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Bernard Émond se reconnecte à l’essentiel

Photo: les films Séville

Avec son nouveau film, Tout ce que tu possèdes, Bernard Émond propose de renouer avec ce qui compte.

C’est du moins ce que semble vouloir faire le personnage principal (qui est interprété par Patrick Drolet) lorsqu’il refuse l’héritage – de l’argent mal acquis – de son père. Mais il apprendra, au cours d’un long chemin de croix, que son ascension vers la rédemption se trouve ailleurs, et qu’il pourrait résider dans le salut d’une jeune adolescente (Willia Ferland-Tanguay).

«C’est l’histoire de quel­qu’un qui voulait s’isoler, qui voulait se dépouiller et qui se rend compte que ce sont les biens humains qui sont le plus important», parvient à résumer son réalisateur.

Après sa trilogie des vertus théologales, Bernard Émond demeure dans un cinéma de gravité et il continue à poser son regard sur la nature humaine qui est prisonnière d’un monde en pleine permutation. Sans parler d’optimisme, Tout ce que tu possèdes est, à l’instar du précédent La donation, du même auteur, beaucoup plus lumineux que les premières offrandes du metteur en scène.

«Je dirais que l’espérance est un devoir, avoue l’amateur de Bergman, d’Ozu et de Dreyer. On vit dans un monde terrible où il y a des choses essentielles qui sont en train de s’effondrer. On s’en va dans le mur et il y a une espèce de rupture qu’il faut faire pour se reconnecter aux choses importantes. Et ça, ce sont les uns les autres, nos enfants, nos parents, l’histoire, le passé. Ce n’est pas la BMW, le bungalow à 300 000 $. Je me rends compte à quel point la situation est grave. Mais on n’est pas mort. Et on peut encore quelque chose, les uns pour les autres.»

Si ce sixième long métrage de fiction est plus littéraire qu’à l’accoutumée et que l’émotion ne se trouve plus autant en filigrane, il n’en demeure pas moins dans les mêmes tons et couleurs que les autres opus de son cinéaste. Depuis La femme qui boit, en 2001, n’y avait-il pas un désir d’élargir son auditoire sans se trahir pour autant?

«Pourquoi élargir?, se demande le principal intéressé. C’est comme les professeurs de littérature qui disent : “On ne peut plus enseigner Balzac au secondaire, on va leur faire lire le Journal de Montréal”. Mais ça sert à quoi, alors, d’enseigner? Je me dis la même chose. Élargir, élargir, mais je m’en fous d’élargir! Ce qui m’importe, c’est de parler de la façon la plus responsable possible. De parler à des gens qui vont vouloir écouter, rentrer librement dans cet univers-là.»

Sous un nouveau jour
Bernard Émond a écrit le rôle principal de Tout ce que tu possèdes pour Patrick Drolet, qu’il avait déjà dirigé dans La neuvaine et 20h17, rue Darling. Bien que le comédien se soit fait un nom au cinéma et à la télévision, son talent n’aura jamais été aussi bien mis en valeur que lorsqu’il s’incorpore de l’univers du créateur de Contre toute espérance.

«On oblige beaucoup de bons acteurs à faire des mimiques dans les téléromans, note le réalisateur. Ce que je cherche, c’est un autre style de jeu. Pour moi, faire du cinéma, c’est un comédien dans un cadre plus du temps. Tout le contraire de la télévision qui abolit le temps… Les acteurs m’accompagnent là-dedans et ils aiment ça. Parce que ce que je leur demande est quelque chose de difficile. Un violoniste va préférer jouer Bach que Frère Jacques.

Et c’est pareil pour les comédiens. Quand on leur demande un jeu intense en gommant les signes extérieurs, avec quelque chose de plus intérieur, ils aiment ça. C’est pour ça qu’avec ce style de jeu, on découvre des comédiens.»

Tout ce que tu possèdes
En salle vendredi

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