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Osheaga: Justice pour tous

Photo: Patrick Beaudry/evenko

De passage au parc Jean-Drapeau ce week-end, le duo électro français Justice est revenu sur sa décennie d’existence, de Cross à Woman, sur scène comme avec nous.

La dernière fois que vous êtes venus à Osheaga, en 2012, vous nous disiez que vous «n’avez jamais réellement su ce que les gens attendaient de vous». Cinq ans et un album plus tard, est-ce toujours le cas?
Xavier de Rosnay: Bien sûr! Je pense qu’on ne le saura jamais vraiment. Et on ne veut pas le savoir. Ça nous empêche de nous poser des questions. Et de continuer à faire les choses librement et avec fraîcheur.

Vous disiez aussi qu’il y a des gens qui viennent pour vos chansons plus pop, d’autres pour vos chansons plus violentes, d’autres parce qu’ils trouvent Gaspard vraiment beau. Ça, ça ne change pas non plus?
Gaspard Augé: [Subtil sourire content]
Xavier: Non!

Cross, que vous avez fait paraître en 2007, et Audio, Video, Disco, sorti en 2012, vous dites les avoir faits pour «impressionner vos amis producteurs». Woman, lancé en 2016, vous l’avez fait pour… vous faire plaisir? Faire plaisir à vos fans?
Xavier: Toujours pour nous faire plaisir à nous. C’est vrai que Woman est un truc un peu moins show off. En même temps, on n’a jamais eu autant d’amis producteurs qui nous ont dit qu’ils ont trouvé ça hyper bien. C’est marrant. La différence entre les intentions et le résultat est toujours énorme. C’est une bonne chose.

Pour le clip de la chanson Fire, réalisé par Pascal Teixeira, vous rouliez en voiture avec Susan Sarandon. Une expérience marquante?
Xavier: C’est la seule vidéo qu’elle ait faite de sa carrière! On voulait une femme qui soit une icône du cool et qui ait dépassé les questions d’âge, de beauté physique, d’actualité. Elle est très très belle encore à 70 ans. Ce n’est pas une starlette. Elle restera cool quoi qu’elle fasse. On ne l’aurait pas fait avec une actrice de 25 ans qui est à la mode maintenant. Ça n’aurait pas eu de sens.

Vous-mêmes, vous vous sentez comme des icônes du cool?
Xavier: C’est un peu tôt pour le dire. On est encore jeunes!
Gaspard: Malgré tout!
Xavier: Quand on aura 70 ans, on verra.

Soixante-dix ans, c’est l’âge pour le savoir? C’est jusque-là qu’il faut attendre?
Xavier: En tout cas, il faut attendre qu’il n’y ait plus d’effet de mode, plus de jeunesse, voir ce qui se passe.

«Reason-season n’est pas la rime la plus riche de l’histoire de la poésie contemporaine. Mais on essaie, avec peu de mots, de dire des choses que chacun peut comprendre.» – Xavier de Rosnay, au sujet de la chanson Fire

Vos textes vont droit au but, les rimes sont efficaces, simples. Vous l’assumez?
Xavier: Ah oui! Complètement. Le côté simple des paroles, c’est même un truc de recherche. Par exemple, dans Love S.O.S., qu’on a composée avec le chanteur [Romuald Lauverjon], il y a six mots en tout. D’arriver à un truc aussi simple, un refrain, en boucle, avec très peu de mots, c’est le mieux, pour moi.

Cross et Audio, Video, Disco étaient peut-être des disques sur lesquels les gens faisaient la fête, se défonçaient… Woman incite peut-être plus à la communion?
Xavier: Ah non, ce n’était pas des disques de drogue!

Non, non, ce n’est pas ce qu’on a dit! (On voulait dire «défoncer» dans le sens de «lâcher son fou».)
Gaspard: La communion, ce n’est pas quelque chose qu’on rejetait. Mais on était plus dans une période d’expérimentation. C’est vrai que là, avec Woman, de par le titre, de par l’humeur dans laquelle on était quand on a fait ce disque, on était naturellement moins attiré par une musique agressive. Ou dark. Mais t’as quand même des moments pour sortir de ce côté accueillant, comme Heavy Metal et Chorus. Parce que ça fait aussi partie de la musique qu’on aime. On a toujours essayé de combiner notre amour de la pop, et les choses un peu violentes, excluantes.

La chanson Stop, «so many nights, so many memories», est-elle née d’un sentiment de nostalgie?
Xavier: Non, non… C’est vrai qu’il y a un peu de ça. Mais c’est une chanson – j’essaie de ne pas faire d’anglicismes – qui va de l’avant aussi. C’est une chanson d’amour qui parle aussi du fait d’être deux dans un groupe. Une chanson de bromance.

Parlant de votre «bromance», apparemment, le seul désaccord que vous avez, c’est au sujet de l’utilisation de l’autotune. C’est résolu?
Xavier: Ce n’est pas le seul, mais ce désaccord continue, oui! Moi, j’aime beaucoup l’Autotune. Il y a certains morceaux de Kanye, où il sonne comme un bouc, que je trouve assez cool!
Gaspard: Moi, pareil. Je ne suis pas contre quand c’est bien fait. C’est juste quand il y en a trop et que tout le monde chante un peu de la même façon, avec le même traitement. C’est un peu épuisant. C’est comme si tu devais manger le même plat tous les jours de ta vie. Il y a un moment où ça devient écoeurant, quoi.

Pour conclure, à quel point êtes-vous tannés de vous faire demander si vous êtes Daft Punk (sans les casques)?
Gaspard: Ça n’arrive plus beaucoup!
Xavier: Hélas, c’est fini!

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