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Emie Roussel: transiter par le jazz

Photo: Yvan Couillard

Adolescente, elle écoutait du Harmonium pendant que ses amies passaient en boucle les Backstreet Boys et elle s’endormait bercée par le doigté de Keith Jarrett. À 25 ans, la pianiste Emie Roussel lance son second album, Transit. Nouveau trio, nouvelles collaborations, elle voyage entre les genres musicaux, entre Montréal et Rimouski.

Dans son appartement de Montréal, Emie parle de jazz et d’eau fraîche, sur un ton calme et chaleureux pendant que Rufus, petit chien espiègle, sautille comme un bon. Les échos des vocalises de sa coloc chanteuse descendent jusqu’au sous-sol. Si le jazz n’est pas tombé sur la route d’Emie Roussel par hasard, son père étant pianiste et sa mère ayant été chanteuse, faire de la musique une carrière ne s’est pas imposé à la jeune Rimouskoise. Après deux ans sans avoir touché une touche de piano, à 14 ans, son père la convainc de reprendre du service sur son piano. «Quand j’ai recommencé à jouer, cette fois-là en jazz, j’ai commencé à comprendre, à voir les accords et j’ai vraiment trippé», explique-t-elle, désignant ce moment de son parcours comme décisif.

Le mélange des genres qui ressort de ses compositions se trouve certes à la frontière entre le jazz et le classique. «J’ai commencé, comme tous les enfants, en piano classique à cinq ans. Mon premier professeur, ç’a été mon père, en piano classique», raconte-t-elle avant d’ajouter que le son cuivré du quatuor St-Germain, qui a collaboré sur Transit, fait certainement ressortir la couleur de la musique classique. Mais le caractère hybride du son ne s’arrête pas là, selon Emie, qui écoute également, depuis l’adolescence, beaucoup de R&B. «De temps en temps j’intègre ce genre de rythmes-là dans certaines pièces, lance-t-elle. Je trouve que ça marche au bout avec le jazz!»

Transit a également été l’occasion pour Emie Roussel de faire ses premières armes en arrangements pour cordes. Le nouveau trio, formé d’Emie au piano, de Nicolas Bédard à la contrebasse et de Dominic Cloutier à la batterie, a été couplé pour ce projet transitoire au quatuor à cordes St-Germain. «Ce sont des amis de Rimouski, lance la pianiste. La scène musicale à Rimouski n’est pas si immense que ça, alors tout le monde finit par se connaître! ajoute-t-elle. Elle a trouvé intéressant de collaborer avec des musiciens de Rimouski, ce qui lui permet en quelque sorte de faire le pont entre ses deux chez soi. La jeune Rimouskoise passe habituellement la moitié de la semaine à Montréal, et l’autre à Rimouski pour y enseigner au cégep et voir son copain. La percussionniste Julie Quimper a également collaboré à l’album.

Le trio est sa forme de prédilection. Tout d’abord parce qu’elle en écoute beaucoup, notamment celui du regretté Esbjorn Svenssen et celui de Brad Mheldau, mais aussi parce que le trio lui permet d’atteindre une gamme plus riche de couleurs mélodiques. Si elle voulait, Emie Roussel pourrait très bien faire carrière comme soliste, le piano étant un instrument «assez complet». «On n’est pas seulement un instrument mélodique ni harmonique, on est un peu tout ça ensemble, explique-t-elle, avant de poursuivre sur sa lancée. Mais je pense qu’en ajoutant des éléments complémentaires, sans en mettre une tonne, il y a moyen de composer des ambiances très éclatées, énergiques, avec beaucoup de puissance autant que de créer des moments super intimes, des moments de recueillement presque avec le public.»

Emie R Roussel Trio
Au Upstairs
Vendredisoir à 20 h 30, 22h15 et minuit

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