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La «Petite danseuse de quatorze ans» à Montréal

MONTRÉAL – Frêle et menue, mais aussi solide et arrogante, la «Petite danseuse de quatorze ans» est débarquée mardi à Montréal, où elle a été accueillie en grande pompe par certaines de ses «descendantes».

Douze danseuses de l’École supérieure de ballet du Québec ont virevolté autour de la célèbre sculpture d’Edgar Degas dans une démonstration de grâce.

L’oeuvre du maître français (1834-1917) sert de hors-d’oeuvre en attendant la pièce de résistance, soit l’exposition «Une histoire de l’impressionnisme: chefs-d’oeuvre de la peinture française du Clark», qui prendra l’affiche au Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) le 13 octobre.

«Ce qui est ironique, c’est que maintenant, on la trouve absolument charmante; c’est vraiment l’archétype de la jolie ballerine. Mais quand elle a été dévoilée en 1881, ça a été un scandale monumental», relate la directrice et conservatrice en chef du MBAM, Nathalie Bondil.

En plus d’être outrés par l’aspect hyper réaliste de l’oeuvre — une sculpture en cire agrémentée d’accessoires naturels —, les critiques de l’époque ont été choqués par le faciès du sujet.

Et la façon dont Degas a choisi d’immortaliser son modèle, une adolescente de 14 ans appelée Marie van Goethem, a fait grincer des dents, explique Mme Bondil.

«Elle était représentée sans aucune grâce, d’une manière un peu arrogante, sans désir de séduction. En fait, c’était une figure de l’immoralité et du vice. Sa physionomie était comparée à celle du singe; on disait qu’elle avait un ‘museau vicieux’.»

La «Petite danseuse de quatorze ans» s’ajoute aux 74 pièces de la collection impressionniste du Sterling and Francine Clark Art Institute que le MBAM a réussi à attirer à Montréal, après des escales en Europe et en Asie.

Les oeuvres de Bonnard, Corot, Degas, Gauguin, Manet, Millet, Monet, Morisot, Pissarro, Sisley et Toulouse-Lautrec seront exposées au musée de la rue Sherbrooke. La sélection inclut également 21 tableaux signés Renoir.

«Cette exposition rassemble tous les noms et permet de comprendre quelle est la genèse de l’impressionnisme et d’avoir un aperçu sur tous ses acteurs», affirme Nathalie Bondil.

Les expositions d’impressionnistes jouissent généralement d’une popularité appréciable, mais cela n’a pas toujours été le cas.

«Ce qui est fascinant avec l’impressionnisme, c’est que c’est un art qui est devenu extrêmement populaire et extrêmement consensuel, alors qu’en fait, c’était un art profondément révolutionnaire», dit-elle.

La directrice et conservatrice n’hésite d’ailleurs pas à suggérer que les impressionnistes étaient les «progressistes» de leur époque, porte-étendards des valeurs écologistes, féministes et des idéaux politiques de gauche.

«Avec eux, on n’était plus dans un monde que l’on représente objectivement, mais plutôt subjectivement, imaginé par l’oeil et le cerveau.»

L’exposition «Une histoire de l’impressionnisme: chefs-d’oeuvre de la peinture française du Clark» sera présentée au MBAM du 13 octobre 2012 au 20 janvier 2013.

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