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Marie-Mai vous M!

Photo: Denis Beaumont/Métro

Avec M, Marie-Mai propose un cinquième album poussé par un vent de liberté.

Dans vos remerciements (et sur la pochette du disque), vous écrivez: «Pour moi, la musique, ce n’est pas une tendance ou un courant, c’est des émotions.»Quelles sont les émotions qui vous ont guidées pour M?
De la joie de vivre, de l’intensité et un grand sentiment de liberté. Je me sens bien, je me sens heureuse, je me sens à ma place et je pense que ça s’entend sur cet album-là. Ce qui nous a guidés [mon mari et collaborateur] Fred [St-Gelais] et moi, c’est qu’on a écrit des chansons par pur bonheur, par plaisir, sans pression.

Sur les premières pièces de l’album, vous chantez au «je», au «nous», au «tu». Puis, quand on arrive à Rien à perdre, soudain, vous passez au «elle». Un «elle» qui frappe. Elle, c’est la vie? C’est la mort? C’est ça?
C’est ça! En fait, j’écris souvent au «je» et au «nous». J’inclus souvent [les autres] dans mes chansons, parce que je parle à mes fans. Je parle à mon public. Je parle aux hommes, je parle aux femmes, je parle aux jeunes et aux moins jeunes. Pour moi, c’est important de me sentir interpellée par les chansons que j’écris, mais c’est aussi important que les gens se sentent interpellés [par elles]. Rien à perdre, on l’a composée à Vegas. On faisait un road trip avec des amis, on vivait un moment super intense et je me disais: la vie, c’est précieux, et on peut perdre ce qu’on a comme ça. En une seconde. C’est important de vivre à fond la caisse.

Sur cette pièce, on entend des chœurs qui aèrent la chanson, qui l’amènent ailleurs. Vous parliez de vos fans tout à l’heure; est-ce que ces chœurs, c’est un peu le son de ces fans qui vous suivent, qui vous portent?
Exactement. Quand on fait ce genre de voix, on s’imagine live, on s’imagine sur scène. Et mes fans, c’est le genre de truc qui les accroche et qu’ils vont chanter en show. Je pense que c’est ce qui me manque le plus quand je suis en tournée, ces voix-là qui me rentrent dedans comme une vague d’amour.

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Les amours sont sombres, souvent toxiques sur ce disque, comme sur la pièce Indivisible. Dans certaines chansons, vous jouez aussi un personnage, comme sur Tourner, où vous vous glissez dans la peau d’une fille un peu dark, avec un rire démoniaque. Sentez-vous que vous avez amené votre interprétation ailleurs sur cet album?
Complètement! Vraiment, c’est l’album où j’ai le plus poussé mon interprétation. Beaucoup plus que sur les précédents. [Mon quatrième opus], Miroir, était plus introspectif, plus personnel. Pour moi, Miroir et M sont aux antipodes. Sur M, j’ai voulu retourner le miroir sur les autres. Je me suis inspirée oui, de ce que j’ai vécu dans le passé, mais surtout de ce que les gens autour de moi ont vécu. J’ai même monté des histoires de toutes pièces. Je me faisais des petits films dans ma tête, avec des relations [faites de] torture, de déchirements et de désir. Il y a un côté plus assumé, plus femme sur cet album, donc c’était important pour moi de me laisser aller.

Est-ce plus difficile de parler de soi ou de parler des autres?
Oh, c’est différent. Peut-être de parler de soi… des fois. Parce qu’on veut trouver les bons mots, les bonnes émotions et parce qu’on sent qu’on partage une tranche de vie. Ce n’est pas toujours facile de s’ouvrir et ça m’a pris du temps avant d’être capable de le faire sur album. En même temps, c’est un défi de composer une chanson qui n’est pas personnelle, parce que c’est important que les gens comprennent l’histoire et il faut aussi trouver les bons mots, les bonnes émotions. C’est un travail qui est différent, mais je pense que c’est ce qui fait que ça reste stimulant, pour moi, d’écrire des chansons.

Sur Aimer comme toi, une ballade avec un message de tolérance que vous avez toujours véhiculé, vous parlez d’un homme victime d’homophobie et vous chantez: «Le monde est fou / lui il danse / il attend que les temps changent.» Est-ce que c’est un des seuls regrets que vous avez depuis le début de votre carrière, le fait que les temps n’ont pas changé tant que ça?
Oui… j’ai composé cette chanson pendant qu’on était en Californie avec un couple d’amis gais. L’un d’entre eux me disait: «Quand on est dans des endroits publics, on ne montre pas nécessairement qu’on est ensemble, parce qu’on sent les regards. Même si ce n’est pas des regards méchants, les gens sont curieux, les gens ne comprennent pas toujours.» Je n’arrive pas à croire qu’on est en 2014 et qu’on est encore obligés de cacher qui on aime! C’est ridicule pour moi! Je sais que j’ai des fans, des gars et des filles plus jeunes, qui passent par ce questionnement, qui sont homosexuels et qui le découvrent avec les années. C’est important pour moi de leur dire qu’ils ont le droit d’aimer qui ils veulent, quand ils veulent, comme ils veulent.

L’album se termine avec la chanson On change. Est-ce que M vous a changée?
Hmm… je pense que cet album est arrivé à une bonne période de ma vie. Je ne pense pas qu’il aurait pu voir le jour il y a quelques années. Il est arrivé au bon moment. Donc, est-ce qu’il m’a changée? On va voir! (Rires) À suivre…!

M
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Voyez les trois nouveaux clips de Marie-Mai en playlist!
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=FOTjbCssVRY?list=UUH3N7QKRwLCd96S9udHkLxg]

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