Une soirée d’excès et de Miley Cyrus au Centre Bell samedi

Que s’est-il passé au Centre Bell samedi soir? Hmm, non, que ne s’est-il PAS passé au Centre Bell samedi soir? Miley crachant des gros jets d’eau sur ses fans au parterre? Miley s’insérant des billets de banque dans l’entrejambe? Miley se caressant dans un lit en compagnie d’une personne de petite taille? Miley faisant mine de baiser sur un capot de voiture? Miley chevauchant un hot-dog géant et volant? Miley nous parlant de la théorie de la relativité? (Indice: une seule de ces réponses est fausse).

Eh oui, il y a eu de tout: une pluie de brassières lancées par des spectatrices – dont une craquante dame âgée sur laquelle la caméra s’est posée souvent –, un loup gigantesque flottant dans les airs, des langues, des saucisses et un type déguisé en pot de moutarde.

C’est au son des «Miley! Miley!» scandés par la foule, composée majoritairement de jeunes filles, de jeunes femmes et de garçons avec des chandails sur lesquels était imprimé le visage de la pop star montrant son majeur à l’avant et les mots «Marry Me Miley!» à l’arrière, que la chanteuse américaine a fait son entrée. Une entrée un peu retardée, puisque la langue-toboggan sur laquelle elle glisse habituellement sur scène a connu un petit souci technique avant que la vedette de 21 ans ne se lance dessus. «J’ai eu des problèmes à descendre sur ma langue! s’est-elle exclamée en atterrissant enfin sur les lieux. Mais maintenant que nous avons résolu cette bullshit, allons-y!»

La «pop-étoile» a lancé le bal avec SMS (Bangerz), entourée de mascottes d’animaux (comme Ke$ha), descendant à la fin de la chanson dans une trappe (comme aux Jutra). Elle en est ressortie pour le prochain morceau, le bien nommé 4X4, vêtue d’un petit léotard avec des feuilles de pot imprimées dessus, portant une grosse chaîne en or au cou et se vautrant de manière suggestive sur un gros camion doré. Comme un clin d’œil, ou un pied de nez, le signe que l’on retrouve habituellement sur les CD est apparu sur l’écran géant à l’arrière: «Parental Advisory: Explicit Lyrics».

Parlant parents, vous vous demandez peut-être, un peu troublés: «Mais que pensent sa maman et son papa de tout cela»? Eh bien, l’enfant du Achy Breaky Heart a répondu à cette hypothétique question durant le segment acoustique de son spectacle, livré sur une petite scène à l’autre bout du parterre : «Ma mère est dans les coulisses, elle m’aide à me changer!» a-t-elle joyeusement lancé avant de nous faire du Dylan, de revisiter Summertime Sadness de Lana del Rey, de chanter The Scientist, sa «chanson préférée de Coldplay» («mais n’est-ce pas la chanson préférée de tout le monde?» a-t-elle demandé) et de donner un nouveau souffle au Jolene de Dolly Parton, qualifiant la Jolene aguicheuse du titre de – pardon – «slut» et de «stupid bitch». Modernisation instantanée.

Eh oui, comme elle le dit sur son tube Do My Thang, Miley le fait, son truc. Avec plein de couleurs, de bruit, de gestes effrontés, de microcostumes étincelants, de désir de choquer. Accompagnée par un bon groupe live, batteur, bassiste, guitariste, choristes, elle chante pour vrai, et elle le fait bien. Ses admirateurs, elle les traite avec affection de «crazy, psychedelic, hot, slutty fans». Sur des morceaux comme My Darlin’, elle laisse même entrevoir un côté tendre et romantique. Mais l’ex-Hannah Montanah, qui se la joue parfois comme si elle venait de Compton plutôt que de Nashville, ne laisse jamais son passé de fille cute la rattraper trop longtemps. Sitôt que ça arrive, elle sort la langue, lance un juron, se penche vers l’avant (et tout le monde crie de joie).

Samedi soir, Miss Cyrus, comme le spectacle, a alterné entre ces deux mondes : le plus sucré et le plus trash. Cette dualité était visible dans les vidéos qui ont défilé sans arrêt sur l’écran géant à l’arrière de la scène, où on voyait tantôt des bonbons de toutes les couleurs, tantôt des champignons magiques et des graphiques psychédéliques de mauvais trip. On a aussi eu droit à des images où la chanteuse posait avec des saucisses (on vous laisse visualiser), et d’autres où elle se débattait, attachée, dans un clip en noir et blanc, au son du Fitzpleasure des indie rockeurs britanniques d’Alt-J.

Mais il y a aussi eu des moments un brin plus doux, comme pendant Adore You par exemple, où vêtue d’une combinaison noire scintillante et, oui, sobre, elle a invité les spectateurs à «se frencher», rappelant que, pendant son concert, aucun jugement ne serait porté sur personne. «Il n’y a rien que vous puissiez faire qui pourrait arriver à la cheville de ce que je fais, moi, sur scène ce soir!» a-t-elle souligné, se gardant le monopole de la décadence. Puis, tandis que la caméra choisissait des spectateurs dans la salle, et que leurs visages s’affichaient en grand, certains ont commencé à s’embrasser avec fougue, d’autres plus timidement. À ceux-là, la star a intimé: «J’ai dit AVEC LA LANGUE!»

Enfin, juste avant le rappel et les explosions de couleurs bleu-blanc-rouge qui ont eu lieu au son de Party in the USA, Miley, en veste de poils jaune moutarde, a vogué vers la sortie, assise sur un hot dog géant volant pendant que tout le monde lui envoyait la main: «Bye, bye!» Malgré toute l’orgie visuelle qui a précédé ce moment, on n’a pas pu s’empêcher de penser qu’il y avait quand même là quelque chose de complètement surréaliste…