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Anne-Marie Lobbe: Sur la route de l’écriture

Photo: Chantal Levesque

Dans son premier roman, Anne-Marie Lobbe raconte Une vie à quatre vitesses.

Elle écrit pour le magazine COOL!, le site de VRAK et de 
Télétoon la Nuit, signe une chronique sur la littérature jeunesse dans le Journal de 
Montréal… et elle traîne toujours sur elle un carnet rempli d’idées, tant pour des articles que des séries télé ou «d’autres livres». «Je note tout!» s’exclame Anne-Marie Lobbe.

Dans ces notes, il y avait, depuis longtemps, longtemps, un roman. Décliné en quatre parties, dédiées chacune à un personnage. Une fille issue d’un milieu aisé qui, derrière son égocentrisme, cache un grand cœur. Un jeune livreur de pizza drôle, timide et sympa, qui ne se trouve pas assez bien à son goût, «même s’il ressemble à Harry Styles». Une étudiante romantique et légèrement naïve qui trouve l’amour (peut-être) sur l’internet. Un garçon qui commence à faire de grosses bêtises pour oublier la maladie de son frère.

Entre ces quatre ados, un seul lien: une voiture, qui passe de l’un à l’autre au fil du temps. Amitié, amour, première fois, homosexualité, recherche de soi, délinquance… Les thèmes abordés sont nombreux dans ce récit ponctué d’éléments propres à l’adolescence – slush, musique, questions existentielles. Un récit situé dans une banlieue jamais nommée, que l’auteure, originaire de Laval, a voulu à la fois «drôle, léger, dramatique». Le résultat satisfait à tous ces critères.

Votre roman choral 
commence avec l’histoire d’une jeune fille populaire, qu’on dirait tout droit sortie d’un épisode de Gossip Girl (qu’elle adore d’ailleurs). Même si on finit par s’y 
attacher, était-ce un pari 
de commencer avec le 
personnage le plus difficile 
à aimer des quatre?
En fait, au départ, je ne voulais pas qu’on l’aime. Du tout! Mais je me suis dit: «Pauvre fille!» C’est pourquoi j’ai amené son côté plus humain, qui explique pourquoi elle est comme elle est. Reste que, oui, je souhaitais vraiment qu’elle soit complètement décalée, que ce ne soit pas le même univers du tout. Les trois autres sont plus attachants. Elle est sarcastique. Et c’est 
ce qui la rend le fun!

Dernièrement, il y a eu beaucoup de romans jeunesse dans lesquels les parents étaient complètement absents. Dans le vôtre, ils occupent une place de premier plan, même s’ils sont décédés ou partis au loin. Une décision prise d’emblée?
Je ne voyais pas mon histoire sans eux. Je trouvais que ça amenait quelque chose de différent à la personnalité des jeunes. À l’adolescence, les parents sont impliqués dans tous les aspects de la vie. Ils ont une influence importante.

Vous privilégiez une forme originale. Une des histoires, la troisième, se termine sur une finale floue, qui nous laisse avec nombre de questions, et la conclusion de votre roman est assez rentre-dedans. Avez-vous voulu faire complètement confiance à vos lecteurs, ne pas les prendre par la main pour tout leur expliquer?
Exactement. Mon roman est destiné aux 13 ans et plus. Ils sont capables de se faire leur idée. C’est une génération très allumée!

C’est dans cette même optique que vous parlez beaucoup de la mort, 
de la maladie?
Je voulais que ce soit un reflet de la vie. Tout n’est pas toujours beau. Et puis, je suis quelqu’un de très réaliste! Mes amis me le disent souvent: «Pfff! Toi et ton réalisme!»

À l’image de vos personnages, entretenez-vous une relation particulière avec votre voiture?
Oui! Elle est noire, comme dans le roman. Anecdote cocasse: le mois dernier, quand je suis sortie pour aller chercher mes pneus d’été dans mon cabanon, je me 
suis rendu compte qu’ils n’étaient plus là! J’ai tout 
de suite pensé à la dernière de mes histoires. Mon frère m’a d’ailleurs dit: «Ça doit être les gars qui volent la voiture dans ton roman qui les ont pris, ha ha.» J’étais comme: «Sérieux, tu te trouves drôle?» (Rires)

«Je trippe sur la musique! Quand je me lève le matin, la première chose que je fais, c’est allumer la radio. J’écris toujours en écoutant des chansons. Et je voulais que ça se sente dans mon livre.» –Anne-Marie Lobbe, sur les divers artistes mentionnés dans son récit, 
dont Kings of Leon, Vance Joy, Little Mix et Of Monsters and Men.

Vous abordez le thème de la perception erronée de soi dans la partie consacrée à ce jeune homme qui se trouve moche, malgré sa ressemblance avec la star d’un boys band. C’était important, de l’aborder du point de vue masculin?
Je trouvais ça bien de parler d’un ado qui se trouve ordinaire, mais qui ne l’est vraiment pas. Je trouve qu’on a moins souvent le point de vue des gars sur cette question!

Les réseaux sociaux sont présents, sans l’être trop. Vous avez un personnage qui en décroche complètement, une mère qui apprend à les utiliser pour flirter… Différents personnages, différentes approches?
Je voulais montrer que oui, maintenant, les réseaux sociaux sont très importants, mais que c’est possible de trouver un juste milieu. Il faut faire la part des choses, savoir que ce n’est pas nécessairement essentiel que telle ou telle personne ait «liké» ou pas ta photo!

Vous êtes de celles qui croient que «tout le monde a un livre en soi». Comment on se sent quand on sort son premier?
C’est étrange. C’était tellement un projet de vie pour moi! Je l’ai commencé il y a huit, neuf ans. J’habitais encore chez mon père, j’écrivais sur mon petit ordi dans ma petite chambre. J’ai écrit trois, quatre chapitres, les noms des quatre personnages principaux, je savais à peu près comment la voiture allait se transférer d’une personne à l’autre, mais j’ai laissé tomber quatre, cinq ans après. J’ai même failli l’effacer. Puis, un jour, je l’ai relu. Et je me suis dit: «Me semble que c’est moins poche que je pensais!» (Rires)

Vous vous êtes beaucoup attachée à vos protagonistes?
C’est drôle, une amie m’a demandé: «Lequel d’entre 
eux vit dans ta tête?» J’ai répondu: «Lequel vit? Dans ma tête?! Aucun!» Mais avec le temps, j’ai commencé à les visualiser, je me suis attachée. Et puis, il faut dire que j’ai mis un peu de moi dans chacun d’eux…


Une vie à 4 vitesses

En librairie
Aux Éditions Hurtubise

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