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Projet-M: projet cinq étoiles

Photo: Projet-M

Avec Projet-M, Eric Piccoli présente un film de science-fiction dans la lignée de Moon, où les batailles de vaisseaux spatiaux cèdent la place à l’humain. Dans ce long-métrage, Piccoli, qui a également réalisé une websérie du même nom, nous plonge dans un hypothétique futur où le Québec est un pays indépendant et prospère. Assez prospère en tout cas pour envoyer quatre astronautes passer 1000 jours dans une station spatiale en orbite autour de la Terre. Cette équipe chevronnée est pilotée par le deuxième homme à avoir mis les pieds sur Mars, incarné par Jean-Nicolas Verreault.

Le réalisateur et coscénariste nous a parlé de cette science-fiction québécoise, une rareté dans notre cinéma, qui sera projetée en présence de l’équipe ce soir, au Centre Phi.

Aller dans l’espace, c’est un rêve de p’tit gars?
Oui. Quand même. Ça faisait partie des choses que je voulais faire. Quand j’étais jeune, je suis même allé voir le décollage de la navette avec mon père en Floride.

Le côté technologique dans votre récit ne prend pas trop de place, contrairement à certaines sciences-fictions où il y a beaucoup d’explications complexes qui font qu’on perd un peu le fil. Est-ce que c’était une chose que vous souhaitiez éviter, justement?
Oui. On n’est pas des physiciens, on n’est pas des scientifiques, donc ce qu’on appelle du langage nerdo-scientifique, du tech-talk, ça ne nous intéressait pas du tout. Nous, notre talent, c’est de raconter une histoire pour qu’elle devienne quand même assez accessible et ça, ça passe par des humains et des émotions.

Un de vos personnages est un businessman milliardaire, qui a lui-même été dans l’espace. On devine d’où vient l’inspiration…!
Elle vient d’un peu plein de choses, mais c’est sûr qu’elle vient évidemment de Guy Laliberté. C’est un milliardaire qui s’est payé un trip. Je voulais mettre un visage sur un homme d’affaires extrêmement riche, dont on ne sait pas trop si les intentions sont bonnes ou mauvaises. C’est un truc que je trouve dangereux dans les films d’ailleurs : représenter tous les gens qui sont riches comme étant des méchants. Je préfère laisser le spectateur choisir.

[Pendant que les astronautes sont en orbite], Montréal est secouée par des attentats, qui surviennent le 12 septembre. Un choix qu’on imagine réfléchi.
En fait, dans notre précédent projet [la websérie Temps mort], la fin du monde arrivait le 13 septembre 2013. J’ai donc fait un clin d’œil à cette histoire où, justement, on tombait dans une sorte d’univers post-apocalyptique, et au 11 septembre.

Les décors font penser à Moon [le film de science-fiction de 2009, réalisé par Duncan Jones, fils de Bowie]. Un hommage?
En fait, Moon, c’est une des raisons pour lesquelles on s’est lancés dans ce projet. On s’est dit: si eux autres peuvent le faire, nous aussi on le peut. Parce que c’est un film à petit budget aux États-Unis. On a regardé le making-of pour savoir comment ils s’y étaient pris pour construire leur décor. On a choisi de travailler dans un esprit similaire à celui de ce film: des écrans tactiles, des murs simplifiés. Dans Minority Report, par exemple, tu te demandes comment on peut faire pour voyager avec autant d’écrans dans le visage!

Pour vous, l’espace, qu’est-ce que ça évoque?
J’ai l’impression que c’est comme un miroir. Si je me fie à ce que j’ai lu, la chose qui a marqué les premiers astronautes qui y sont allés, c’est que, lorsqu’ils regardaient la Terre, il n’y avait pas de frontières entre les pays. Sur toutes les cartes du monde qui avaient été faites avant, c’était toujours découpé alors que là, ils voyaient un ensemble.
Je crois que, quand on voit la Terre, on comprend la fragilité du monde. Parce que ça reste une bille qui flotte dans le noir. Il y a deux films qui ont bien transmis ça: 2001: L’Odyssée de l’espace et Gravity. J’ai vraiment l’impression que ça doit ressembler à ça quand on est dans l’espace: un isolement qui est à la fois immensément beau et immensément dangereux.

Quand votre histoire commence, vous nous projetez dans un Québec fort, riche, indépendant…
Oui, mais je ne voulais pas faire un pamphlet politique. Quand on a commencé à écrire le scénario, on s’est demandé comment faire pour avoir quatre astronautes qui parlent français dans l’espace. Je n’avais pas le goût de faire un truc sur l’Agence spatiale canadienne. Il aurait fallu que ce soit bilingue; ça aurait encore complexifié les choses. La solution qu’on a trouvée, c’est: on est dans le futur, faisons en sorte que ça se peut. C’est une proposition, un rêve. Et si ça peut aider des gens à croire à quelque chose, tant mieux.

Projet-M
Au Centre Phi
Ce mercredi soir à 19 h 30

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