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Gala Québec Cinéma: Les affamés rassasié

Photo: Mario Beauregard/Métro

Les affamés, long métrage iconoclaste mélangeant film d’auteur et attaques de zombies, a dévoré la concurrence dimanche au gala Québec Cinéma.

L’œuvre de Robin Aubert a raflé trois prix, dont les deux plus prestigieux de la soirée, soit Meilleur film et Meilleure réalisation. Brigitte Poupart, qui incarne une redoutable chasseuse de zombies armée d’une machette, a quant à elle reçu le trophée de Meilleure actrice de soutien.

À cette récolte s’ajoutent les cinq récompenses obtenues par le film mardi dernier lors du gala des artisans dans les catégories techniques.

«Merci à tous les amateurs de films de genre au Québec, a lancé la productrice Stéphanie Morissette en allant cueillir le prix du Meilleur film. Ce n’est pas un réseau très développé dans nos institutions, je suis contente que tout le monde ait pris un risque avec ce projet-là.»

Robin Aubert, qui avait également vu son autre film, Tuktuq, être nommé à trois reprises (sans victoire) au cours de la soirée, a profité de sa tribune pour souligner la présence de ses «deux mentors dans la salle».

«[André] Forcier, [Robert] Morin, vous avez été très importants dans ma vie, vous savez pourquoi. Même si vous avez des caractères de marde.»

«L’important, c’est de participer», a-t-il lancé avant de partir vers les coulisses avec la palme de la Meilleure réalisation.

Ce coup de chapeau à ces deux réalisateurs incontournables de la cinématographie québécoise n’était pas anodin, leurs ombres planant sur une bonne partie du gala.

Christian Bégin a notamment été récompensé pour sa performance remarquée dans le dernier film de Morin, Le problème d’infiltration.

«Merci, Robert Morin, de t’être rappelé qu’au-delà du personnage public qui s’est créé autour de moi, je suis un comédien, a souligné celui qui est aussi l’animateur fétiche de Télé-Québec. Merci d’être un cinéaste libre, subversif, iconoclaste, dans un monde où on veut tout standardiser, tout édulcorer. On a besoin de gens comme toi.»

«Il faut encourager les jeunes créateurs pour que le cinéma d’ici puisse fleurir dans le monde entier. On est capables de faire d’excellents films: que les Américains se le tiennent pour dit.» – Denis Harting, protagoniste du documentaire La résurrection d’Hassan, lauréat de l’Iris du meilleur film documentaire

André Forcier (Au clair de la lune, Kalamazoo, Les États-Unis d’Albert, L’eau chaude, l’eau frette, Embrasse-moi comme tu m’aimes) a quant à lui reçu le prix hommage. Entouré de ses comédiens fétiches comme France Castel, Gaston Lepage, Robin Aubert (encore lui!) et Roy Dupuis, le réalisateur de 70 ans en a profité pour y aller de quelques conseils aux aspirants cinéastes.

«Au cinéma, il faut être plus intelligent que le problème. Deuzio, les idées passent par les émotions, pas le contraire», a-t-il insisté avec sa nonchalance habituelle avant de recommander d’aller voir le dernier «[Denys] Arcand, notre plus grand [réalisateur]».

Chien de garde, de Sophie Dupuis, a également connu une belle soirée avec deux trophées: Révélation de l’année pour Théodore Pellerin et Meilleure actrice pour Maude Guérin.

«Je ne savais même pas que c’était un premier rôle, a rigolé la gagnante. Je voyais ça comme un très beau rôle de soutien, vraiment.»

L’actrice a aussi lancé des fleurs à la réalisatrice Sophie Dupuis, la remerciant de lui avoir donné le temps de répéter et d’approfondir son personnage de mère poquée. «On appelle ça un moment de grâce.»

Chapeau aussi à la scénariste Nicole Bélanger, récompensé pour Les rois mongols, elle qui, il y a cinq ans, avait appris à quelques jours d’intervalle qu’elle avait le cancer et que Luc Picard voulait adapter son roman à l’écran. Maintenant guérie, elle a remercié «le grand esprit».

À la barre du gala pour une deuxième année, le duo formé par Édith Cochrane et Guylaine Tremblay a fait mouche à plusieurs reprises avec ses gags juste assez méchants mais pas trop.

Le public du Studio 42 de Radio-Canada s’est notamment déridé devant le nouveau «long métrage» des deux comédiennes, La défriche, sorte de condensé des clichés du cinéma québécois où tout le monde est déprimé, a le cancer et finit par courir au ralenti dans la campagne sur de la musique folk.

Signalons aussi l’excellent numéro d’ouverture où, grâce à un montage terriblement efficace, les deux animatrices sont apparues dans certains des films de l’année, de All you can eat Buddha aux Rois mongols en passant par Bon cop, bad cop 2 et Le problème d’infiltration.

La paire n’a évidemment pas manqué de souligner le mouvement #MoiAussi, «qui a relativement épargné le milieu du cinéma québécois».

«C’est sûr qu’on est plus du genre à attendre que les abuseurs soient morts avant de les dénoncer, mais quand même», a lancé Guylaine Tremblay en faisant référence à Claude Jutra, dont le gala portait autrefois le nom.

On a également bien aimé les clins d’œil à Denis Villeneuve, «qui prouve que même avec un anglais douteux et une coupe de cheveux douteuse, on peut réussir aux États-Unis», et à Guillaume Lambert, réalisateur des Scènes fortuites, «qui a fait un film sans argent des institutions, sans compromis et… sans nominations».

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