Soutenez

Cinéma de l’étrange et du malaise

Photo: Collaboration spéciale
Gregory Wakeman - Metro World News

Le réalisateur Yorgos Lanthimos et la star montante Barry Keoghan décortiquent le thriller horrifique The Killing of a Sacred Deer. Ou, comme on pourrait le surnommer, le film le plus étrange de l’année.

Lorsqu’on lui demande quelle a été sa première réaction en parcourant le scénario de The Killing of a Sacred Deer, Keoghan répond qu’il s’est exclamé: «Comme c’est tordu!» «Les dialogues sont magnifiques, et si poétiques à réciter. Ils ont tant de couches! Mais, durant le tournage, je n’ai pas posé trop de questions – parce que je savais que je n’aurais pas de réponses. Je me suis simplement laissé porter.»

Il est indéniable que le scénario signé par Efthymis Filippou et Lanthimos (l’homme qui nous a donné le parfaitement étrange The Lobster) a été écrit pour déstabiliser et hanter. Et ce, de plus en plus, au fur et à mesure que le temps avance. Mais le jeu de Keoghan, qui incarne un adolescent faisant souffrir la famille de l’homme que personnifie Colin Farrell, est également (et instantanément) perturbant. Ce jeune devient d’ailleurs de plus en plus désagréable alors que passent les minutes.

Il s’agit, et de loin, d’une des performances les plus épatantes de l’année. Keoghan fait même de l’ombre à ses célèbres coéquipiers, que ce soit Colin Farrell, Nicole Kidman ou Alicia Silverstone.

Lanthimos admet qu’il a fallu beaucoup de temps pour dénicher cette pépite de Keoghan. L’équipe a visionné les vidéos d’audition de centaines d’enfants de partout dans le monde avant de choisir l’Irlandais de 25 ans. Ce qui a joué en sa faveur? Sa présence, sa façon de transformer le scénario en quelque chose de beaucoup plus intéressant et complexe.

Pour commencer, pouvez-vous nous dire pourquoi The Killing of a Sacred Deer a des airs de documentaire?
Barry Keoghan: J’ai regardé beaucoup de documentaires mettant en scène des enfants. J’ai voulu reproduire cette façon qu’ils ont de ne pas s’en faire avec la caméra, d’être si présents. J’ai voulu reproduire cette attitude.
Yorgos Lanthimos: C’est vraiment difficile, avec des acteurs, de reproduire cet effet de documentaire, car la caméra est très présente. Ce que j’essayais de faire, c’est de parler le moins possible des scènes, des personnages, de la raison pour laquelle ils posent les gestes qu’ils posent, leurs motivations. Plutôt que de remplir leur esprit d’information sur leur façon de parler, de bouger.

«Tourner aux États-Unis m’a beaucoup plu. Surtout que nous nous trouvions à Cincinatti et pas à New York ou à L.A. Nous sentions que les gens voulaient faire partie de l’expérience. Ils nous invitaient chez eux, nous offraient un coup de main, nous accueillaient à bras ouverts.» – Yorgos Lanthimos, réalisateur grec, sur son expérience de tournage américaine

Vous avez joué sous la direction de Christopher Nolan dans Dunkirk. Qu’est-ce que ça fait de passer ensuite devant la caméra de Yorgos Lanthimos?
B. K. : J’ai effectivement enchaîné Dunkirk et The Killing of a Sacred Deer. Évidemment, cela implique de grands changements sur le plan du plateau et de l’ambiance. Mais ils sont quand même similaires, Chris et Yorgos, dans le sens où ce sont des hommes de très peu de mots et qui sont très précis dans leurs directives. Ce sont des génies. Ils ont créé des mondes uniques, autant Chris avec Inception que Yorgos avec The Lobster.

Et jouer un vilain, c’est aussi plaisant qu’on le dit?
B. K.: En fait, je n’ai pas joué ce rôle du point de vue d’un vilain. Je ne l’ai même jamais perçu comme un vilain, ce gamin. Pas avant le tout premier visionnement, du moins. Quand tout le monde s’est mis à me dire: «Ouain. Il est vraiment méchant.» Moi, je leur demandais: «Pour vrai?» C’est vraiment lorsque j’ai vu le film que j’ai réalisé à quel point il était menaçant. Mais tous les personnages de cet univers le sont, au final.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.