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Eighth Grade: Grandir à l’ère de l’internet

Photo: Collaboration spéciale

Dans son rafraîchissant premier long métrage Eighth Grade, Bo Burnham s’interroge sur le rôle des médias sociaux dans le quotidien des adolescents.

Ce fut la surprise du dernier festival de Sundance. Un film drôle, sensible, intelligent et bien de son époque sur des jeunes gens accros à la technologie qui se définissent par l’image, le paraître.

«L’internet crée ça chez tout le monde, pas seulement chez les jeunes, affirme au bout du fil le réalisateur de 27 ans. J’ai voulu montrer un portrait honnête de cette période, sans juger ou faire la morale, afin que le spectateur puisse tirer ses propres conclusions.»

Surtout connu comme humoriste, le cinéaste américain a acquis une certaine célébrité à l’âge de 16 ans en publiant des vidéos sur YouTube. «Mais c’est le jour et la nuit entre hier et aujourd’hui, assure-t-il. Il y a 10 ans, tu publiais une vidéo drôle et c’était tout. Maintenant, c’est beaucoup plus profond, étrange et presque thérapeutique, avec Instagram qui veut savoir de quoi tu as l’air, ce que tu penses.»

Ces incessantes questions ne peuvent que troubler Kayla (Elsie Fisher, de McFarland et des animations Despicable Me), 13 ans et héroïne introvertie de Eighth Grade, qui est en pleine recherche identitaire. Elle publie des vidéos qui ne sont pas vues, promulguant des conseils sur la nécessité d’être soi-même, mais sans jamais les mettre en pratique.

«Toutes les personnes auditionnées prétendaient être timides, se rappelle Bo Burnham. Seule Elsie faisant semblant d’être confiante, ce qui est exactement le rôle qu’elle devait jouer. Les gens timides cachent leur timidité en parlant constamment.»

Ce personnage authentique, gaffeur et attendrissant n’est pas sans rappeler Lady Bird, cet autre récit d’initiation attachant comme tout malgré ses moments sombres. Surtout que les choix de thèmes (technologie, sexualisation) et de mise en scène (plans évocateurs, délirante trame sonore teintée de synthétiseurs) ne manquent pas d’assurance, malgré leurs airs connus.

«Je n’ai pas nécessairement tenté d’échapper aux stéréotypes, explique le metteur en scène. Je cherchais seulement la véracité, la sincérité. Et parfois, ça signifie une discussion orageuse sur le coin d’une table entre un père et sa fille, une scène qu’on a pu voir des milliers de fois. Je ne voulais pas éviter les clichés pour être original. Tout ce qui m’intéressait était d’être vrai.»

Un désir de justesse qui revient plusieurs fois dans notre conversation avec Bo Burnham. «Si tu veux savoir quelque chose sur les gens de cet âge, tu n’as qu’à lire sur le sujet, faire des recherches, être curieux et, surtout, les écouter. Pas arriver avec un comportement de monsieur je-sais-tout et te sentir supérieur. Seulement être attentif, tendre l’oreille afin de capter leur essence.»

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