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La fièvre musicale de Wicked

Photo: Joan Marcus

Dix ans après avoir jeté son sort sur Broadway, la comédie musicale Wicked amène son lot de prestations magiques à Montréal.

Le théâtre musical, qu’on pense à West Side Story et à son hymne qui se moque quelque peu de l’Amérique (America) ou à Rent et à son ode à la vie (Seasons of Love), est synonyme de Broadway.

Après avoir proposé pour la toute première fois aux Montréalais la comédie musicale Le Roi lion l’été dernier, evenko, en collaboration avec Broadway Across Canada, poursuit cette année sa mission de faire découvrir les comédies musicales aux Québécois avec Wicked, un véritable phénomène culturel au sud de la frontière depuis 2003. Inspiré d’un roman de Gregory Maguire (Wicked: The Life and Times of the Wicked Witch of the West), Wicked reprend quelques personnages clés du mythique Magicien d’Oz, se penchant cette fois sur l’histoire inédite de ses sorcières, bien avant l’arrivée de Dorothy.

Métro a assisté à une représentation du spectacle présentement en représentation à Ottawa, et qui s’arrêtera ensuite à Montréal du 1er au 26 août, en version originale anglaise avec sous-titres français (mis à part les chansons). La pièce de Stephen Schwartz, vue par plus de six millions de personnes depuis sa première en 2003, raconte l’histoire d’Elphaba, future Méchante Sorcière de l’Ouest qui, avec sa peau vert émeraude et ses pouvoirs de sorcellerie, est la paria de sa famille.

Exclue et incomprise de tous, elle voit son père l’envoyer à l’université, où elle partage une chambre avec la ravissante, mais profondément superficielle Glinda. Les deux filles deviennent amies, vivent l’arrivée d’un prince charmant et rendent visite au mystérieux Magicien, qui ne sera peut-être pas l’homme tout-puissant qu’il prétend être…

«Le plus grand défi pour moi, c’était de résister à la tentation de jouer Elphaba en Méchante Sorcière de l’Ouest, surtout que j’ai vu le Magicien d’Oz tellement souvent!» nous dit la très allumée Christine Dwyer, qui prête ses traits (et sa merveilleuse voix de mezzo-soprano) à la sorcière altruiste, lorsque nous la rencontrons au Centre national des Arts, à quelques heures d’une représentation de Wicked. «Tu ne veux pas en faire la sorcière clichée. Elle n’a pas de nez crochu ou de verrues… Ce n’est qu’une incomprise!» (Rires)

Cette pièce à grand déploiement – avec singes volants, orchestre livrant les désormais classiques Popular et Defying Gravity, costumes éclatants pouvant peser jusqu’à 40 lb, décors et éclairages plus qu’élaborés – a battu des records à la billetterie dans toutes les villes où elle a été présentée. Selon les principales interprètes, Wicked aura été pour plusieurs spectateurs vivant en dehors des grands centres urbains leur premier contact avec la tradition musicale de Broadway.

Pour Jeanna de Waal, qui campe de façon magistrale une Glinda frisant souvent l’excès et la démesure, les spectateurs réagissent bien différemment à l’humour de la pièce d’une ville à l’autre. «À certains endroits, ce sont les moments dans la plus pure tradition slapstick qui font rire, tandis que d’autres préfèrent l’humour subtil qui passe souvent au-dessus de la tête des plus jeunes. C’est bien intéressant.»

Les parallèles plus politiques que trace le récit, soulevant un tas de questions éthiques en lien avec la répression de nos gouvernements et même la défense des animaux, laissent bien sûr le champ libre à l’interprétation. Pour de Wall, c’est ce qui explique la grande portée de Wicked et sa popularité sans cesse renouvelée.

«Lorsque le Magicien affirme pouvoir faire taire n’importe qui, ça me fait penser à 1984 de George Orwell, lorsqu’ils retirent des mots du dictionnaire. C’est complètement terrifiant, à mon avis, de ne pas avoir les mots qui peuvent exprimer le fond de ta pensée. Wicked ne fait pas référence à une période ou à un pays en particulier. Les questions que la pièce pose sont partout valables.»

La fascination
Les deux jeunes actrices en avaient long à dire sur notre fascination culturelle pour les vampires, loups-garous et sorcières et sur la façon dont Wicked s’inscrit dans cette mouvance. «Je crois que nous sommes soulagés à l’idée que nous ne comprenons pas tout, s’aventure Christine Dwyer. Nous avons une quantité hallucinante d’information à portée de main, donc l’existence de ces créatures magiques alimente la possibilité que certains aspects de notre vie doivent être de l’ordre du mystère.»

Jeanna de Waal, quant à elle, croit que nous entretenons une fascination collective pour le surnaturel, car il s’agit tout simplement du meilleur des exutoires. «Si vous me donniez un billet pour m’envoler pour Poudlard, je le prendrais volontiers! s’exclame-t-elle. C’est un pur divertissement qui nous donne le droit d’y croire sans trop nous préoccuper de la plausibilité de la chose. C’est pourquoi le fantastique continuera toujours de nous émerveiller.»

Wicked
À la Salle Wilfrid-Pelletier
Du 1er au 26 août

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