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Vu du pont: la victoire des passions tristes

Photo: Yves Renaud / Collaboration spéciale

C’est une grande relecture du classique Vu du pont d’Arthur Miller que présente le TNM.

En bonne partie grâce à la performance époustouflante de François Papineau et de la mise en scène efficace de Lorraine Pintal, on sort littéralement soufflé de la reprise du classique Vu du pont du grand dramaturge américain Arthur Miller, présentée ces jours-ci au TNM.

Tragédie sous haute tension, l’œuvre écrite par celui qui était un fervent admirateur de la tragédie grecque demeure d’une formidable actualité. Si l’action se déroule en partie dans le port de Red Hock, à l’ombre du pont de Brooklyn, vers 1955, année de la création de la pièce, les thèmes abordés font allusion d’étonnante façon à la question des clandestins, mais aussi au désir et à l’interdit, au déni, à la notion de crime d’honneur et, de manière sous-jacente, à la délation et au fascisme, puisque nos protagonistes sont issus de l’Italie mussolinienne.

Ayant pris sa nièce sous son aile à la mort de sa sœur, Eddie Carbone, un docker, accueille avec sa femme, Béatrice, deux cousins de celle-ci, Marco et Rodolfo, qui arrivent clandestinement d’Italie. Le quotidien de tous va commencer à tanguer lorsque Catherine, la nièce en question (excellente Mylène St-Sauveur), et le plus jeune des cousins commencent à se faire les yeux doux. D’autant plus que le blond cousin semble avoir des penchants homosexuels, ce qui détonne dans ce milieu ouvrier. Est-il sincère ou simplement intéressé par la citoyenneté qu’offrirait un mariage avec la belle? Qu’importe, cette danse nuptiale renvoie Eddie à son désir inconscient et inavouable pour sa tendre nièce qui, de son côté, ne fait rien pour dissiper les malentendus jusqu’à…

Cette pièce de l’ex-mari de Marylin Monroe, auteur de la virilité fragile qu’on a parfois qualifié de marxiste, brosse un tableau à la fois juste et nuancé de certaines de ces passions, parfois tristes, dont parlait Spinoza, qui donnent peut-être un sens à l’aventure humaine. À voir absolument.

«La vérité est moins grave que le sang.» – Alfieri, le personnage de l’avocat (Paul Doucet) et narrateur qui, en brisant le «quatrième mur», pressentait la tournure tragique des événements.

Vu du pont, au TNM jusqu’au 9 décembre

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