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Achat d'Atlantic: Cogeco se fait rassurant

MONTRÉAL – Le grand patron de Cogeco Câble (TSX:CCA), Louis Audet, assure que l’acquisition du câblodistributeur américain Atlantic Broadband, annoncée mercredi au coût de 1,36 milliard $ US, ne tournera pas au vinaigre comme l’achat de l’entreprise portugaise Cabovisao, il y a six ans.

«Je trouve que c’est une comparaison qui n’est pas entièrement juste et la raison pour laquelle je trouve ça, c’est que l’économie américaine n’a rien à voir avec celle du Portugal», a déclaré M. Audet au cours d’un entretien téléphonique.

De plus, a-t-il ajouté, les habitudes de consommation des Américains sont beaucoup plus proches de celles des Canadiens que de celles des Européens.

Les investisseurs n’ont toutefois pas montré la même confiance, mercredi. Ils ont fait chuter de 15 pour cent l’action de Cogeco Câble, qui a perdu 6,60 $ pour clôturer à 37,90 $ à la Bourse de Toronto. Un cours aussi bas n’avait pas été atteint depuis l’automne 2010.

Les analystes financiers ont également mal accueilli la transaction, tout comme l’agence de notation DBRS, qui a placé la cote de crédit de Cogeco Câble sous examen «avec implications négatives».

Atlantic Broadband dessert près de 252 000 clients avec ses services de vidéo numérique, d’Internet haute vitesse et de téléphonie. L’entreprise est présente dans l’Ouest de la Pennsylvanie, à Miami Beach (Floride), au Maryland, au Delaware et en Caroline du Sud.

Pour le quatrième câblodistributeur en importance au Canada, il s’agit d’une première incursion en sol américain.

«Nonobstant toutes les nouvelles économiques qu’on lit, il n’en reste pas moins que l’endroit où tous les investisseurs veulent être, c’est les États-Unis, et nous avons la chance d’y mettre les pieds à des conditions raisonnables», a affirmé M. Audet, qui voit Atlantic Broadband comme la future «base de croissance» de Cogeco aux États-Unis.

«Après avoir examiné plusieurs occasions d’achat aux États-Unis, je pense que nous en avons trouvé une qui est excellente et qui nous permet d’entrer d’une façon ordonnée dans des marchés qui sont financièrement sains et qui ressemblent beaucoup, socialement, aux marchés qu’on dessert au Québec et en Ontario, a-t-il soutenu. Ce ne sont pas des marchés urbains, mais plutôt des marchés suburbains et ruraux.»

Atlantic Broadband a été fondée en 2003 par les entrepreneurs Dave Keefe et Ed Holleran grâce à une injection de capitaux des firmes d’investissement ABRY Partners et Oak Hill Capital. L’entreprise valait alors 815 millions $ US (270 millions $ US en capital-actions et 545 millions $ US sous forme de dette). ABRY et Oak Hill encaissent donc un joli gain avec la vente à Cogeco.

Le prix d’achat de 1,36 milliard $ représente 8,3 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) d’Atlantic Broadband, un ratio comparable à celui auquel d’autres transactions semblables ont été conclues aux États-Unis dernièrement, mais largement supérieur au ratio auquel s’échangeait l’action de Cogeco Câble avant l’annonce de mercredi (cinq fois le BAIIA).

Comme la pénétration d’Atlantic dans ses marchés est inférieure à la moyenne de l’industrie, Cogeco estime que le 14e câblodistributeur en importance aux États-Unis recèle encore un grand potentiel de croissance.

Au terme de la transaction, Cogeco Câble comptera plus de 1,1 million de clients au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Ses revenus augmenteront de 350 millions $ US et son BAIIA, de 154 millions $ US.

Cogeco espère que sa plus grosse taille lui permettra d’obtenir de meilleurs prix pour l’acquisition de matériel, d’émissions de télévision et de films.

Défis

À l’instar des autres câblodistributeurs nord-américains, Atlantic Broadband fait toutefois face à de nouveaux concurrents — les services internet comme Netflix et la télévision par fil téléphonique — de sorte que le nombre de ses abonnés est en baisse.

«Au lieu de faire des acquisitions dans de nouveaux marchés, nous croyons que l’entreprise serait mieux servie en remettant aux investisseurs l’argent qu’elle a durement gagné au Canada par l’entremise du dividende», a commenté l’analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, qui aurait préféré que Cogeco effectue une acquisition au Canada ou qu’elle investisse davantage dans son réseau existant.

M. Yaghi et son collègue Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, ont tous deux noté que la transaction faisait en sorte de dégrader le profil de risque de Cogeco Câble et qu’elle pourrait constituer une source de distraction pour ses dirigeants.

Cogeco Câble entend financer l’acquisition en utilisant ses liquidités, sa facilité de crédit à terme renouvelable d’approximativement 550 millions $ et d’un prêt à terme de 660 millions $ engagé au niveau d’Atlantic Broadband. Son ratio d’endettement par rapport au BAIIA passera de 2,7 fois à 3,1 fois, ce qui est toutefois inférieur au ratio de 4,9 fois enregistré après l’acquisition de Cabovisao, en 2006.

L’achat d’Atlantic Broadband est assujetti à de nombreuses approbations réglementaires. Cogeco compte clôturer la transaction d’ici la fin de l’année.

Cogeco Câble avait acquis Cabovisao pour 660 millions $. Le jour de l’annonce, l’action de Cogeco Câble avait perdu près de 17 pour cent de sa valeur.

En février dernier, Cogeco Câble a revendu Cabovisao au groupe européen Altice pour à peine 60 millions $.

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