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Une vie de chiens: entrevue avec le réalisateur Wes Anderson

Photo: Twentieth Century Fox

«Faire des films d’animation, c’est très concret», confie Wes Anderson. Mais ce n’est pas la seule chose que ce réalisateur, producteur et scénariste américain très original a confiée à Métro. En voici tout plein d’autres à propos de sa plus récente œuvre (d’animation, donc): Isle of Dogs (L’île aux chiens).

À l’écoute

«Toujours, partout, en tout temps, j’enregistre. Tout. C’est comme mon journal intime. C’est ainsi que je me souviens de toutes les discussions que j’ai eues avec mes collègues avec qui j’ai élaboré cette histoire, soit Jason Schwartzman, Roman Coppola et Kunichi Nomura», raconte le réalisateur qui, par le passé, nous a donné des longs métrages-ovnis tels The Life Aquatic with Steve Zissou et Moonrise Kingdom.

Grâce à cette méthode, Wes Anderson peut vous dire exactement à quel moment il a commencé à discuter de cette histoire. «C’était il y a déjà plus de quatre ans! J’ai commencé par inventer les noms des chiens. L’idée de les mettre en scène sur une île faite de déchets est venue par la suite», précise le cinéaste, qui a déjà frayé avec le film d’animation en 2009, année de sortie de Fantastic Mr. Fox.

Japon d’amour

Kunichi Nomura

Le Japon? «J’ai un lien très fort et complètement unique avec ce pays», répond Wes Anderson. C’est d’ailleurs lors d’un de ses premiers voyages au pays du Soleil levant, en 2002 ou en 2003, qu’il a rencontré l’acteur, DJ et scénariste Kunichi Nomura, qui a fait une apparition dans Lost in Translation, de Sofia Coppola.

«Il est devenu mon guide dans ce monde bizarre à l’autre bout de la planète, détaille-t-il. Il me paraissait donc tout naturel de faire de lui mon assistant pour m’épauler dans la création de mon premier “film japonais”.»

Le défaut de Google

C’est en faisant ses recherches sur le Japon au moyen d’internet que Wes Anderson en est venu à se rendre compte à quel point il est difficile de trouver des infos exactes lorsqu’on ne possède pas un clavier japonais et qu’on ne parle pas la langue. «Heureusement, Kunichi est venu à ma rescousse. Il m’a aidé avec la traduction et a recueilli les faits qu’il me manquait. Je ne sais pas ce que j’aurais pu accomplir sans lui.»

Le maître

Le réalisateur de Grand Budapest Hotel ne s’en cache pas: Isle of Dogs est un hommage au légendaire et regretté cinéaste tokyoïte Akira Kurosawa, plus particulièrement à son drame de gangsters Drunken Angel, sorti en 1948, et à son film policier Stray Dog, paru un an plus tard. «J’adore la poésie qui se dégage de ses œuvres, affirme Wes Anderson. Et j’aime croire que j’ai réussi à l’évoquer dans mon plus récent film.»

Sourires au poil

«Vous êtes-vous déjà attardé à la façon dont un chien sourit?» nous demande Wes Anderson avant de répondre lui-même à la question. «Les chiens ont une structure crânienne extrêmement intéressante, qui fait en sorte qu’ils sont incapables de sourire normalement.»

Ce trait physionomique a aussi eu pour conséquence de mettre bien du pain sur la planche aux responsables de l’animation d’Isle of Dogs pour permettre aux héros canins de Wes d’exprimer leurs émotions. «Nos personnages ne sont pas simplement de petites poupées qui s’esclaffent selon les circonstances. Ils sont le résultat d’un travail acharné.»

Simplicité animée

«Faire des films d’animation, c’est très concret», estime Wes Anderson.

L’homme qui, il y a une décennie, a fait paraître The Darjeeling Limited, mettant en vedette son complice de longue date Bill Murray, explique le pourquoi de sa remarque: «le rapport au temps sur un plateau change du tout au tout quand il s’agit d’une œuvre animée. Il ne faut pas d’éclairages spéciaux, pas de maquillages non plus. Les acteurs ne sont pas obligés d’être présents.»

À propos d’acteurs, un autre aspect non négligeable du cinéma d’animation a trait à la facilité avec laquelle on peut les convaincre de travailler à un tel projet. «Après tout, la seule chose que je leur demande dans un cas comme celui-ci, c’est de faire une voix précise dans un segment donné. Puis ils peuvent vaquer à leurs occupations.»

Eh non. Pas d’excuses. «Quand je propose à un comédien de participer à un film comme Isle of Dogs, il ne peut tout simplement pas prétendre qu’il n’est pas disponible!»

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