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Claude Gauvreau, de retour chez les «fous»

Photo: Archives Métro

La directrice du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), Lorraine Pintal, met en scène une pièce de Claude Gauvreau, avec comme comédiens des patients atteints de troubles psychiatriques.

L’asile de la pureté, la pièce de théâtre en question, sera jouée jeudi prochain à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) pour souligner la Journée mondiale de la santé mentale.

Anciennement dénommé asile Saint-Jean-de-Dieu c’est probablement l’un des endroits les plus glaçants de Montréal. Il y a une soixantaine d’années, le poète et dramaturge y avait été interné pendant plusieurs mois à la suite du suicide de sa muse.

«J’ai écrit cette longue pièce en cinq actes en état d’amnésie, alors que j’étais interné à Saint-Jean-de-Dieu. La pièce est écrite dans une langue archaïque très bizarre. Ce n’est pas mon objet le plus audacieux, mais son authenticité est indéniable», racontait à l’époque Claude Gauvreau. Le choix de Lorraine Pintal de faire résonner cette poésie à nouveau entre les murs de ce lieu donne un caractère symbolique à l’événement.

À l’époque, il y a de cela 60 ans, l’endroit hébergeait près de 6 000 patients, contre 400 aujourd’hui. La désinstitutionnalisation n’a pas seulement vidé les longs couloirs de l’hôpital, elle a aussi permis de mettre en avant le potentiel et le talent de certains patients. Soixante-cinq ans après le passage de Gauvreau, les anciens fous sont désormais des «patients partenaires» qui participent à leurs soins, ont une voix dans les décisions qui les concernent et œuvrent contre les préjugés et la discrimination associés à  la santé mentale.

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Retour sur scène en ce premier après-midi de répétition. Parmi la troupe d’amateurs qui prennent petit à petit confiance, on compte deux patients internés depuis un et deux ans, pour qui cette pièce est une bouée de sauvetage dans un quotidien difficile.

On y trouve aussi cinq patients suivis régulièrement en clinique externe, un proche aidant et deux employées. Eux sont là pour cheminer, mais aussi pour combattre les clichés. «Les employeurs ont du mal à comprendre qu’on doive s’absenter aussi régulièrement», explique Jessica, qui est traitée deux fois par semaine pour un «trouble de la personnalité limite». Ah, le vocabulaire clinique!

«On peut avoir une santé mentale défaillante, ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire. On est une personne, pas juste une maladie», ajoute Richard, atteint de schizophrénie.

Heureusement, il y a Gauvreau et les petites attentions de Lorraine Pintal, qui, touche par touche, complexifie ses demandes et donne vie à la pièce. On y voit l’artiste qui sera joué par le comédien Alexis Martin (Apparences) résister aux traitements en refusant de s’alimenter.

Le tout sera mis en musique par la pianiste Louise Bessette, qui interprétera La valse de l’asile de Walter Boudreau. Ayant assisté aux premiers pas des «patients comédiens», on a hâte de voir le résultat final. Surtout que leur metteuse en scène ne tarissait pas d’éloges à la pause. «Ce qui est fabuleux, c’est le rythme avec lequel vous apprenez, même si le niveau de difficulté est assez élevé», déclarait Mme Pintal.

Les visiteurs qui ne pourront assister à la représentation pourront se rabattre sur d’autres activités organisées dans le cadre des Rendez-vous de la santé mentale. Au cours de cette journée qui se tient jeudi après-midi à l’IUSMM, les participants pourront rencontrer un patient qui reçoit des électrochocs, apprécier les créations des Impatients ou visionner Foliewood, un webdocumentaire filmé dans les murs de l’hôpital psychiatrique.

L’asile de la pureté
À l’IUSSM
Le 10 octobre à 19 h

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