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Sara Forestier joue la pute politique

Coucher avec ses adversaires afin de changer leurs convictions politiques? C’est ce que décide de faire Bahia (Sara Forestier) dans Le nom des gens du cinéaste Michel Leclerc. Et si c’était une façon d’amener un peu plus d’équilibre dans la société?

«Un équilibre charnel, lance en riant la jeune interprète au bout du fil. En tout cas, j’avais besoin de le croire au moment où j’ai fait le film… Dans la politique, il y a une part de séduction. Lorsqu’on est allé en Allemagne pour la sortie du film, on s’est rendu compte qu’il y avait une écolo qui a proposé à un ministre de coucher avec lui pour qu’il arrête le nucléaire! La réalité rejoint souvent la fiction.»

Récompensé du César du Meilleur scénario original à la dernière cérémonie des César, le récit se veut une comédie politique qui tire sur tout ce qui bouge. On y traite notamment d’intolérance, des liens avec le passé et il y a même Lionel Jospin qui y fait une apparition! «C’est la qualité d’écriture sur les dialogues, sur l’Histoire, sur ce que ça racontait de la mixité en France qui m’a beaucoup intéressée, explique Sara Forestier, que l’on a déjà pu voir chez Resnais, Lelouch et Blier. C’est le rapport entre la deuxième génération de personnes et la première, le rapport aux tabous, l’identité des personnages qui découlent de leur histoire familiale. C’était vraiment très drôle à la lecture, quoi. Je n’ai pas hésité une seconde.»

Même s’il exagère en utilisant le mot «fascisme» à toutes les sauces, le personnage de Bahia se rapproche tout de même de la réalité. «Elle pourrait parler de petit fascisme au quotidien qui fait partie de nous tous, éclaire l’actrice, qui réalisera prochainement son premier long métrage. Je me rappelle d’une anecdote qu’avait racontée Michel Leclerc. Il était dans le métro et il a vu des gitans qui se sont mis à voler des trucs. Des Maghrébins les ont traités de voleurs. C’est marrant, le cliché avant, c’est que ce sont les Arabes qui sont des voleurs. Quand une couche d’immigration passe, il y a toujours un autre étranger, une autre cible qui arrive.»

Culotte porte-bonheur
Pour son rôle dans Le nom des gens, Sara Forestier a remporté le César de la Meilleure actrice, coiffant les favorites Catherine Deneuve et Kristin Scott Thomas. Une seconde distinction majeure, après le César du Meilleur espoir féminin pour L’esquive d’Abdellatif Kechiche. Dans son discours de remerciement, la jeune comédienne de 24 ans n’a pas hésité à parler de sa culotte porte-bonheur, de sa virginité et de son absence de connais­sances en politique.

«J’ai une vraie pudeur qui se passe plutôt dans l’intimité des sentiments, confie-t-elle. Je n’ai pas envie d’ennuyer des gens avec des discours longs et embêtants et ma pudeur me pousse à dire des choses impudiques! Ce n’est pas parce que c’est l’Académie des César qu’il faut la prendre trop au sérieux.» 

Le nom des gens
En salle dès vendredi

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