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Bombino, du rock à la touareg

Photo: Mads Maurstad/Collaboration spéciale

C’est avec un quatrième album enregistré au Maroc que le guitariste touareg Bombino se présente mercredi à Montréal. Métro s’est entretenu avec le chanteur qui parcourt le globe depuis près d’une décennie pour essaimer un son et une certaine idée du rock à la tamasheq.

Ceux qui étaient au Balattou le 19 juillet 2011 s’en souviennent encore aujourd’hui. C’était dans le cadre du festival Nuits d’Afrique; Bombino venait à Montréal pour une première fois et les programmateurs du festival étaient loin de se douter du succès qu’aurait ce concert.

La salle était bondée, la canicule régnait sur Montréal et l’eau coulait du plafond. Goumar «Bombino» Almoctar déclamait sur scène son amour de la guitare et nous faisait vivre ce que le mot «rock’n’roll» signifie : un concert aujourd’hui légendaire.
«Je me souviens très bien de ce concert. Ce jour-là j’avais dû aller d’urgence chez le dentiste à cause d’une rage de dents violente», raconte le chanteur joint à Toronto.

«C’est un des meilleurs concerts que j’ai faits de ma vie. Le contexte était un peu tendu et j’étais sous médication. J’ai de grands souvenirs de cette journée.»

Depuis ce jour de juillet 2011, le guitariste en a parcouru du chemin: l’Europe dans tous les sens, le Japon, l’Inde, l’Australie et les États-Unis et le Canada maintes et maintes fois.

Son style, son sens rythmique et les thèmes chers au natif de la région d’Agadez, dans le nord du Niger, trouvent écho dans son œuvre.

Il est aujourd’hui un des artistes africains les plus respectés et un de ceux qui ont trouvé leur maison sur les scènes du monde.

«Je passe de 120 à 140 jours par année sur la route. Je tente de revenir le plus souvent possible chez moi, au Niger, car c’est de là que je viens et je ne veux pas l’oublier. C’est une des choses les plus importantes que je tente de transmettre dans mes chansons: ne jamais oublier ses origines.»

«Je tente de revenir le plus souvent possible chez moi, au Niger, car c’est de là que je viens et je ne veux pas l’oublier.» – Bombino

Le producteur libyen Hisham Mayet a été un des premiers à enregistrer le musicien à l’occasion d’une cérémonie de mariage. C’est ce qui a donné naissance au disque Group Bombino – Guitars from Agadez, vol. 2. sur étiquette Sublime Frequencies. Le reste appartient à la légende.

Une légende bâtie par un garçon qui a dû s’exiler plusieurs fois pendant des conflits opposant le gouvernement nigérien au peuple touareg. Il a vécu dans des camps de réfugiés, a vu ses musiciens être assassinés, puis il est revenu au Niger, à Agadez, pour se produire en concert, matière qui constituera la base de son premier album studio: Agadez.

Un album enregistré avec l’aide de Ron Wyman, qui était parti à la recherche du musicien dans les dunes du Sahara après avoir entendu les enregistrements de Hisham Mayet.

Après l’album de la découverte suivront les albums de la consécration: Nomad, réalisé par Dan Auerbach des Black Keys dans son studio maison de Nashville, puis Azel, produit cette fois-ci par Dave Longstreth (Dirty Projectors), un album avec des accents de reggae.

Le plus récent album, Deran, qu’il vient défendre au Festival de jazz, est un album de retour aux sources, sans être un retour dans le passé. Bombino tenait à l’enregistrer sur le continent africain.

«Je ne connais pas personnellement le roi du Maroc, mais je sais qu’il aime la musique. Avec le groupe, on cherchait la possibilité de revenir en Afrique pour enregistrer. Malheureusement, ce n’est pas le Niger, mais on a trouvé un superbe studio à Casablanca, le studio Hiba. Il offrait tout ce dont nous avions besoin et une grande qualité d’enregistrement.»

Son album Deran offre toujours la même constance rythmique et le timbre de voix unique de Bombino. C’est une transe touareg qui traite encore et toujours du désert.

Sur cet album, l’artiste demande qu’on respecte ce désert, qu’on le protège et qu’on ne l’oublie jamais. Affirmation d’une identité forte et indivisible, Deran est un pamphlet rock et parfois reggae qui traite des exilés des quatre coins de la terre.
Il se pose contre les barrières actuelles, les frontières et les contrôles identitaires aux portes de l’Europe. C’est, en bref, un rappel de ce qui compte vraiment : la rencontre et le dialogue.

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