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Cool comme Mac DeMarco

Photo: Kiera McNally/Collaboration spéciale

Après les journées de salade, non, de succès, de ses Salad Days, Mac DeMarco laisse place aux années qui s’annoncent tout sauf de chien avec This Old Dog. Un disque sur lequel le «vieux pitou» de 27 ans continue de verser dans son rock lo-fi joliment indolent.

Quand on le joint, Mac DeMarco nettoie sa van de tournée. Nettoie, un peu, sa deuxième maison. C’est qu’il est toujours sur la route, ou du moins souvent souvent, celui qui a grandi à Edmonton et qui a vécu partout. Dont à Montréal pendant pas mal de temps. Et à New York, où il a composé une bonne partie de son nouvel album, This Old Dog, enfermé dans sa chambre. Et puis à L.A., où il habite maintenant, «près du centre-ville, près des gens, là où sa blonde aime vraiment ça».

Lui, ce qu’il aime, c’est jaser avec des inconnus. «Parler de n’importe quoi, quoi.» Peut-être pour ça qu’en entrevue, on demande souvent à ce type, qui n’a pas l’air stressé par grand-chose, des devises de vie, des conseils de couple. «C’est marrant, beaucoup de gens, surtout les plus jeunes qui viennent à mes concerts, ne connaissent pas vraiment ma musique, mais ils ont vu mes pitreries et ils me trouvent drôle. Ça me va! C’est cool!»

C’est vrai qu’il est cool, Mac DeMarco. Et ça transparaît dans ses airs décontractés, sonores comme physiques. Même si ses prestations scéniques lui ont donné une image de «rock and roll freak» (ses mots, pas les nôtres) auquel il arrive de faire «bah, tu sais, ce genre de trucs». Et par «genre de trucs», il entend «baisser ses pantalons». Mais, comme il le remarque, «l’image ne lui appartient pas». «Moi, tout ce que je peux faire, c’est dire : voici ma musique, voici qui je suis. Si ça vous intéresse, super, si ça ne vous intéresse pas, pas de problème.»

Ceux qui, intéressés, écouteront, tomberont cette fois sur des pépites comme Dreams From Yesterday. Une pièce ensoleillée aux airs de bossa-nova qui traite de ces rêves d’hier qui viennent cogner à notre porte pour nous rappeler leur présence. Ou plutôt, leur absence récente. «Heille, salut, c’est nous, tes anciens désirs et ambitions. Nous as-tu oubliés?»

En composant ladite chanson, Mac s’est-il posé la même question? Après un de ces «hmmm» nonchalants dont il rythme ses discussions, il répond. «Hmmm. Je dirais que je suis plus vieux que j’étais hier. Et que mon existence est drôlement différente de celle que je menais à l’époque où je vivais dans des armoires à balais et où je n’avais pas un rond. Il y a des matins où je dois me pincer. Me dire allez mec! Sois reconnaissant! La vie est fucking bizarre, et ne la tiens pas pour acquise!»

Ce qui est tout aussi bizarre, selon lui: les artistes auxquels il se fait comparer. Au départ, il a souvent entendu «Lou Reed!» Plus récemment, quelqu’un lui a dit qu’il sonnait comme Chris Martin. «Hmmmmm. J’ai trouvé ça étrange. Mais je peux vivre avec ça. Je suis down avec Coldplay.»

Pourtant, il ne sonne en rien comme Chris M. sur This Old Dog. Même si, dans ses textes, il décortique davantage ses émotions, s’adonne à plus d’introspection. «Ouais…» lance-t-il, comme il le lance souvent. «Ouais… J’ai écrit beaucoup de ces chansons sans vraiment penser que j’allais les faire écouter à quelqu’un un jour. Donc… j’ai baissé ma garde un peu plus que d’habitude.»

