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La grande évasion avec Les Géants

Photo: Collaboration spéciale

Abonné aux seconds rôles savoureux, Bouli Lanners est également cinéaste. Avec Les géants, il offre un délicat récit d’initiation en forme de conte. Conversation transatlantique avec l’artiste belge.

Qu’il œuvre dans le cinéma indépendant (Louise-Michel, Des vents contraires) ou plus populaire (Rien à déclarer, les derniers épisodes d’Astérix), Bouli Lanners est ce barbu sympathique un peu cinglé qu’on imagine extraverti en entrevue. Au bout du fil, il paraît plutôt réservé dans sa façon de parler de sa troisième réalisation qui, assure-t-il, n’a presque rien d’autobiographique.

Parfait pour l’été, Les géants s’apparente à un épisode doux-amer de Nobody Knows ou The Night of the Hunter. Devant l’absence de leurs parents, deux frères en vacances se lient d’amitié avec un adolescent de leur âge avec qui ils font les 400 coups.

Cette prémisse représente pratiquement le rêve de tous les adolescents : passer des jours et des semaines sans parents et sans responsabilités. «Ce fantasme d’être seul et de vivre une amitié qui remplace une structure familiale qui est défectueuse a quelque d’horrible et d’excitant à la fois», note le metteur en scène. Il y a le bonheur de pouvoir enfin se débrouiller seul et le risque de faire de mauvaises rencontres.

Plus attiré par la lumière que par la noirceur (ce n’est tout de même pas une œuvre des frères Dardenne), par les paysages de nature qui rappellent que le réalisateur a déjà été peintre, ce long métrage renoue avec l’amour que porte Lanners au road movie, qui était déjà à la base de ses précédentes réalisations, Ultranova et Eldorado. «J’aime bien voir les personnages dans une espèce de forme d’errance qui les rend beaucoup plus fragiles. J’adore la route et j’adore errer. Je déteste arriver quelque part vite; j’aime bien prendre le temps d’y aller, même si ça prend beaucoup de temps. Aller quelque part ne m’intéresse pas, c’est le voyage qui m’intéresse…»

«D’ailleurs, je vais aller l’année prochaine au Québec, continue-t-il. J’ai un tournage du côté de Schefferville. Comme je ne prends pas l’avion, je vais y aller en bateau. Et ça, ça m’excite.»

Bouli Lanners: de son temps
Il y a le stéréotype du film pour adolescents où le montage est rapide, où la musique est dans le tapis et où les sentiments sont bien souvent exacerbés. Et puis, il y a Les géants, de Bouli Lanners, qui se retrouve à 180 degrés de la tendance générale avec son ton contemplatif.

«C’est propre à ma nature, explique le cinéaste. Ce qui est intéressant, c’est de faire un film sur l’adolescence pour les adolescents aussi, mais qui ne soit pas dans le cliché… C’est intrigant d’aborder une thématique comme ça, mais avec un rythme qui n’est pas du tout celui auquel on est habitué. De toute façon, je ne me sens pas en phase avec mon époque. Je crois que je suis calé dans le 20e siècle. Le 21e siècle m’emmerde, en fait.»

Les géants
En salle dès vendredi

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