Soutenez

Hackers: comme un film d’action

Photo: Josie Desmarais

«On n’est pas dans un conte de fées, ici. Ce n’est pas toujours les bons qui gagnent.» Avec Hackers, série en deux tomes destinée aux ados – avec une pensée particulière pour ceux qui trouvent la lecture parfois difficile –, Isabelle Roy aborde les thèmes de l’amitié, de la loyauté, de la trahison. Kidnapping, poursuites endiablées et méchants en prime.

«Je voulais que Hackers se lise comme un film d’action», dit Isabelle Roy.

Ça se lit non seulement comme un film d’action. Ça se lit beaucoup aussi. Nombreux sont ceux qui ont craqué pour le premier tome, paru en septembre. Le second et tout nouveau volet devrait avoir un effet similaire. Car c’est avec cette même cadence, cette même touche de mystère, ce même côté entraînant que l’auteure québécoise replonge dans son univers de pirates informatiques, où les choses déboulent à toute vitesse.

Rapidement donc. En matière de films, il existe cette idée (à laquelle on croit quand même) qu’il y a peu de choses moins cinématographiques qu’un ordi. À part peut-être quelqu’un qui écrit devant. Qu’en pense la romancière? «Je ne crois pas que ce serait difficile de faire un long métrage avec Hackers! Parce qu’il y a des scènes énergiques. C’est sûr que si mes personnages ne faisaient rien et regardaient leur écran pendant 400 pages, ce serait long!»

En effet, ils font bien plus que végéter, ces trois amis qui terminent leur dernière année de secondaire – tout en ayant autre chose que le bal des finissants à l’esprit.

Il y a d’abord Alex, qui a perdu ses repères depuis que son père a été capturé par un groupe de dangereux pirates informatique, des griffes desquels il souhaite le libérer. 

À ses côtés, on trouve ensuite Camille, son amoureuse. Aussi câlée que lui en technologie, dont la spécialité est de «percer les secrets des gens». Une fille curieuse, sensible et attentive.

Et puis, il y a Benji, un attachant garçon, romantique au cœur brisé qui, dans ses temps libres, est aussi DJ (un hommage de l’auteure à ses amis musiciens, qui font du hip-hop).

Leurs parents sont loin, toujours absents, ou plus ou moins intéressés. Pas grave. Le sort du monde est entre leurs mains.

Entre les mains de l’auteure, c’est l’amitié qui prend une place capitale. «Je trouve que les ados ont souvent l’impression que les adultes ne comprennent pas leur vie, qu’ils les excluent. Même si ce n’est pas le cas. Je voulais que leur union tienne mes trois personnages.»

L’idée de la série lui est venue grâce à un prof qui lui avait raconté avoir demandé à ses élèves «de ne toucher à aucune technologie, aucune télévision, aucun téléphone, rien, pendant une semaine». «La plupart des jeunes ont répondu: souvent, il n’y a personne chez moi, je mange tout seul, mes parents arrivent tard du travail, je m’ennuie. C’est plate.»

Elle a donc voulu rendre ça moins plate pour les héros de son récit rythmé. Son ingrédient principal: le thriller, un genre qu’elle affectionne depuis l’enfance. «Je suis vraiment une auteure pop. Complètement, confie-t-elle. Je ne gagnerai peut-être pas de prix, mais ce n’est pas grave!»

D’ailleurs, au fil des pages, Isabelle Roy s’amuse, et ça se voit. Elle insère des idées qui font sourire, offre un clin d’œil au lecteur, fait sentir sa présence.

Par exemple dans ce passage où Alex a un rendez-vous en ligne avec des pirates informatiques qui l’accueillent en lui déclarant: «Vous allez entrer dans un univers interdit au commun des mortels. Vous devez vous plier à nos règles si vous tenez à la vie.» Sa réaction? «Alex leva les yeux au ciel. Les hackers aimaient beaucoup le sensationnalisme.»

«J’aime que ce soit drôle et léger, malgré le sentiment d’urgence. Mes personnages sont tout le temps sérieux, en train de décider de l’avenir de l’univers. J’ai voulu ajouter une touche humoristique, un côté léger, leur faire manger de la pizza, rigole l’auteure. Je me suis d’ailleurs fait avertir par mon éditrice: là, ça suffit la pizza, il faut qu’ils mangent autre chose!»

«Les jeunes sont fins! Ils sont cool! J’adore aller dans les écoles, les rencontrer. Leur dire que, même s’ils vivent des choses moins graves que mes personnages, c’est normal qu’ils trouvent ça gros, qu’ils aient de la peine.» –Isabelle Roy, auteure, qui prépare déjà un prochain roman jeunesse.

Ayant en exergue des maximes d’Anonymous, le fameux collectif né dans le cyberespace, les deux tomes entraînent le lecteur dans des endroits glauques, des quartiers crasseux de la ville. Ville par ailleurs jamais nommée, même si l’on se trouve principalement en son centre.

«Je voulais que, peu importe d’où ils viennent, les ados trouvent que, “Oh, ça pourrait être chez moi!” C’est pourquoi je suis restée vague, que j’ai évité les noms de rues, de lieux…»

Ce qu’elle a voulu éviter également: faire une copie des Millénium, de Stieg Larsson, dont elle est une grande fan. «J’ai ADORÉ le personnage de Lisbeth Salander! s’exclame-t-elle. Mais ce que j’ai surtout aimé, c’est qu’on sentait que ce qu’elle faisait était réel. Elle n’allait pas pirater la NASA en deux secondes. Et je voulais que, pour Alex et Camille, tout ne soit pas facile non plus.»

Pour s’assurer que ce soit réaliste, elle s’est documentée. Comme elle l’avait fait pour Les fées du phénix, sa trilogie parue de 2012 à 2014. «C’était du fantastique, mais il fallait quand même que je me renseigne. Si j’écris: “Elle est rose comme une crevette”, je dois savoir: y a-t-il des crevettes dans mon univers inventé? C’était compliqué! Pour Hackers, j’ai rencontré des informaticiens hyper doués. Même un qui, je l’ai compris plus tard, est réellement un pirate! Il m’a souvent surprise en me parlant de la facilité de certains actes. Comme pirater le Pentagone!»

Ce qui la surprend encore, ce sont les joies d’écrire pour les ados. Parmi celles-ci: l’enthousiasme des visiteurs dans les salons du livre. La lettre d’une maman qui la remerciait d’avoir écrit une histoire que son fils dyslexique avait dévorée. Cette jeune lectrice à l’anniversaire de laquelle elle s’est rendue, invitée par sa mère, qui lui a dit: «Ma fille vous aime full, elle va fêter ses 10 ans, elle aimerait trop vous rencontrer.»

Dans ces moments, Isabelle Roy éprouve une joie immense. «J’ai trouvé ça très difficile d’être ado. J’aimerais aujourd’hui aider les jeunes en leur parlant, en leur amenant quelque chose de différent.» Le voici.


Hackers 1
et 2
Aux Éditions Hurtubise

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.