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Whitney Houston: Regard nouveau sur une étoile déchue

LOS ANGELES, CA - NOVEMBER 22: Singer Whitney Houston accepts the Winner of International - Favorite Artist Award onstage at the 2009 American Music Awards at Nokia Theatre L.A. Live on November 22, 2009 in Los Angeles, California. (Photo by Kevork Djansezian/Getty Images) Photo: Getty Images
Gregory Wakeman - Metro World News

Quand on lui a demandé de réaliser un documentaire sur Whitney Houston, Kevin Macdonald n’a d’abord eu aucun intérêt pour le projet.

C’est qu’il avait perdu toute forme de sympathie pour la chanteuse, ses scandales et ses problèmes de drogue. Problèmes qui ont mené à sa mort, à 48 ans, le 11 février 2012. Toutefois, c’est finalement pour cette raison que le réalisateur écossais (The Last King of Scotland, Marley) a accepté de se lancer.

En entrevue avec Métro, Kevin Macdonald a révélé que Whitney lui a donné l’occasion d’explorer les impacts du comportement autodestructeur de la star sur son talent incroyable pour la chanson. C’était aussi sa chance de convaincre les amateurs de la culture pop de prendre la chanteuse au sérieux.

Une tâche qui s’est révélée beaucoup plus difficile que prévu, puisque les proches de Whitney Houston mentaient constamment au réalisateur et puisqu’il existe peu de traces du passé de la
chanteuse.

Kevin Macdonald a toutefois réussi à créer un documentaire révélateur, surprenant et percutant sur la vie de Whitney Houston. Un film, déjà acclamé par la critique, qui convaincra tout public que la diva est la voix de sa génération.

Pourquoi Whitney Houston?
Quand j’ai dit aux producteurs, en 2015, que le sujet ne m’intéressait pas, ils m’ont dit: «Non, elle est plus intéressante que tu le crois.» Mon opinion était similaire à celle de la majorité des gens. J’avais perdu toute sympathie envers elle; c’était difficile d’avoir de la compassion pour quelqu’un aux habitudes aussi autodestructrices.

Et puis, on m’a demandé de rencontrer quelques personnes, dont son agente de cinéma, Nicole David. Elle m’a dit très émotivement: «Je veux vraiment que vous fassiez ce film. Parce que j’aimais Whitney, mais je ne l’ai jamais comprise. J’ai besoin que quelqu’un m’aide à comprendre comment elle a pu en arriver là.» Ils voulaient célébrer sa musique, et la célébrer de manière à l’humaniser. Ça m’a beaucoup attiré.

Y avait-il un aspect en particulier de la vie de Whitney Houston que vous vouliez explorer?
Tout mon intérêt pour ce film, c’était de voir si je pouvais faire un documentaire sérieux sur une personnalité que personne ne prenait au sérieux. Un film sérieux sur une vedette qui semblait superficielle, qui faisait les unes des tabloïds. Je voulais créer quelque chose qui pouvait en dire long sur le racisme, sur l’identité, et, en même temps, créer une histoire touchante, personnelle.

«J’aurais facilement pu faire un film de quatre heures sur Whitney Houston. Il y a tellement d’enjeux sociaux qui rejoignent sa vie.» -Kevin MacDonald, réalisateur de Whitney

Y a-t-il certaines parties de sa vie dont vous vouliez parler, mais qui ne sont pas dans le film?
J’ai constaté que Whitney ne donnait presque aucune entrevue. Et quand elle le faisait, c’était très superficiel et elle n’était manifestement pas impliquée. Elle ne tenait aucun journal, n’écrivait aucune lettre et elle n’a rien laissé derrière elle qui aurait pu nous en dire plus sur sa vie.

Je pensais que ça serait plus facile à faire, surtout que j’avais la permission des membres de sa famille et qu’ils étaient prêts à me donner des entrevues, des vidéos maison et l’accès à plusieurs personnes. Évidemment, ils étaient très protecteurs. Ç’a pris du temps, des mois, et au moins trois entrevues avec chacun pour que je puisse défaire leur coquille. Ce qui est devenu un élément-clé, c’est quand Gary Houston, son frère, m’a dit: «Nous sommes une famille avec plusieurs secrets. Et si tu ne parles pas de tes secrets, ils ne s’en vont jamais.»

Et c’était comment, travailler avec les membres de sa famille?
Dès le début, je leur ai dit que je ferais le film si j’avais tout le contrôle sur le contenu éditorial. Ils étaient très nerveux au moment de me donner la version finale du film.

Ç’a pris beaucoup de temps avant qu’ils soient honnêtes, qu’ils ne disent plus seulement: «On veut faire ce film pour que les gens comprennent Whitney». Certains ont même été assez agressifs, mais finalement, ses deux frères m’ont dit: «C’était la thérapie dont nous avions besoin. Nous sommes contents de l’avoir fait, même si c’était douloureux.» Et pourtant, au début, quand des sujets plus délicats ont été abordés, ils ne voulaient pas que j’en parle dans le film.

Vous avez dit que vous n’aviez jamais travaillé à un documentaire où autant de gens vous mentaient…
J’ai entendu beaucoup de mensonges. Il y a cette dame, Lynn Volkman, la publiciste de Whitney pendant plusieurs années, qui a commencé à pleurer quand je lui ai demandé pourquoi tout le monde me mentait. Elle m’a dit: «Nous avons tous passé tellement de temps à mentir pour protéger Whitney; 20, 30 ans à mentir. À mentir au public, aux fans, à la compagnie de disques, à propos de sa dépendance, de sa sexualité, du lieu où elle se trouvait. On est tous devenus très habitués à cela. C’est très difficile de dire la vérité et de tourner la page sans avoir l’impression qu’on trahit Whitney.»

Une mort suspecte
«C’est certain qu’il y a quelque chose qu’on ne nous dit pas sur la mort de Whitney», affirme Kevin Macdonald, réalisateur du documentaire Whitney qui, après avoir parlé à tous ceux qui étaient présents lors de la mort de la chanteuse, n’a toujours pas réussi à obtenir une version des faits qui se tient.

«Tout le monde s’est contredit, ajoute-t-il. Son assistante, Mary, est convaincue que quelqu’un d’autre se trouvait dans sa chambre au moment de son décès.»

Whitney Houston a été retrouvée morte, seule, dans le bain de sa chambre, à l’hôtel Beverly Hilton, le 11 février 2012. Le rapport du coroner conclut que la chanteuse s’est noyée, et que ses problèmes cardiaques et sa dépendance à la drogue ont joué un rôle dans sa mort.

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