«Je ne pensais pas: OK, je vais mettre ça sur un disque. J’enregistrais simplement des trucs pour le fun. Puis j’ai réalisé que j’aimais la plupart de ces trucs. J’en ai écrit quelques autres et hé! soudain, un nouvel album est sorti!» – Mac DeMarco

D’emblée, on le ressent. Sur la pièce d’ouverture, My Old Man, Mac regarde dans le miroir. Aperçoit quelqu’un. Ne le reconnaît pas. Puis, l’image se précise et il comprend. Il commence à voir un peu de son père en lui.

L’idée de livrer ce genre de chose sur disque, pas de stress. Mais sur scène, sent-il que ce sera plus troublant? «Peut-être. Ici et là. Reste que, puisqu’il s’agit de nouveau matériel, ce sera excitant.»

L’envie de renouvellement constant est d’ailleurs une chose qui le travaille. «Il y a un nombre limité de fois où un gars peut jouer une chanson et ne pas faire “Aaaarh, j’suis tanné!” De présenter ces nouveaux morceaux, ça va être sympa. Ça va être frais. Pendant un an environ.»

«Un an environ», c’est la durée moyenne avant l’expiration? Avant qu’une «nouvelle» chanson devienne officiellement «vieille»? Hmmmm. Il ne sait pas. Ce qu’il sait, par contre, c’est qu’en élaborant cet album, il a appris des choses sur lui. Pas mal de choses, en fait. «Tu sais, je grandis, je change. Mais au fond, j’essaye simplement d’être heureux. C’est mon but ultime. Et je pense que ça le sera toujours.»

Un autre de ses buts est de varier ses sonorités. Habitué à jouer de la guitare électrique, la préférant en show aussi, Mac agrippe ici l’acoustique. «Ça fait du bien de changer.» Il se risque même à un peu d’harmonica, un cadeau de Noël de sa belle-maman. «Eh! Ça m’a vraiment pris du temps! Je ne savais pas comment en jouer, j’ai essayé trois notes, je les ai mises sur l’album et yeah! Mais ça sonne cute, non?»

Très mignon, oui, comme cette très courte pièce de même pas deux minutes intitulée Sister – et adressée à cette dernière – qu’il place en milieu de parcours. «Je voulais juste lui lancer un p’tit “Comment ça va la sœur? Je t’aime! Je suis là même si je suis loin.”»

À l’image de cette chanson très personnelle, l’album traite beaucoup de sa famille, de sa blonde. «This Old Dog, c’est beaucoup moi qui essaie de comprendre ce qui se passe dans mon propre monde, dans ma propre tête. Moi qui tente de démystifier la nature de mes liens avec mes proches, de ce qu’ils devraient être, par opposition à ce qu’ils sont vraiment. C’est un disque très égoïste!»

Il exagère. Il n’y a rien d’égoïste dans One More Love Song. Ou, comme il la qualifie, «une classique chanson d’amour». Enfin, classique. À sa façon. C’est-à-dire «romantique semi-apathique».

Toujours dans le rayon du cœur, il y a aussi For the First Time. «Une petite toune sweet écrite pour ma copine, mais de sa perspective. Comme si c’était moi qui attendais à la maison que je revienne de tournée.»

Justement, en tournée en ce moment, celui que Les Inrocks ont qualifié de «musicien le plus cool de la galaxie» poursuit sa route, relaxe. Récemment, il a joué un rôle muet dans la comédie horrifique My Last Film. Un court métrage réalisé par son amie brooklynoise Zia Anger impliquant notamment un incident à l’arbalète. Il a trouvé ça «marrant», mais ne se voit pas poursuivre une carrière hollywoodienne. «Je pense que je serais poche! tranche-t-il. Mais peut-être que j’essaierai quand même.»

Comme il a essayé, ici, de «se trouver un peu». «Je passe beaucoup de temps dans un avion, dans un camion, sur une scène, fatigué. Cet album-ci, c’était pas mal moi qui m’assois et qui me dis : “Ah! Tiens! Mon ami! Où étais-tu passé?”»

Ici.

Mac DeMarco
Au Metropolis
Les 10 et 11 mai
Première partie: Tonstartssbandht

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