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Casse-tête chinois: «La nostalgie, c’est penser que ça s’arrête»

Photo: collaboration spéciale
Mehdi Omaïs - Métro France

Après L’auberge espagnole et Les poupées russes, Romain Duris reprend le rôle de Xavier dans Casse-tête chinois, de Cédric Klapisch. Un rôle qui lui colle à la peau et qu’il aimerait, pourquoi pas, reprendre dans 10 ans.

Xavier vous a-t-il manqué autant qu’il a manqué au public?
Comme le public, je suis attaché à ce personnage. J’ai eu beaucoup de mal à le composer pour L’Auberge espagnole. J’ai vraiment dû l’adopter, le comprendre, l’aimer. Je le trouvais immature, insouciant, très naïf, toujours dans le doute. Je me disais: «Mais comment va-t-on arriver à faire de ce personnage un héros qu’on aura envie de suivre? Comment le rendre vrai?» À l’époque, ça avait nécessité un véritable travail de composition, alors que je n’avais pas vraiment de méthode.

On a l’impression qu’il n’a pas beaucoup changé…
Je trouve personnellement qu’il est beaucoup moins hésitant qu’avant, qu’il prend des directions, qu’il assume davantage ses choix. Je me suis éclaté à faire le Xavier maladroit, et là, je ne voulais pas m’ennuyer. Il fallait trouver une façon jouissive de l’interpréter en oubliant le ressort de l’immaturité. On devient un peu moins drôle en prenant de l’âge, que ce soit dans les propos ou la façon d’être.

New York, la ville de tous les possibles, est un bel écrin pour Xavier, non?
C’est une ville tellement magique et jouissive qu’on oublie souvent toutes les petites contrariétés, comme le logement, la douane… Xavier ne s’inscrit pas dans cette dynamique. Il n’a pas le temps de rêver. Il lui faut trouver un logement, un travail, des papiers… Les problèmes s’accumulent. J’adore cette façon d’arriver à New York. Il est rattrapé par l’activité de cette ville qui donne le vertige. Les quartiers choisis par Cédric sont judicieux et authentiques, notamment Chinatown. On est encore dans un truc réel et sincère. Le film marche beaucoup sur l’effet de nostalgie.

Êtes-vous justement un nostalgique?
La nostalgie, c’est penser que ça s’arrête. Personnellement, ce que les gens que j’aime m’apportent, cela vit en permanence en moi. À la rigueur, la mort des êtres chers me rend peut-être nostalgique. Le départ de Patrice Chéreau m’a affecté très violemment, par exemple. Je suis nostalgique, oui, car je ne le verrai plus. Mais mon optimisme me dicte de me servir de tout ce qu’il m’a appris pour être à la hauteur et en faire de la richesse.

Enviez-vous quelque chose à Xavier?
(Rires) C’est intéressant comme question. (Réflexion) J’aime son ouverture d’esprit, sa tolérance, sa profonde générosité, son envie de trouver des solutions aux problèmes des autres. Il fait en sorte que tout aille bien autour de lui, quitte à s’oublier. Il est au service de ses enfants, de ses proches. C’est une qualité que je trouve belle.

Comment le voyez-vous dans 10 ans? Seriez-vous prêt à rempiler?
Je pense que, dans 10 ans, il vivra des choses qui vont m’intéresser. Je repartirais à l’aise pour un prochain film. Cédric pense que c’est la fin avec Casse-tête chinois, mais je n’arrive pas à me faire à cette idée. À 50 ans, il aura plein de choses à raconter.

https://www.youtube.com/watch?v=gUtDxiRQD1A
Casse-tête chinois
En salle vendredi

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