Soutenez

L'ex-animateur de CKAC Jacques Proulx s'éteint

MONTRÉAL – Jacques Proulx, l’un des grands noms de la radio au Québec, est décédé samedi après-midi à l’hôpital Saint-Luc (CHUM) de Montréal, à l’âge de 78 ans, des suites d’une longue maladie, a confirmé sa famille.

M. Proulx, frère de l’animateur Gilles Proulx et père de l’animatrice Caroline Proulx, s’est surtout fait connaître dans les années 1970 et 1980 en animant l’émission matinale «Les Prouesses du matin» sur les ondes de CKAC.

En 1962, après des débuts sur les ondes de radio de Matane et de Québec, il est revenu travailler à Montréal, sa ville natale.

Après avoir co-animé l’émission matinale avec Réal Giguère et été à la barre de l’émission de l’après-midi, il prendra le micro de l’émission du matin, en 1968 et le gardera pendant de nombreuses années. Jusqu’en 1987, il sera l’animateur du matin numéro un au Québec, après quoi il continuera de collaborer avec la chaîne la plus connue de la bande AM jusqu’en 2000.

Sur son compte Twitter, Paul Arcand, animateur du matin vedette à la station de radio 98,5, a rendu hommage à M. Proulx.

«Nous l’avons écouté, nous avons pris la relève avec modestie en retenant son respect pour l’intelligence des auditeurs», a-t-il écrit.

Pour Paul Houde, qui a appris pendant sept ans le métier auprès de M. Proulx, il était l’animateur «le plus prestigieux» de l’époque, et il laisse un héritage important à l’histoire radiophonique du Québec.

«Moi, je le mets dans le même rang que Roger Baulu, Réal Giguère et son grand concurrent à l’époque, Serge Bélair.»

«Pour mon frère Pierre (qui est commentateur sportif à RDS) et moi, Jacques Proulx, c’était la référence et le désir d’avoir un français impeccable, et une présence extrêmement forte d’animateur de radio. Malheureusement aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait là, parce que beaucoup d’animateurs font d’autres choses, alors que Jacques était exclusivement un animateur de radio et un grand annonceur», a-t-il confié à La Presse Canadienne.

M. Houde a aussi appris la rigueur et la discipline de ce mentor.

«C’est un métier très difficile, il faut avoir énormément de discipline, et Jacques était un bon vivant, alors il a dû composer à la fois avec son côté épicurien et l’obligation de se lever à quatre heures moins quart tous les jours.»

La carrière radiophonique de Jacques Proulx aura duré 40 ans. Il a été derrière le micro de l’émission dominicale «Les Plus Belles Chansons d’hier». On a aussi pu le voir au petit écran, à titre d’animateur du jeu télévisuel «Qui dit vrai ?» sur les ondes de TVA.

En 1999, il a été admis à l’Ordre du mérite de l’Association canadienne des radiodiffuseurs. Sur le site Internet de l’organisme, on note que «ses normes d’excellence pour la radio ont produit un effet tonifiant sur l’ensemble du secteur».

«M. Proulx a eu une influence très significative sur les Montréalais qui le respectaient pour son aptitude à livrer un contenu de qualité et à établir un rapport avec son auditoire», écrit-on sur le site.

Joint par téléphone quelques heures seulement après son décès, son frère, l’animateur bien connu Gilles Proulx, a parlé de la rapide dégradation de son état de santé. En avril, il recevait un appel de son grand frère.

«J’en ai toute une à t’apprendre: je ne me rendrai pas à Noël», lui-a-t-il dit.

«Je l’ai reçu pour la dernière fois fin août et ç’a été un effort: il marchait avec une canne. Il était peu bavard à la table, très songeur sur tout ce qui sera coupé de lui, de son environnement», a confié Gilles Proulx.

Jacques Proulx a été hospitalisé durant les trois dernières semaines.

«Avant-hier à peine, je le promenais en chaise roulante dans le corridor, je le faisais rire, on a fait des blagues. Je n’en revenais pas, en 48 heures à peine, de la dégradation rapide, l’affaissement: plus de voix du tout, le masque respiratoire, jusqu’à ce que j’assiste, tout à l’heure, au dernier souffle.»

M. Proulx a rendu l’âme entouré de ses trois filles, de son épouse «qu’il adorait» et de son frère, notamment.

Pour Gilles Proulx, Jacques a été un modèle qui l’a encouragé à faire de la radio lui aussi. Il se souvient aussi que l’homme caressait d’abord le rêve d’être animateur aux États-Unis.

Il s’est retrouvé dans une station anglophone à Québec, «qui avait peu de rayonnement puisque dans un bassin très francophone», et c’est en entendant Jean Duceppe à CKAC qu’il a décidé de revenir à la radio française. Il a alors été embauché à Matane, puis de nouveau à Québec. Montréal lui a fait ensuite signe lorsque Télé-Métropole a ouvert et que des places se sont libérées à la radio, a raconté Gilles Proulx, qui avoue que son frère était différent en privé qu’en ondes.

«C’était un homme peu bavard qui lisait énormément, qui vivait comme un ermite, avec sa femme», a-t-il affirmé, ajoutant qu’il était aussi très «familial».

Gilles Proulx admirait beaucoup la voix radiophonique impeccable de son frère. Selon Paul Houde, c’est ce que beaucoup de gens retiennent de lui.

«Au hockey, il y a eu Henri Richard et Maurice Richard, qui ont tous deux connu une carrière exceptionnelle, les deux sont au Temple de la renommée, mais il n’y a qu’un Maurice Richard. Il n’y a qu’un Jacques Proulx.»

L’artiste-peintre et ancien animateur et chanteur Tex Lecor se souvient de l’admiration qu’il éprouvait pour cet ami qu’il a connu à la radio. Ses capsules «Les insolences d’un téléphone» étaient diffusées à l’émission de M. Proulx.

Il le décrit comme un homme drôle qui avait une «facilité avec la parole», qui «connaissait ses événements et sa politique par coeur».

Son grand ami, son collègue à CKAC durant plus de 20 ans, Louis-Paul Allard, vante aussi les vastes connaissances de celui avec qui il passait aussi les week-ends et les vacances et faisait des voyages.

«Je l’appelais ‘mon encyclopédie’, mais (quand Internet est arrivé), j’avais l’air un peu tata avec le terme ‘encyclopédie’ alors je l’appelais ‘mon Google’, s’est-il souvenu en riant. C’était un homme dévoué, généreux, tellement renseigné sur tous les sujets que c’était tellement agréable de s’asseoir avec lui et de discuter, d’avoir des précisions et des informations justes.»

M. Allard et son épouse sont allés visiter leur ami à l’hôpital vendredi, la veille de son départ. Il a affirmé avoir été surpris de son état «avancé», alors qu’il l’avait reçu chez lui récemment. Sa mort est tout de même venue beaucoup plus rapidement qu’il ne s’y attendait, a-t-il confié par téléphone.

La famille de Jacques Proulx a envoyé aux médias un communiqué dans lequel elle exprime le désir de vivre dans l’intimité son deuil.

«La façon dont on lui rendra hommage sera connue dans les prochains jours», ajoute la famille.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.