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World Press Photo 2017: arrêt sur images

FILE - In this Monday, Dec. 19, 2016 file photo Mevlut Mert Altintas shouts after shooting Andrei Karlov, right, the Russian ambassador to Turkey, at an art gallery in Ankara, Turkey. Associated Press photographer Burhan Ozbilici won the 2017 World Press Photo competition Monday Feb. 13, 2017 for the image. It was part of a series titled "An Assassination in Turkey" which also won the Spot News - Stories category, captured in the moments before and after Altintas, an off-duty policeman, drew a handgun and shot Karlov at a photo exhibition. (AP Photo/Burhan Ozbilici, File) Photo: Burhan Ozbilici | The Associated Press

L’exposition du World Press Photo 2017 s’ouvre aujourd’hui au Marché Bonsecours, à Montréal. On peut y voir jusqu’au 1er octobre 152 images jugées comme étant les meilleures photographies de l’année 2016. Deux lauréats commentent leurs clichés.

«J’ai fait mon travail»

Le photographe turc Burhan Özbilici a remporté le prix de la Photo de l’année pour son cliché de l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie Andrey Karlov par Mevlüt Mert Altıntaş.

Comment s’est déroulée la scène?
Je ne planifiais pas aller à cette exposition de photos. J’y étais pour voir un ami. Je prenais des photos très sympathiques de M. Karlov et, tout à coup, il y a eu des tirs. Il y avait deux ou trois rangs de gens qui l’écoutaient. Ils sont tous partis, alors je me suis trouvé face au tireur, à 5 ou 6 m. J’ai eu peur, mon cœur battait très fort, mais je n’ai pas paniqué. Fuir ne m’est pas apparu comme une solution, parce que je ne savais pas s’il y avait d’autres terroristes ou d’autres tireurs. En tant que journaliste je devais rester faire mon travail.

Il a commencé à crier «Allahu akbar» et des mots dans une langue que je ne connaissais pas. Mais je n’y ai pas prêté attention, car j’étais très concentré. J’analysais ses mouvements pour savoir si c’était dangereux. Je ne bougeais pas beaucoup, pour ne pas le provoquer. À un moment, il a pointé son arme sur nous, mais n’a pas tiré. Quand il a été plus loin, j’ai pris des photos des gens paniqués derrière moi.

Y avait-il d’autres photographes, qui auraient pu capter la scène?
Mon ami avait fait de belles photos, mais était déjà parti. D’autres caméras étaient là, mais c’était difficile de rester. Moi, je l’ai fait en espérant un miracle, mais j’avais confiance en moi.

Vous avez couvert la guerre du Golfe et la guerre civile syrienne. Cela a-t-il tout de même été le moment le plus difficile de votre carrière?
Oui, ç’a été le plus dur. Je me suis dit qu’on allait peut-être tous mourir, mais je voulais mourir avec honneur.

La force du journalisme et des mots est grande, alors je devais rester. Je me suis dit que je représentais tous les journalistes, du Chili à la Mongolie, et j’ai senti leur support; que s’ils me voyaient à ce moment, ils me diraient : «Burhan, reste et fais ton travail.»

J’ai aussi réfléchi à différents scénarios : si le tueur m’interpellait, comment le contrer, comment l’arrêter? Des gens hurlaient derrière moi, mais je ne les entendais plus. Les forces de sécurité ont dû me tirer à l’extérieur.

Vous a-t-on fait des critiques négatives, la photo étant explicite?
Non pas de critiques sérieuses. Il n’y a pas de manipulation. C’est la réalité. J’ai fait mon travail pour tous les bons journalistes.

Tensions et traditions

Amber Bracken a effectué de nombreux voyages sur plusieurs mois à Standing Rock, dans le Dakota du Nord. La photographe canadienne a été un témoin privilégié de la contestation contre le pipeline Dakota Access et a remporté le premier prix dans la catégorie Sujets contemporains.

«Ce travail m’est très cher, car c’est près de préoccupations que nous avons aussi au Canada en ce qui a trait à l’exploitation du territoire et aux droits des Autochtones», soutient-elle. La photographe croit qu’il est important de souligner que les protestataires n’étaient pas toujours en train d’affronter les forces de l’ordre, comme le montrent bien ses photos. «La prière dominait la vie du camp et c’est devenu un espace de tradition où des jeunes ont pu apprendre des enseignements de leurs aînés, mais il y avait aussi bien sûr cette tension et cette pression de l’extérieur avec les policiers antiémeutes», illustre-t-elle.

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