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Le nouvel équilibre de Lykke Li

Lykke Li Photo: Collaboration spéciale

Ces dernières années, la vie de Lykke Li a radicalement changé : en plus d’avoir eu un fils, l’auteure-compositrice-interprète a quitté sa Suède natale pour s’installer à Los Angeles, en Californie. Et qui dit nouvelle vie, dit nouveau son. Sur son plus récent album, so sad so sexy, sorti en juin dernier, l’artiste a pris un virage R&B et hip-hop inattendu, qu’elle offrira sur scène ce soir à Osheaga.

Jointe par téléphone en Suède, où elle a passé une partie de l’été avant de débarquer à Montréal – ville qui lui rappelle son pays d’origine, avec son «atmosphère, son ouverture d’esprit et sa température estivale» –, Lykke Li est peu bavarde, répondant de façon succincte (mais très honnête) à nos questions, et gardant une certaine réserve sur le plan personnel.

Sur son quatrième album studio, Lykke Li troque les arrangements de cordes et de percussions qui enrobaient ses trois précédents disques (réalisés par son compatriote Björn Yttling, de Peter Bjorn and John) contre des beats électros et même de l’auto-tune. Pour ce faire, elle s’est entourée de nouveaux collaborateurs, dont
Malay, Rostam et T-Minus, qui ont notamment produit des hits avec Beyoncé, Bruno Mars et The Weeknd.

C’était un pari risqué, et l’artiste de 32 ans accepte que ce changement de cap puisse ne pas plaire à tous. «Probablement que beaucoup de gens n’aiment pas la direction que j’ai prise, admet-elle, mais je pense que c’est important comme artiste de suivre sa passion et sa curiosité.»

Pourtant, ce son plus pop lui ressemble, assure-t-elle. «Honnêtement, les gens qui me connaissent me disent que cet album est celui que j’aurais toujours dû faire, parce que j’écoute beaucoup de R&B et de hip-hop, et ce, depuis un très jeune âge. Ça ne paraissait pas sur mes précédents albums, mais cette fois, j’ai senti que c’était le moment de le faire.»

Ce changement de cap, c’est simplement «une évolution naturelle», poursuit Lykke Li. «Cet album, je l’ai fait à Los Angeles parce que j’habite là maintenant. Je suis une personne différente, et j’ai voulu faire des choses un peu plus difficiles pour moi et expérimenter.»

Chansons-tempêtes
L’instrumentalisation et la musicalité ont changé, mais derrière les couches de beats et de modulation vocale, la Lykke Li qu’on connaît, avec sa voix mélancolique à souhait et ses textes chargés d’émotions à en donner le vertige, est toujours bien présente. «La chose importante, pour moi, quand je crée, est de choisir une direction émotive; ensuite j’établis un scénario. L’idée est de construire la trame sonore qui accompagnera l’émotion», explique-t-elle.

Malgré une trame sonore complètement différente de ce à quoi elle nous a habitués, chaque chanson de so sad so sexy reste aussi tumultueuse que celles de ses albums précédents, formant une suite de petites tempêtes où les sensations sont vives et à fleur de peau. Sur la première pièce de l’album, Hard Rain, Lykke Li entonne : «If you like the feeling of a hard rain falling, I have a seafull, I can give you an ocean

L’artiste vit-elle toutes ses émotions aussi intensément que le laissent croire les textes de ses compositions? «Malheureusement, oui», répond-elle, préférant ne pas développer davantage sa pensée.

Parmi les sujets qu’elle aborde dans ses chansons, notons la rupture, la jalousie et la dépendance affective. «Nobody wants to bleed, but everybody hurts», chante-t-elle sur Better Alone. «This ain’t the movie scene I thought we’d be in», souffle-t-elle sur Last Piece, et «We could shine brighter than glitter», rêve-t-elle sur la bien nommée Utopia.

Des thèmes qu’on retrouvait aussi sur son précédent opus, I Never Learn, paru en 2014. L’amour et la gamme d’émotions qui l’accompagne sont-ils des sources d’inspiration inépuisables pour Lykke Li? «Je ne sais pas si c’est une source d’inspiration, c’est plutôt que j’écris beaucoup quand je vis ce genre de choses», commente-t-elle.

Être maman
La maternité a également changé le processus créatif de Lykke Li, pour le meilleur comme pour le pire. «D’une certaine façon, ça me rend beaucoup plus animée, créative et concentrée, mais bien sûr, ça me gruge du temps. Je ne peux plus être inspirée et travailler sur le champ. Ça a des bons et des mauvais côtés», dit-elle, la voix songeuse.

«C’est très difficile d’avoir un enfant, comme tout le monde le sait. C’est difficile de trouver un équilibre pour tout le monde.» – Lykke Li

Son horaire de tournée est aussi affecté par son rôle de mère. Cet été, elle ne s’arrête qu’à deux grands festivals nord-américains : Osheaga, à Montréal, et Lollapalooza, à Chicago, qui ont tous deux lieu en fin de semaine.
Comment sa nouvelle signature sonore se transpose-t-elle sur scène? «Je joue avec les mêmes musiciens depuis 10 ans, alors tout se fond naturellement ensemble. Nous avons créé notre propre son live, qui est très organique.»

Lykke Li se réjouit par ailleurs des débats qui ont lieu au sujet de la représentation des artistes féminines parmi les têtes d’affiche des festivals de musique. «Je suis chanceuse, parce que je n’ai jamais eu à m’en soucier; j’ai toujours eu des occasions de jouer. Mais j’apprécie cette discussion, c’est important de l’avoir.»

Lykke Li
À Osheaga aujourd’hui à 20h30 sur la scène de la Vallée
Album so sad so sexy disponible

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