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Frédérique Dufort: conseils d’amie en série

Photo: Karine Lévesque | Gracieuseté

Le livre Fais-le pour toi!, Frédérique Dufort l’a écrit en pensant à toi. Et toi. Et toi. Et toi aussi.

L’actrice de 22 ans a planché sur son livre pendant des années. C’est son premier. «Mon bébé», dit-elle. C’est aussi, un peu, un manuel pour les jeunes. Un peu un guide à l’attention des parents. Un peu un témoignage personnel. Un peu une réflexion sur la vie. Un peu un carnet de souvenirs.

Optant pour un ton amical, «je vous comprends, je suis passée par là, je le vis parfois encore», elle dresse la liste des types de copains à éviter, propose des façons de se motiver quand l’école ne le fait pas, suggère des idées pour évacuer le stress, revient sur l’intimidation dont elle a été la cible «sans le savoir» et rend hommage à son petit frère, Philippe-Olivier, célébrant du même coup sa différence, la différence.

Celle qu’on a vu au petit écran dans Unité 9 et la série jeunesse Tactik, et au cinéma dans Un été sans point ni coup sûr, souhaite ainsi donner une tape dans le dos à ceux qui en ont besoin, tendre la main aux autres qui ont momentanément trébuché sur un défi du quotidien, faire rigoler et dire que ça va bien aller. Pour de vrai, ça va aller.

Vous répétez beaucoup de conseils qu’on entend souvent. On ne peut pas plaire à tout le monde, par exemple. Les classiques restent des classiques?

Personnellement, je tends à écouter tout le monde… sauf les gens que je devrais écouter! Ceux qui m’aiment vraiment! Plus jeune, quand ma mère me disait : «Tu es belle», je ne la croyais pas, et je lui répondais : «Oui, mais c’est ta job de me le dire!» (Rires) J’ai donc voulu me placer dans le rôle de la «personne extérieure». Je ne suis pas psychologue. Mais j’utilise mon expérience pour éviter des erreurs aux autres. Ou pour les aider à se relever après en avoir fait. Parce que les erreurs, c’est important!

Vous abordez notamment la culture actuelle du «je me moi qu’on dénigre tant», notant que vous voulez en faire ressortir le beau. Votre message global serait-il de toujours voir le positif?

Je veux faire ressortir le beau, oui, mais garder en tête que ce n’est pas vrai que ça peut juste être positif. Je veux montrer que, plus on partage du positif, plus on a de chance d’en trouver. Mais dans le négatif, on peut trouver du positif et la force de se relever.

Parlant de négatif, vous consacrez une partie de votre livre au thème de l’intimidation et vous racontez en avoir subi «sans le savoir». Pour montrer qu’il en existe diverses formes?

Oui. Je pense que j’étais naïve et innocente (et je suis contente de l’avoir été!). Qu’on s’attaque à moi, ça me dérangeait moins. C’est quand on s’attaquait aux plus faibles ou aux plus jeunes que ça me faisait de la peine. J’avais beaucoup de «raisons» de me faire écœurer : ma mère travaillait au service de garde, mon frère est autiste, je suis comédienne, je n’étais jamais à l’école, je passais à la télé… tout était un peu bizarre dans mon univers. J’ai décidé que si je ne m’entendais pas bien avec certaines personnes, c’est parce qu’elles n’étaient pas assez matures et qu’on ne se comprenait tout simplement pas.

Vous parsemez votre livre de citations de Harry Potter et de références au hockey, à Slap Shot, aux Boys. Impossible de passer à côté? Ça fait trop partie de vous?

Im-pos-si-ble! Harry Potter, c’est ce qui a fait en sorte que j’aime lire. J’avais six ans, je lisais le premier tome à répétition. Je me retrouvais là-dedans. Je m’évadais. Pour ce qui est de Slap Shot, je regardais ça avec mon père. Je trouvais ça drôle! Il y avait des sacres, mais moi je n’avais pas le droit d’en utiliser! Une fois, j’avais osé traiter mon père de «twit». J’avais 14 ans. C’était une blague, mais ça n’avait tellement pas passé! J’ai été en pénitence pendant une semaine. Ih! Imagine aujourd’hui! «Twit»!

