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Get Out: De la comédie à l’horreur

Photo: Universal Pictures
Lucía Hernández - Metro World News

Connu pour ses frasques dans la populaire émission Key & Peele, Jordan Peele est passé derrière la caméra pour réaliser Get Out, film où il aborde un sujet chaud aux États-Unis – le racisme – et qui sort maintenant en DVD après avoir été salué par les critiques.

Get Out est bien un film d’horreur, avec une touche humoristique dans le traitement de la question raciale. Ces trois éléments se combinent à merveille dans ce qui est la toute première réalisation de Peele. Depuis sa sortie, l’auteur et comédien s’attire les louanges de la critique et a même été nommé Réalisateur de l’année par l’Association des propriétaires de salles de cinéma des États-Unis.

Get Out est déjà considéré comme un phénomène aux États-Unis, où il a amassé 175M$US. Ce chiffre grimpe à 230M$US avec les entrées à l’international. Jordan Peele a discuté avec Métro de ses récents succès et de ses inspirations.

Comment s’est déroulé votre passage dans le siège du réalisateur?
C’était à la fois extrêmement difficile et extrêmement agréable. C’était si difficile qu’à la fin de la journée, je devais appeler ma femme pour lui raconter en pleurant à quel point c’était dur. Mais chaque matin, lorsque je me rendais sur le plateau, je me sentais vraiment vivant.

Comment aborder de front une réalité comme le racisme dans une industrie plutôt conservatrice comme le cinéma?
Lorsque j’ai commencé à écrire le scénario, je savais seulement que je voulais écrire un film d’horreur. Je ne savais pas où je voulais aller, mais je savais que je voulais traiter de la peur primale d’être le centre d’attention et de la peur d’être un étranger. Un jour, j’ai réalisé qu’il serait logique de faire un film d’horreur sur le racisme. Personne ne l’avait fait d’une façon significative pour moi depuis The Night of the Living Dead (1968). J’ai voulu combler ce manque et réaliser un film d’horreur réaliste.

«Le racisme est le monstre du film. C’est le méchant. Le film veut démontrer que le racisme a plusieurs facettes et qu’il se manifeste de plusieurs façons. Ce ne sont pas seulement les insultes ou la violence. Ce sont des attitudes subtiles ou condescendantes. Je voulais montrer que la conversation sur le racisme est loin d’être terminée.» – Jordan Peele, réalisateur

Outre The Night of the Living Dead, vous avez affirmé vous être inspiré d’autres films comme Stepford Wives et Scream. On note aussi l’influence de classiques traitant de l’esclavage, comme Autant en emporte le vent. Est-ce vraiment le cas?
Oui, bien sûr. J’ai inclus des petits hommages à mes films préférés. Stepford Wives et Rosemary’s Baby sont peut-être les films auxquels je fais le plus de clins d’œil. Ce sont des films qui m’ont beaucoup influencé parce qu’ils traitent de la question du sexisme de la même façon dont je voulais traiter du racisme. Lors du tournage, on a voulu reproduire l’atmosphère de films comme Halloween, The Shining ou Guess Who’s Coming to Dinner. Je n’ai pas eu peur de m’inspirer de films connus.

L’équilibre entre la comédie et l’horreur est difficile à atteindre. Comment y êtes-vous parvenu?
J’ai voulu que le film soit aussi réaliste que possible. Que ce soit de la comédie ou de l’horreur, l’important est que l’histoire soit plausible et crédible. Par exemple, en comédie, lorsqu’on exagère trop une blague, on peut briser l’impression de réalisme et toute la trame narrative s’écroule. Même chose lorsqu’on veut susciter la terreur. Et si les scènes d’horreur ne fonctionnent pas, les scènes comiques, qui servent à relâcher la tension, sont également moins efficaces.

Et comment avez-vous abordé la direction d’acteur?
Les comédiens ont été formidables. Selon moi, ils livrent les meilleures performances d’acteurs jamais vues dans un film d’horreur. Chacun est différent, chacun a sa méthode, ses instruments et sa façon de travailler. L’un des défis auxquels j’ai fait face était justement de m’adapter à leurs méthodes, et non l’inverse. Par exemple, Daniel [Kaluuya, qui joue le rôle principal] n’a pas besoin de beaucoup d’indications. Il suffit de lui expliquer l’émotion principale de chaque scène. Alison [Williams, qui joue sa petite amie] est beaucoup plus méticuleuse et a besoin d’être en contrôle de son art. Elle aime discuter de la scène et la disséquer. La rencontre des deux méthodes a créé un très beau résultat.

En DVD dès mardi.

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