nouveautés.

Parmi ces nouveautés, il y a The Lure, premier film délirant de la réalisatrice polonaise Agnieszka Smoczyńska, que vous présenterez du 31 mars au 1er avril. (Cette comédie musicale suit deux sœurs qui sont stripteaseuses, choristes et, accessoirement, sirènes. Ah oui. Cannibales aussi.) Expliquez.
J.-F.L. : (Rires) J’ai vu le film à Fantasia, je l’ai trouvé vraiment original. En plus, il vient de sortir aux États-Unis et le monde en parle beaucoup. [Le Daily Beast a d’ailleurs titré : «Oubliez La La Land».] Et puis, c’est une nouveauté en 35 mm! C’est assez particulier!

Diriez-vous que votre série s’adresse à un public «particulier», aussi?
R.D. : Un public varié, je dirais. Des jeunes, des plus vieux, qui cherchent des expériences alternatives tard le soir. Des gens, aussi, qui ont vu, par exemple, Blade Runner à sa sortie en 1982, et qui veulent le revoir dans de nouvelles conditions. Parce que les copies qu’on présente, même si on parle d’un format numérique, ne sont jamais sur un support numérique. Ce ne sont pas des Blu-ray ou des DVD. Moi, je suis né en 1986, et la plupart de ces films, je les ai loués au club vidéo. J’aurais capoté de voir ça sur grand écran à Québec, d’où je viens.

Comme Trainspotting, que vous avez présenté vendredi dernier?
J.-F.L. : Moi, je l’ai vu avant que ce soit un film-culte. À sa sortie.
Rappelle-moi l’année?
R.D. : 1996.
J.-F.L. : Voilà. C’était à l’avant-première, au [regretté] Cinéma Égyptien du centre-ville. C’est une des soirées de cinéma les plus marquantes de ma vie. J’avais même gagné un poster.

Vous aviez quel âge à l’époque, si ce n’est pas indiscret?
J.-F.L. : J’avais 19 ans.
R.D. : Moi, tu vois, je ne pouvais pas aller le voir, parce que j’avais 10 ans et que le film était classé «16 ans et plus». Donc, vendredi dernier, c’était comme une revanche. (Rires)

Dites : pourquoi les séances de Minuit ne commencent pas à l’heure promise par leur nom, mais bien à 23 h 30?
J.-F.L. : (Rires) C’est, entre autres, par respect pour les employés qui travaillent ici, puisqu’on ouvre à 13 h. Et puis, j’ai fait des sondages dans des salles d’art et d’essai aux États-Unis et la majorité programme ces séances à… 22 h.

Songez-vous à obtenir un permis d’alcool? Exclusivement pour les projections de Minuit?
R.D. : Oui pour le permis, exclusivement pour les projections de Minuit, non! (Rires) On travaille fort là-dessus. On sait que la demande est forte!

Vous avez inauguré votre événement en grand il y a deux semaines avec la version Black & Chrome du Mad Max: Fury Road de George Miller. Vos impressions?
R.D. : Ooooh, c’était incroyable! Ça m’a rappelé les photographies de Sebastião Salgado, des hommes qui travaillent dans les mines. Le noir et blanc apporte un côté extrêmement brutal, moins «comic book». J’ai lu des entretiens avec le réalisateur, qui disait que c’était sa vision initiale de sortir Fury Road en noir et blanc, même s’il n’a pas pu, en raison du studio. Désormais, je ne veux plus rien savoir de la version en couleurs! (Rires)
J.-F.L. : J’ai trouvé ça super beau. Le noir et blanc donne quelque chose de plus au film, fait ressortir son côté «auteur». Je pense le représenter à l’automne.

Ce soir, vous projetez Eraserhead, de David Lynch. Vos souvenirs, votre lien affectif avec cette œuvre?
R.D. : Ce film m’a traumatisé. Il m’a fait faire les pires cauchemars comme les plus beaux rêves. Il m’a aussi donné plein d’idées pour réaliser des films à mon tour, plus tard. J’ai hâte de le voir en salle, je l’ai seulement vu en DVD.
J.-F.L. : Moi, je l’ai regardé souvent à l’époque où je travaillais au club vidéo et où les soirées étaient, disons, euh, enfumées. (Rires) En fait, pour l’anecdote, c’est le dernier film que le Parc a montré avant sa fermeture en juin 2006. Et Inland Empire, c’est celui qui nous a relancés quelque temps après notre réouverture. Le Parc et Eraserhead (en fait, Lynch en général), c’est une histoire d’amour. C’est indissociable.

Tout sur la programmation : cinemaduparc.com

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