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Sang et sexe dans le nouveau roman d'Emma Donoghue

TORONTO – Malgré le succès retentissant et les nombreux prix et nominations obtenus pour «Room», l’histoire d’un jeune garçon gardé captif dans une remise avec sa mère, l’auteure canado-irlandaise Emma Donoghue voulait un changement radical. Mais tout le monde sait bien ce qui se passe lorsque l’on tente de chasser le naturel…

L’enfant est revenu au galop durant la recherche pour son nouveau roman, «Frog Music», inspiré de l’histoire vraie de la danseuse burlesque et prostituée française Blanche Beunon et du meurtre de son amie travestie Jenny Bonnet, à San Francisco vers la fin du XIXe siècle.

L’écrivaine a en effet découvert que, durant l’enquête sur le meurtre, Blanche Beunon a affirmé que son ancien conjoint était parti avec son bébé, et qu’elle ne savait pas où le retrouver.

«Je me suis dit: ‘Attends un peu, où est ce bébé?’, explique Mme Donoghue en entrevue. Et c’est devenu évident que le bébé ne vivait pas avec eux, mais qu’il avait été placé dans une famille. J’étais fascinée par le fait qu’ils ne voulaient clairement pas de ce bébé et que, malgré cela, ils se battaient pour sa garde.»

«J’ai donc décidé que ce livre comporterait un double-mystère, poursuit-elle. Premièrement, qui a tué Jenny et à quoi elle ressemblait. Puis il y a comme une trame narrative secondaire: où est le bébé de Blanche, mais aussi où est sa maternité?»

Le livre s’ouvre donc sur le meurtre de Jenny Bonnet, abattue dans une chambre que Blanche et elle louaient à San Francisco. Des ellipses temporelles nous transportent ensuite dans le passé et le futur, dévoilant les événements qui ont précédé et suivi le meurtre, en août 1876.

L’écrivaine a eu l’idée de ce livre il y a 15 ans, lorsqu’elle a lu un résumé d’une page sur Jenny Bonnet dans un bouquin sur les femmes victoriennes: «Wild Women», par Autumn Stephens.

Ce n’est qu’onze ans plus tard qu’elle a commencé à écrire cette histoire, à partir d’une soixantaine d’articles de journaux tirés de ses recherches sur les personnages. La plupart d’entre eux ont réellement existé. Mme Donoghue donne d’ailleurs les sources de ses informations à la fin du livre, comme elle l’a fait pour son recueil de nouvelles «Égarés» («Astray»), en 2012.

Elle a également découvert de nombreux mythes sur Jenny Bonnet, dont l’histoire n’est «jamais entièrement disparue».

«Je pense qu’elle fascine les gens, pas seulement parce qu’elle a été tuée, mais parce qu’elle a vécu comme si elle savait qu’elle allait l’être, raconte l’auteure. Elle a vécu à fond, de manière ludique et téméraire. Elle cherchait l’attention à tout prix. On pouvait deviner qu’elle avait déjà été une actrice lorsqu’elle était enfant, parce qu’elle vivait comme si la ville était sa scène. J’ai été accrochée dès que j’ai lu quelque chose à son sujet.»

Emma Donoghue affirme qu’elle perçoit déjà un intérêt cinématographique pour «Frog Music». Elle a déjà vendu les droits de son précédent roman «Room». Le film pourrait être tourné plus tard cette année, quelque part en Amérique du Nord.

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