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Pure, récit de fin du monde

«Pour l’instant, je ne sais vraiment pas grand-chose du film qui sera tiré de ma trilogie, assure Julianna Baggott. Je vous jure que je ne peux vous donner aucun nom! Ni d’acteur, ni de réalisateur... Je ne sais vraiment rien!» Photo: Yves Provencher/Métro

Les droits cinématographiques de Pure, de Julianna Baggott, ont été achetés par Fox 2000. La productrice à bord, Karen Rosenfelt, est une de celles qui ont fait rouler la machine Twilight. Certains ont comparé le premier tome de cette trilogie aux Hunger Games. Mais les rapprochements s’arrêtent là. Car Pure est un récit post-apocalyptique inspiré, poétique, évocateur. De passage à Montréal, l’auteure américaine en discute avec nous.

Dans le monde post-apocalyptique de Julianna Baggott, tout est déréglé et divisé. Il y a les habitants du Dôme, ceux qui ont échappé aux terribles Détonations. Chouchoutés, entraînés à résister, à combattre l’ennemi, à penser tous pareil. Et puis, il y a ceux qui sont restés dehors et qui ont subi les conséquences de la catastrophe. Mutations génétiques, cicatrices ineffaçables. Certains êtres ont fusionné avec d’autres et il n’est pas rare de croiser des hommes à plusieurs têtes.

D’autres ont été soudés à des objets, à des animaux… «En rédigeant cette histoire, je sentais que j’écrivais quelque chose de risqué. Quelque chose qui ne se trouvait pas dans le spectre de la grande littérature, lance d’emblée l’écrivaine lorsque nous la rencontrons aux bureaux de Flammarion, son éditeur au Québec. Je voulais brouiller les frontières entre le thriller, la science-fiction et la fantasy. Tout ça en employant un vocabulaire lyrique. Mais je ne pensais jamais que ça marcherait. Finalement, même le New York Times a fait une appréciation positive! Ça m’a vraiment surprise.»

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Dans le New York Times, toutefois, la critique affirme qu’il n’y a rien de politique dans Pure. Alors qu’au contraire, tout au long de la lecture, on a le sentiment que tout en est teinté. «Quand je me lance dans un projet d’écriture, je commence toujours avec une histoire et une approche intimistes, explique Julianna. Dans ce cas-ci, j’ai imaginé une adolescente qui, à la suite d’un désastre planétaire, se serait retrouvée avec une tête de poupée à la place d’une main. Ça, c’était mon idée de départ. Reste que, même si j’avais essayé de ne pas toucher à la politique en développant ce concept, je n’aurais jamais réussi! Quand on écrit un récit post-apocalyptique, on doit décider pourquoi l’humanité est condamnée et, souvent, cette raison est, justement, politique. Certains auteurs optent pour des causes environnementales. Moi, j’ai décidé que c’étaient des gens vils, menés par des idées fascistes et appliquant des méthodes extrémistes qui menaient l’humanité à sa perte.»

Un autre aspect du roman qui étonnera quiconque s’attend à tomber sur un livre-jeunesse typique : la touche féministe que donne l’auteure au récit. Dans cet univers dévasté, il est même question de la ligue des Féministes féminines, composée de dames qui se battent pour le triomphe de la féminité, la soumission au mari, le port du rouge à lèvres et des perles. «Cette idée m’est venue lorsque j’ai entendu Sarah Palin clamer qu’elle était féministe. C’est la première fois que j’entendais ce terme employé d’une façon aussi détournée. Dangereuse, même. J’ai eu peur des conséquences d’une telle déclaration.»

N’ayant pas peur d’aborder des sujets délicats, celle qui a déjà signé 18 livres (!) et qui se réclame du réalisme magique et de García Márquez, aborde aussi dans Pure les thématiques de la religion, du suicide et du nucléaire. Elle confie d’ailleurs avoir énormément lu sur les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki durant la création de son roman. «Depuis que le livre est paru, beaucoup de gens sont venus me voir en me disant : ‘‘Votre récit est tellement brutal! Comment pouvez-vous écrire des choses aussi sombres? Aussi violentes?’’ Et moi, je me dois de répondre que plusieurs événements que je décris contiennent des parcelles de vérité. Des horreurs que nous nous sommes infligées les uns aux autres au cours de l’histoire, en tant qu’êtres humains.»

Pure
Éd. Flammarion Québec
La sortie du second tome, Fuse, est prévue pour février

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