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Carlo Guillermo Proto dédie son film à son père

Photo: Les films du 3 mars

Un fils filme son père qui lutte contre l’alzheimer et la dépression dans El Huaso, un documentaire douloureux qui vient tout juste de remporter deux distinctions à Québec. Rencontre avec le fiston en question : Carlo Guillermo Proto.

Des hommes comme Gustavo Proto, il y en a des centaines. Chilien déménagé au Canada pour offrir le meilleur avenir possible à ses enfants, il vieillit en gardant un désir en tête. Dans ce cas-ci, il s’agit de devenir un El Huaso, un cow-boy chilien. C’est ce rêve qui l’allume lorsque l’alzheimer vient brouiller les cartes et que la dépression installe des idées noires.

«Au départ, mon père croyait que je faisais un film sur l’euthanasie», raconte Carlo Guillermo Proto, attablé devant un siège de l’ancien Forum. De fil en aiguille, le sujet a dévié, a fait boule de neige, et Proto s’est permis de ratisser plus large.

«Au final, il y a beaucoup plus de couches, poursuit le jeune réalisateur. Il y a cette histoire d’immigrant, les tabous qu’engendre le désir de mourir, la filiation entre les différents membres de la famille, ce machisme latino où les hommes réfrènent constamment leurs émotions…»

Le résultat risque d’en bouleverser plus d’un. Le cinéaste se rappelle sa peur de revoir une longue séance filmée où les êtres qui lui étaient le plus chers étaient réunis pour parler de la Grande Faucheuse. «On est habitués de parler de la mort, mais jamais toute la famille ensemble, confie-t-il. C’était tellement intense! Faire le montage de cette rencontre a été extrêmement difficile. Je finissais par revivre la conversation.»

Pour se remonter le moral, Carlo Guillermo Proto pouvait repenser à un de ses séjours au Chili où il n’avait jamais vu son père aussi heureux. Ou encore à toutes les aventures qui lui ont servi d’exutoire. «Si je n’avais pas fait ce film, je ne pense pas que j’aurais pu continuer à faire du cinéma, avoue-t-il. Il fallait absolument que ça sorte.»

La nécessité d’échanger
Né au Chili et ayant grandi en Ontario, Carlo Guillermo Proto a décidé de déménager à Montréal. Par amour pour le travail de la comédienne Marie Brassard, pour pouvoir étudier le cinéma à l’Université Concordia – le seul endroit où il a fait une demande – et pour pouvoir jouer un rôle d’ambassadeur en un lieu dont il adore la culture théâtrale et cinématographique.

Il est d’ailleurs tombé des nues la semaine dernière quand son documentaire El Huaso s’est mérité le Prix du public du film canadien-québécois et le Prix du Meilleur premier film au Festival de cinéma de la Ville de Québec. «Je célébrais mon anniversaire cette journée-là et j’ai gagné ces prix-là! dit le réalisateur, qui n’en revient pas encore. Ce qui est bien des festivals, c’est qu’on peut partager les films avec les gens, échanger avec eux. Mon film ne m’appartient plus : il est maintenant à tout le monde. C’est vraiment la meilleure récompense qu’il puisse y avoir.»

Pour voir la bande-annonce de El Huaso
En salle dès vendredi

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