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CBC/Radio-Canada: 600 employés près de la retraite

Photo: Paul Chiasson / La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Alors que CBC/Radio-Canada procède graduellement à l’élimination de l’équivalent de 657 emplois à temps plein, environ 600 des quelque 8000 employés sont admissibles à la retraite en ce moment à l’échelle nationale.

Sur un horizon de deux ans, ils seront 400 de plus, pour un total d’un millier, à remplir les conditions pour quitter le marché du travail, a précisé jeudi en entrevue téléphonique France Belisle, directrice des relations publiques et des communications à la société d’État.

Des employés ont déjà commencé à faire les frais de ces compressions de 130 millions $ mercredi. ICI Radio-Canada Première a en effet annoncé l’annulation des émissions «La tête ailleurs», «Culture physique» et «La bibliothèque de René».

L’un des animateurs dont l’émission a été débranchée, Robert Frosi, déplorait mercredi le fait que les mises à pied de jeunes journalistes et recherchistes fasse partie des «dommages collatéraux» de ce régime minceur draconien.

«Les jeunes étaient censés renouveler cette société d’État», a-t-il laissé tomber en à l’autre bout du fil, peu après l’annonce de la mauvaise nouvelle.

Lors des dernières compressions budgétaires annoncées dans le budget fédéral de 2012, les employés admissibles à la retraite avaient la possibilité de se prévaloir d’un plan de départ volontaire.

Par contre, en faisait ce choix, ils partaient avec leur chaise: leur poste était aboli.

«Parfois, dans certaines organisations, on pouvait dire: « Moi, je suis prêt à partir à la retraite et laisser ma place à un jeune, mon poste devient vacant ». Là, ce n’était pas le cas. Il n’y avait pas de renouvellement», a exposé Mme Belisle.

Mais de toute façon, cette porte de sortie n’existe plus: la société d’État n’a tout simplement pas les moyens financiers de proposer des plans de départ volontaire, comme l’a signalé aux employés le président et chef de la direction de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix, il y a quelques jours.

«La balle est un peu dans le camp des employés qui sont admissibles. Il y en a peut-être qui attendaient de voir s’il allait y avoir un plan. Est-ce que ça les incitera à prendre une décision en sachant qu’il n’y aura pas d’argent? Peut-être», a laissé tomber France Belisle.

Ceux qui veulent rester sont par ailleurs tout à fait en droit de le faire, et CBC/Radio-Canada «le respecte», a-t-elle insisté.

Le Code canadien du travail, auquel sont assujettis les organismes fédéraux comme la société d’État, interdit le congédiement sur la base de l’âge, rappelle Gilles Levasseur, avocat et professeur de gestion de droit à l’Université d’Ottawa.

«Toute personne est sujette à un congédiement, mais s’il y a cause. On ne peut pas utiliser l’explication de la retraite pour congédier quelqu’un. Ce serait illégal», a-t-il expliqué en entrevue téléphonique.

«La Cour suprême a été très claire là-dessus: on ne peut pas discriminer une personne en raison de l’âge sur le milieu du travail, sauf s’il y a des motifs valables, comme si par exemple, l’individu n’est plus apte à remplir ses tâches», a-t-il poursuivi.

Du côté de CBC/Radio-Canada, on ne remet d’ailleurs pas en question l’importance de la diversité des employés en milieu de travail.

«On veut avoir des jeunes, des vieux, des gens issus de familles immigrantes, des néo-Canadiens, on veut représenter ça, parce que nous sommes le diffuseur public. On veut que le personnel reflète l’esprit et le visage canadiens», a souligné Mme Belisle.

La vague de compressions, qui s’étendra sur deux ans, est la deuxième à déferler sur CBC/Radio-Canada en l’espace de deux ans.

Les 657 suppressions d’emplois annoncées la semaine passée s’ajoutent à celles de 650 postes annoncées peu après le budget fédéral de 2012.

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