Parlant d’insultes ayant changé, vous rappelez notamment qu’autrefois, «cassé!» était une expression de choix. Trouviez-vous intéressant de voir comment «les mots à la mode» se transforment?

Je ne voulais pas sortir un langage trop familier. Je voulais que les jeunes se reconnaissent, sans dénigrer la langue française. Dans une de mes réécritures, j’ai décidé de me laisser aller et d’écrire comme je parle à mes amis. Considérant qu’aujourd’hui, à 10 ans, on parle comme à 20! Par exemple, j’ai utilisé «tu m’as dead» ou, dans sa version française, «je suis bouche bée». Ça m’a amusée, mais j’ai vite réalisé que c’était épouvantable! J’ai donc choisi d’utiliser le ton «C’est Frédérique qui parle, directement, mais comme une adulte».

«En feuilletant mon livre, les gens vont voir le résultat final. Quelque chose de beau qui porte ma touche, ma couleur, et les conseils de toutes les personnes qui m’ont épaulée pendant l’écriture. Ils ne verront pas les nuits passées à me questionner… et à sacrer!» -Frédérique Dufort, sur l’importance de ne pas juger uniquement le résultat, mais toute la route parcourue pour y arriver.

Vous dressez aussi une liste des amis à éviter. L’ami manipulateur, l’ami fantôme, l’ami toxique… Est-ce une chose que vous avez retenue de votre adolescence qui s’avère toujours aussi juste
à l’âge adulte?

En fait, en écrivant, j’avais toujours les deux côtés de la médaille. D’un côté, j’analysais ce que je vivais quand j’étais adolescente; de l’autre, ce que je vivais désormais au quotidien. Il s’en est passé des choses pendant les trois ans que ça m’a pris pour finir le livre! C’était la perception de moi, adulte, qui fait encore les mêmes gaffes.

Vous rappelez à quelques reprises que vous ne connaissez pas les solutions à tous les problèmes. C’était un aspect important à souligner, on imagine? Dire : «J’ai acquis de l’expérience, j’ai du recul, mais je n’ai pas forcément de réponses»?

Oui. Ce qui m’aide, c’est que les gens ne me donnent pas vraiment d’âge. Certains pensent que j’ai 26. D’autres 15. Je suis floue. (Rires) Je pense donc pouvoir toucher autant les parents et les enseignants que ceux qui vont entrer au secondaire et qui sont effrayés par ce milieu, tout comme ceux qui y sont présentement, et qui sont effrayés aussi! C’est rare que quelqu’un nous explique comment nous adapter.

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Pour Philou
Une grande partie du livre de Frédérique Dufort est dédiée à son «frère VIP», soit «very important Philou». À savoir, Philippe-Olivier, qui souffre d’autisme, et qui est une source d’inspiration immense pour elle. «Les gens ont tendance à remettre en question ce qu’ils ne comprennent pas, à en avoir peur. Ils n’ont pas conscience de la teneur de leurs mots.»

L’auteure en a récemment eu conscience lorsqu’un jeune a lancé, en pointant son frère : «Heille, c’est un dude qui tape des mains!»

«Je lui ai dit : “Le dude s’appelle Philippe-Olivier, se souvient-elle. Il est heureux dans la vie! Il tape des mains. Tape des mains avec lui et tu vas voir, ça va te faire plaisir. OK, c’est bizarre, des fois, il rit tout seul. Mais toi aussi, des fois, tu ris ou tu parles tout seul. Lui, ça lui arrive juste plus souvent! On est tous différents. Et ce serait don’ platte si on ne l’était pas!”»

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En librairie
Aux Éditions de La Bagnole

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