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SLAV: «Il y a une différence entre apprécier et s’approprier une culture»

Photo: Radio-Canada

Alors qu’une nouvelle mouture de la pièce SLAV prend l’affiche, la chanteuse Betty Bonifassi et l’artiste-militante Elena Stoodley sont revenues sur la controverse engendrée par l’œuvre de Robert Lepage, dimanche soir, lors de leur passage à l’émission Tout le monde en parle (TLMEP).

Qualifiée d’appropriation culturelle, notamment parce qu’elle mettait en scène des chansons d’esclaves afro-américains interprétées par un groupe de personnes majoritairement blanches, ladite pièce a finalement été retirée de la programmation du Festival international de Jazz de Montréal l’été dernier.

«Ce qu’on reprochait à la pièce, c’était de mal dire les propos que Betty voulait défendre, a mentionné d’emblée Elena Stoodley, qui fait partie du collectif SLAV Résistance. Je sens sa sympathie, je la trouve très belle et je suis content que le Québec comprenne ce que Betty voulait faire, mais j’aurais aimé que le Québec nous comprenne aussi.»

«L’histoire de l’esclavage, c’est un sujet qu’on ne veut pas discuter, a soutenu la jeune femme qui a participé à la réécriture du spectacle. Il est problématique. Que quelqu’un qui n’est pas touché par cette réalité de façon identitaire et culturelle puisse en parler et peut-être transformer des informations, il y a là un risque d’appropriation culturelle. Lorsqu’une culture dominante emprunte des éléments à une culture qu’elle domine, elle risque par sa perception de changer l’histoire, de la décontextualiser.»

«Il y a une différence entre apprécier et s’approprier une culture.» Elena Stoodley

De son côté, Betty Bonifassi a maintenu que l’annulation du spectacle en juillet dernier était selon elle de la censure, mais qu’une «conversation» était nécessaire.

La chanteuse, qui a bâti le spectacle avec Robert Lepage à partir des deux albums qu’elle a consacrés aux chants d’esclaves noirs, a avoué que la discorde autour de SLAV l’avait atteint profondément.

«C’est très dur de construire pendant autant d’années un projet pour dénoncer quelque chose qu’on ressent, au travers d’un art qu’on essaie de développer, et de se faire refuser sans qu’on ait vu votre travail, a soutenu l’artiste d’origine française. J’ai trouvé ça très dur et je trouve ça encore très dur. Mais à un moment donné, il faut faire preuve de maturité. On ne sait pas quel impact peut avoir son empathie sur les autres.»

L’interprète de 48 ans a également tenu à réfuter les arguments de ceux qui soutiennent qu’elle tire profit des souffrances endurées par les esclaves afro-américains et leurs descendants.

«Moi, je ne fais pas d’argent avec ces deux albums et ce spectacle. J’ai tout mis dans le domaine public. Je fais 650$ par spectacle avec Robert. That’s fucking it, a-t-elle insisté. Je ne fais pas d’argent, ce ne sont pas mes chansons, je rends hommage à un répertoire d’oppression qui me touche.»

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