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Liliane Racette, humoriste «pas pareille»

Photo: Daphné Caron/Urbania

En riant de son handicap dans son numéro «Pareil/pas pareil», Liliane Racette prouve qu’il n’est pas nécessaire de parler vite comme Louis-José Houde pour être drôle.

Qu’est-ce qui vous a incitée à monter sur scène?
Je fais du théâtre amateur depuis 20 ans. J’ai aimé ça, me cacher derrière des personnages, mais je trouvais que j’avais fait le tour, et je voulais parler de moi. Je me suis inscrite à l’École nationale de l’humour. Là, j’ai appris à écrire. Au début, c’était long, j’en avais tellement à dire! Je pense que tout ce qui nous arrive peut être intéressant. Moi, c’est mon accident qui m’inspire.

Qu’est-ce qui vous est arrivé?
À quatre ans, j’ai eu un accident d’auto qui a été tellement fort que mes souliers ont revolé! Depuis, j’ai une paralysie cérébrale. J’ai une élocution lente et des problèmes de dextérité et d’équilibre. C’est pour ça que, sur scène, je ne tiens pas mon micro: je suis trop nerveuse, je pourrais l’échapper! Par contre, j’ai développé une autre compétence: vu que je ne parle pas vite, j’ai appris à parler fort, donc les gens me comprennent!

Pourquoi avez-vous décidé de rire de votre handicap?
Faire des jokes sur moi, c’est une façon de me sentir comme les autres. J’ai envie de brasser les gens au sujet des différences. Souvent, on va vouloir épargner les handicapés, leur dire «reste assis, j’m’en occupe», en se disant qu’ils ne sont pas capables, mais moi, je suis capable. C’est comme quand on parle d’une grosse en disant «mais elle a un beau visage». Raconter une histoire, ça peut être triste, touchant; moi, j’ai décidé d’être drôle.

Que pensez-vous de Jean-Marc Parent, qui est connu pour son numéro de handicapé?
Moi, j’ai trouvé qu’il a eu du guts, parce que ce n’était pas accepté à l’époque: les handicapés, on les laissait dans les garde-robes. Si on peut en rire, ça veut dire que c’est accepté. C’est une idole, j’aimerais ça le rencontrer.

Trouvez-vous ça difficile de présenter votre numéro dans les bars?
Un peu, parce que c’est tard. Moi, d’habitude, je suis couchée à 10 h! Et c’est intimidant. Quand ma prof m’a donné une liste de contacts pour aller roder mes numéros dans les bars, je me disais que je ne ferais jamais ça. Mais il y a une part de moi qui est extravertie, alors je me suis lancée en me disant: «au pire, ils me lanceront des tomates!» En même temps, c’est l’fun d’être entourée de p’tits jeunes qui m’appellent madame, ça garde jeune. Ma fille de 22 ans est venue me voir avec ses amies. Elle était fière et elle m’encourage.

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